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Hors-Asie

Banlieue 13

France | 2004 | Un film de Pierre Morel | Avec Cyril Raffaelli, David Belle, Tony D’Amario, Bibi Naceri, Dany Verissimo, François Chattot

Période subtile en cours... avant d’assister au dernier viol sensoriel organisé par Michael Bay, le formellement brutal et néanmoins excellent The Island, pourquoi ne pas se plonger avec un peu de retard dans la première expérience française du film « à la thaï », à savoir de l’actionner-nanar avec que des vraies cascades dedans ? Luc Besson, en grand admirateur du pourtant médiocre Ong-Bak, qui ne vaut que pour ses scènes de combat hallucinantes mais constitue autrement un grand retour au film d’action façon Golan-Globus, a pour une fois tenté de prendre le train marche avec sa production de Banlieue 13, film basique s’il en est, et pourtant loin d’être le navet que j’imaginais...

Certes, ce n’est pas son histoire futuriste de banlieue-ghetto, isolée derrière un mur de bêton et livrée à elle-même, qui fait de Banlieue 13 un film original, presque unique dans le paysage audiovisuel français, pas plus que l’idée d’envoyer un flic désamorcer une bombe pas forcément dérobée au sein de ce milieu hostile. Plutôt que de chercher des liens de parentée avec une certaine filmographie de John Carpenter, je préfère tenter de rendre justice à ce film, injustement décrié par les amoureux du cinéma « qui cogne » venu d’Asie. Car s’il est juste de ne pas être chauvin, il faut tout de même parfois de rendre à César - et même à Luc Besson - ce qui lui appartient.

Il convient en effet de mesurer l’évolution occidentale de ce que l’on appelle le film de « genre », surtout en matière d’action et plus précisément de baston. Depuis la vague du buddy movie et la disparition des idoles d’un certain Cine-News (Stallone, Schwarzie, Lundgren et j’en passe), le film d’action « bis » ricain est pour ainsi dire au point mort. Pas qu’il soit dénué d’œuvres intéressantes, mais simplement enclin à recracher ses influences asiatiques sans les comprendre, sans tenter de les adapter à la (contre-)culture de ses contemporains. Il en va de même pour les productions Besson qui, si elles ne sont pas toutes sans intérêt, se limitent pour la plupart à être de pales copies d’œuvres qui plus est courantes de l’autre côté de la Terre. Pourtant parfois, Besson tente de s’ « intégrer » ; ainsi la trilogie Taxi et Yamakasi qui, qu’on les apprécie ou non (je ne suis vraiment pas fan pour ma part), ont au moins le mérite de contenter le public auquel ils s’adressent, tout en s’intéressant à certains aspects de la culture actuelle (le tuning et... Marseille pour le premier, l’art du déplacement pour le second), le tout revisité au jour de ce certains canons asiatiques (l’intégration - pas très réussie - de gunfights et autres combats martiaux). Dommage qu’ils soient cependant l’œuvre de feignants, incapables de livrer ce petit plus qui transforme un navet en série B ne serait-ce qu’agréable. Ce qu’est, très clairement, Banlieue 13.

Sans se dispenser d’une certaine démagogie quelque peu erreintante, le film de Pierre Morel est à mes yeux l’un des premiers - si ce n’est le seul - film français d’action à avoir assimilé les tendances actuelles. Je ne dénigre pas par exemple l’excellent Nid de guêpes, mais celui-ci avait pour références des films de plus de quinze ans, alors que Banlieue 13 bien que basé sur New York 1997, s’inspire très clairement d’une vague en cours. Avec ses cascades réalisées sans trucages et ses acteurs qui sont avant tout des athlètes, le film remplit haut la main son pari de spectacle « reality ». David Belle et Cyril Raffaeli, tous deux assez charismatiques, sont de véritables découvertes, et devraient redonner espoir à tous les aspirants réalisateurs-cogneurs français. Le film intègre par ailleurs très correctement une contrainte sociale - la banlieue -, ses dérives esthétiques - l’aspect vestimentaire, les bolides kittés à mort -, pour parler à son public, devenir reconnaissable et familier, sans pour autant prendre le néophyte de haut. Un effort louable, qui était au cœur de tous les films de « génération » (Pump Up the Volume et autres Gleaming the Cube), dont la démarche, commercialement évidente, semble aujourd’hui oubliée.

Alors bien entendu, l’ensemble n’est pas très original, la fin est pour le moins rapide (mais on sait à quoi conduit le nihilisme dans un blockbuster, n’est-ce pas Mr Carpenter) et certains acteurs sont carrément lamentables, mais le duo principal est excellent, et le film globalement bien réalisé et maitrisé, notamment dans sa définition économique d’un contexte, culturel et d’action. Banlieue 13 est peut-être simpliste mais il n’est ni prétentieux ni vulgaire : il remplit un cahier des charges précis, à même de combler une niche inexplicablement absente du PAF. Alors avant d’encenser des œuvres comme Ong-Bak qui nous viennent d’ailleurs, peut-être devrions-nous prêter un peu plus attention à ce qui se fait chez nous. Car comme le monument bourrin thaï, Banlieue 13 plus qu’un lieu de concrétisation, est un très agréable terrain de possibilités, qui ne demandent qu’à être répétées, explorées, améliorées. Ce n’est déjà pas si mal.

- Article paru le lundi 22 août 2005

signé Akatomy

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