Bakuretsu Toshi (Version Spéciale)
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Deux étranges motards débarquent dans une mégalopole industrielle. A peine arrivés, ils rejoignent un groupe de rock qui a élu domicile dans une gigantesque usine désaffectée...
Merci ! Merci aux organisateurs de L’Etrange Festival, merci à Gilles Boulenger et Frédéric Temps, les deux programmateurs du mythique Festival parisien, merci à la Tôei d’empêcher la diffusion de la version « longue » de Burst City, merci à Hiroyuki Onogawa pour sa musique, et surtout merci à Sôgo Ishii d’être un réalisateur génial, barré et intensément éclectique...
Petit rappel des méfaits ; 1982, Sôgo Ishii, à peine vingt-cinq ans, se voit confier par la Tôei la réalisation du long-métrage Bakuretsu Toshi aka Burst City, film d’anticipation qui mêle univers cyberpunk, musique punk-rock, motards et esprit de rébellion... Incapable de terminer son film dans le temps impartis par le studio, Ishii voit son film sortir dans une version inachevée, tronquée, montée par les bons soins de la Tôei. A l’arrivée, un film de près de deux heures -116 minutes- qui ne satisfait ni le studio qui ose à peine le sortir, ni son auteur... Vingt-deux ans plus tard, Ishii recréé son œuvre sans l’accord de la Tôei, une sorte d’improvisation permanente tant au niveau des images que du son, selon ses états d’âme... Remontée, remaniée, déstructurée, réinventée, restructurée, la version 2004 du film maudit d’Ishii, renaît sous une forme qui n’est jamais la même. Au Japon, Burst City est présenté dans des salles de concert, projeté simultanément par deux projecteurs 35mm, tandis que Mach 1.67, le groupe d’Ishii, improvise dessus de ses accords tonitruants. Les heureux chanceux présents lors de la douzième édition de L’Etrange Festival ont eu l’honneur d’assister à une version de Burst City spécialement créée pour l’occasion, projetée en video, avec Sôgo Ishii himself et Hiroyuki Onogawa aux commandes de la bande son...
...je pourrais dire tout et n’importe quoi sur cette demi-heure exceptionnelle... mais l’expérience est telle qu’elle doit se vivre, se ressentir tant les sons (re)créés et (dé)structurés ce soir là par les deux hommes prenaient aux tripes, faisant tressaillir nos organes, traumatisant notre organisme, bouleversant notre cerveaux, nos oreilles et notre perception d’images à la fois subliminales et répétitives, puissantes et lancinantes, horribles et sublimes... Ne pas réfléchir surtout, mais se laisser entraîner, se laisser hypnotiser, berner, bercer, malmener, guider par deux artistes au sommet de leur art... ressenti cinématographique et musical, intellectuel ou/et physique, on peut tout dire, tout faire croire, et se monter la tête en cherchant ce que l’on veut y voir... improvisation pure créée sur le moment, cette version spéciale Etrange Festival 2004 de Burst City, véritable bombe à retardement, pourrait éventuellement se rapprocher de ce que qu’aurait pour effet sur un nourrisson de regarder un clip des Morning Musume avec pour bande son du Hijokaidan à fond...
Bien plus que tout ce que l’on pourra dire et écrire, ce Burst City "là" est un o.v.n.i. visuel et sonore ayant atteint une sorte de paroxysme sans retour possible, en forme de fist à la face de la société...unique et magnifique !
Le Jeudi 9 Septembre 2004 à 22h15, à l’Auditorium du Forum des Images, Paris...

