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Japon

Bakusô ! Moon Angel Kita e

aka Bakusou ! Moon Angel Kita e - Moon Angel | Japon | 1996 | Un film de Kazuhiko Yamaguchi | Avec Shizuka Kudô, Eiko Nagashima, Kaori Shimamura, Kôjirô Shimizu, Rie Okada, Kyôtarô Shimizu, Yôsuke Saitô, Yasufumi Hayashi, Hiroshi Ôkouchi, Masahiro Satô

Pouêt pouêt camion !

Runa, une jolie "camionneuse", se dirige gaiement comme tous les ans vers Hokkaidô à bord de son poids lourd customisé, pour donner un coup de main à son amie Kiyoko, qui élève seule son jeune fils Osamu. Depuis le divorce de ses parents, le garçonnet s’enferme dans un mutisme qui effraie les deux jeunes femmes, qui tentent tout pour le faire sortir de son état, inquiétant pour un enfant de cet âge... Au hasard des longues routes du Nord, Runa tombe sur son éternelle rivale Natsuko ; les deux femmes décident alors de s’affronter dans un combat de camions, dont la plus rapide et la plus habile gagnera le respect éternel dans le monde musclé des camionneurs... mais à peine leur joute de chrome et de caoutchouc brûlant débutée, nos deux jeunes femmes sont arrêtées par un barrage de police filtrant uniquement les poids lourds. Là, Hyoudou, un étrange officier, décide de confisquer le contenu du camion de Runa... au même moment, Kisaragi, un beau routier rencontré à Tôkyô, sort nos deux pauvres camionneuses du pétrin. Mais à peine se croient-elles sorties d’affaire, que l’étrangement zélé Hyoudou confisque l’engin de Runa, prétextant que ce camion modifié est hors-norme, donc hors la loi... Remontée, la jeune femme se rend au commissariat afin de récupérer son véhicule au design si particulier, seulement... l’officier Hyoudou semble ne pas être connu des services de police !...

...il y a eu les 70’s et leurs mecs en camion (cf. article Otoko Ippiki Momojirô)... puis silence radio, ou plutôt, silence CB. Ah ah ! Mais c’était sans compter Kazuhiko Yamaguchi, homme providentiel qui en 1996 décide de remettre les trucks customisés au goût du jour. Exit les mecs, faites entrer les filles !...

Vous aimez le n’importe quoi assumé à 200% ? Bakusô ! Moon Angel Kita e devrait donc vous plaire ! Il faut dire que Yamaguchi a réussi à faire très fort sur ce coup là ; confier le rôle d’une "camionneuse" à la fine, jolie et on ne peut plus féminine Shizuka Kudô (cf. article Mirai no Omoide - Last Christmas), il fallait le faire... et surtout y penser ! Oui, drôle d’idée... Vous l’aurez certainement compris de vous-même, cette chronique d’un film encore une fois totalement inconnu en nos contrées est dû à ce côté midinette très Sancho, impossible à refréner dès lors qu’il se retrouve face à telle ou telle actrice, en l’occurrence ici Shizuka Kudô, plus chanteuse que comédienne... Bon, récapitulons ; Kudô dans un film de filles en camions, ça sent le bonheur à plein nez, mais ce n’est pas crédible une seule seconde. Effectivement, quelque chose se tramait insidieusement derrière mon dos...

...ça commence très fort ! Poids lourds faisant des embardées à plus de 130km/heure, Shizuka Kudô permanentée qui charge un camion en talons hauts, Kaori Shimamura en pseudo rasta à la mini jupe au raz des fesses, qui fait des doigts à tout va, de vilains gros mots dans les bouches de jeunes femmes ravissantes... on atteint des sommets ! Puis, notre belle héroïne arrive à Hokkaidô... et là, notre film se transforme en une sorte de comédie sentimentale à l’eau de rose, tout en s’orientant vers le film d’exploit’ rempli de flingues, de mafieux tarés, de russes contrebandiers d’armes, bref, et pour sombrer dans l’image facile, Bakusô ! Moon Angel Kita e fait penser à l’improbable rencontre de Barbara Cartland et l’univers des Zero Woman. En tendant l’oreille, le spectateur averti -et certainement coi devant un tel spectacle- peut constater que la musique ressemble à... des chansons de Shizuka Kudô ! A la radio, dans un restau, dehors, ce ne sont que tubes de la chanteuse nippone qui nous assènent les oreilles (personnellement j’adôôôôôôre, donc mes oreilles à moi sont heureuses !)... puis brusquement, la musique monte d’un ton, et la mise en scène de Kazuhiko Yamaguchi se transforme en un véritable clip de karaoke ; Shizuka Kudô ouvre un parapluie, lève les yeux au ciel, s’allume un clope, passe devant des oiseaux, un couché de soleil, fait un sourire à la vision d’un enfant qui joue avec sa mère, penche la tête avec un regard teinté de mélancolie, marche seule au ralenti au milieu des lumières de la ville, des stock shots du Paris/Dakar plein la tête... on nage en plein bonheur cinématographique !... et soudain, au bout d’une heure dix-neuf de film, Shizuka/Runa retrousse ses manches ! Le quota de sur-jeu du méchant peut enfin exploser à sa démesure, car la jeune femme est énervée ; mitraillage à bout portant, coups de pieds apocalyptiques, regard de braise, lèvres pulpeuses, Runa est une femme, une vraie, une dure, une tatouée, l’héroïne parfaite comme on n’en avait pas vue depuis des lustres !

Alors soit, Bakusô ! Moon Angel Kita e ressemble plus à une espèce d’énorme video clip promotionnel à la gloire de la belle Shizuka Kudô, où pathos rime avec ralenti ; soit, le scénario tient sur un confetti ; soit, la mise en scène est d’un conformisme à frémir... Les défauts sont nombreux, mais paradoxalement le film de Yamaguchi possède cet inexplicable -et bien réel !- charme inhérent au V-cinema nippon... Bakusô ! Moon Angel Kita e est tout simplement excellent, naze, et génialement jouissif ! Encooooore !!!

Existe en VHS (NTSC) chez Pony Canyon au Japon.

Il existe également un VCD hongkongais, possédant des sous-titres anglais et chinois (pas vu).

- Article paru le jeudi 9 décembre 2004

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