Au revoir Taipei
Au revoir Taipei est un premier film « mucho sympatico » qui a été récompensé par le prix du jury, ex-aequo avec Paju, au dernier Festival du film asiatique de Deauville. Ce film a bénéficié de la bénévolence d’un ange gardien prestigieux en la personne de Wim Wenders, crédité au générique en tant que producteur exécutif. Au revoir Taipei est une réussite à saluer dans un genre, celui de la comédie romantique, pimentée ici d’une histoire policière, usée jusqu’à la corde par la production hollywoodienne.
La petite amie de Kai est partie à Paris, et il passe désormais une partie de son temps libre à améliorer sa connaissance de la langue de Molière, dans une des librairies de Taipei ouverte 24 heures sur 24. Sa présence à répétition attire l’attention d’une jeune et charmante libraire, Susie. Classiquement, elle s’intéresse à lui, mais Kai ne remarque rien tant il espère toujours pouvoir se réconcilier avec sa copine. Le vieux chef des gangsters du quartier lui propose l’argent nécessaire pour un voyage à Paris en échange d’une course spéciale. Mais son neveu Ko est trop impatient de succéder au parrain du quartier et décide de récupérer le paquet. Sa décision entraîne une cascade d’évènements qui vont influer sur le destin des personnages d’Au revoir Taipei.
La vision de Taipei proposée par le réalisateur Arvin Chen est particulièrement réussie. Filmé la nuit, lui, son directeur de la photographie et son chef décorateur ont apporté une touche glamour à la capitale de Taïwan. Le réalisateur souhaitait faire de Taipei une ville romantique. Je n’irai peut-être pas jusque-là, mais son film permet d’envisager cette ville d’un autre œil.
Le film comporte une dimension ludique revendiquée. Il y a bien sûr ces numéros dansés impromptus, comme cette leçon de danse dans un parc qui permet à Kai et à Susie de se cacher de la police. Mais le metteur en scène conserve d’autres surprises dans sa manche. La brochette de personnages est l’un des autres atouts du film. A l’image de ces apprentis gangsters pas très futés, par ailleurs agents immobiliers, qui braquent des supérettes pour s’emparer de tickets de loterie, affublés de costumes oranges aisément reconnaissables.
Arvin Chen parvient à bien fusionner les différents aspects de son film, qu’ils soient romantiques, comiques ou policiers. Il n’y en a aucun qui est un handicap pour les autres. Bien trop souvent, des films sont gâchés par des histoires romantiques mal intégrées qui alourdissent l’ensemble.
Malheureusement Au revoir Taipei est desservi par une certaine mollesse dans la mise en scène. Il aurait mérité plus de « peps ». Au lieu d’adopter le rythme du jazz manouche qui sert de bande sonore au film, le réalisateur aurait dû adopter un tempo plus swing. Les rebondissements dans la deuxième partie auraient mérité que le rythme du film décolle.
Au revoir Taipei a été présenté en compétition au cours de la 12ème édition du Festival du film asiatique de Deauville, où il areçu, ex-aequo avec Pau, le Prix du jury.




