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Japon

Backdancers !

aka バックダンサーズ! | Japon | 2006 | Un film de Kozo Nagayama | Avec Hiroko Shimabukuro (Hiro), Aya Hirayama, Sonim Son, Saeko Dokyu, Yu Hasebe, Kei Tanaka, Takanori Jinnai

Feeling gooooooood...

Yoshika ne demande qu’une seule chose dans la vie : pouvoir danser. C’est pourquoi elle brave les interdits en se rendant régulièrement en boîte de nuit avec Miu, bien qu’elles soient toutes les deux mineures. Un soir, lors d’une descente de police, les deux jeunes femmes sont embarquées ; un méfait d’apparence anodin, qui débouche tout de même sur leur exclusion scolaire. Sans endroit où danser, les deux amies font la connaissance de Juri, qui les amène sur un parking délaissé où des dizaines de jeunes s’abandonnent aux platines de Kei, qui mixe dance et rock seventies. Ensemble, elles adoptent ce morceau de bitume, « avec la lune pour spotlight », jusqu’au jour où Juri se fait « scouter  » par Booty Records. Yoshiko et Miu ne tardent pas à rejoindre deux autres danseuses, Tomoe et Aiko, pour devenir ses « backdancers ». Les années passent, le premier album de Juri with Backdancers est un carton, et la tête d’affiche s’enfonce dans la star attitude ; plongée dans son quatrième mariage de l’année, elle abandonne sa carrière musicale. Manager d’un groupe de rock délavé du nom de Steel Crazy, égaré dans l’écurie Booty, le jeune Chano se voit confier une seconde mission : s’occuper de la promotion des Backdancers, en espérant que cela convainque Juri de revenir enregistrer un deuxième album...

Nom connu et reconnu du j-dorama grâce à son travail sur Tokyo Love Story, Long Vacation et autres Platonic Sex, Kozo Nagayama se lance en 2006 à l’assaut du grand écran avec Backdancers !. Au programme de ce film de danse qui caricature allègrement l’industrie musicale nippone, une certaine mièvrerie portée par Hiro (ex-Speed) et la charmante Aya Hirayama, mais aussi une idée, simple et généreuse, qui parvient à sortir le projet d’un carcan potentiellement réducteur : et si les danseurs, extension indispensable des stars de la J-Pop sur scène, étaient reconnus comme des artistes à part entière ?

« I just wanna be legit. »

Sur cette base simple, Nagayama profite autant qu’il pâtît de son expérience télévisuelle pour construire son édifice de success story. Profite parce qu’il sait s’intéresser à ses personnages ; pâtit parce que deux heures ne suffisent pas à aller au-delà d’un attachement tout de même superficiel. Mais ne boudons pas notre plaisir, car le parcours de nos héroïnes est construit avec une certaine intelligence, humaine et musicale, comme en témoigne le croisement, pourtant improbable, de Steel Crazy et des Backdancers. Au-delà de la trame annexe suscitée par cette rencontre contre-nature, autour du lien qui unit, ou pas, Yoshika et George - chanteur/guitariste qui dissimule son identité de star éphémère des années 70 (incarné par le toujours redoutable Takanori Jinnai), - Nagayama exploite la confrontation pour livrer un véritable moment de spontanéité musicale. Le plaisir qui se dégage de la performance partagée, des vieux rockeurs et des jeunes clubbeuses, achève de plier le spectateur au charme naïf de l’ensemble.

Il ne fait aucun doute que la réussite, certes mineure, de Backdancers ! doit beaucoup à ses protagonistes féminines. L’amateur de J-Pop se ravit de retrouver Hiro, qui pousse même quelques instants la chansonnette, exécutant à merveille les chorégraphies, simples et efficaces, orchestrées par l’homme derrière les mouvements de... Da Pump. Face à elle, Aya Hirayama (Fighter in the Wind) continue de fasciner avec son regard gigantesque, et enlève presque la première place. Mais au final, c’est peut-être bien un homme qui l’emporte : Kei Tanaka est juste et touchant dans son incarnation de Chano, même si les raisons de son implication dans son métier d’ami professionnel (« Quand j’étais petit, j’avais un lapin... ») laissent un peu rêveur.

Alors voilà : Backdancers ! est un film très agréable, devant lequel il fait bon sourire si vous n’êtes pas hermétique aux sonorités populaires japonaises. D’accord, cela vient de quelqu’un qui est capable d’apprécier Jessica Alba dans Honey ; mais l’opera prima de Nagayama délaisse le terrain de la réinsertion sociale pour celle, à la fois moins et plus engagée, de la reconnaissance artistique. En cours de route, il égratigne, à foison et avec humour, l’image d’un label qu’on imagine miroir d’Avex Group (qui d’autre ?), machine à fabriquer et détruire des idoles éphémères, dans le mépris des enthousiasmes qui les accompagnent et contribuent à leur succès au quotidien.

Backdancers ! est disponible en DVD au Japon, sans sous-titres, ainsi qu’en DVD et VCD HK, tous deux sous-titrés anglais.

- Article paru le jeudi 9 octobre 2008

signé Akatomy

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