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Hors-Asie | Etrange Festival 2003

Barbarella

aka Barbarella : Queen of the Galaxy | France / Italie | 1968 | Un film de Roger Vadim | Avec Jane Fonda, John Phillip Law, Anita Pallenberg, Milo O’Shea, Marcel Marceau, Claude Dauphin, Véronique Vendell, Giancarlo Cobelli, Serge Marquand

Contrairement à vous, ma première rencontre avec Barbarella n’est pas cinématographique mais musicale : c’est en effet à travers My Name Is Barbarella, morceau mythique de Sven Väth & Ralf Hildenbeutel, toute première sortie du label allemand Harthouse qui s’échange aujourd’hui à prix d’or, que j’ai fait connaissance avec Barbarella et son incarnation sur grand écran, j’ai nommé Jane Fonda. Il m’aura ensuite fallu attendre plusieurs années avant de pouvoir découvrir le film de Roger Vadim, au détour d’une projection de l’Étrange Festival, mais je peux vous assurer que ma patience se justifie amplement tant Barbarella regorge de pièces cultes. Et si l’on devait rapprocher Barbarella d’une autre œuvre, je pencherais sans hésiter pour Muthu par similitude du too much.

Tout commence par une scène de strip-tease où Barbarella, véritable chagasse de l’espace, retire lentement sa combinaison en apesanteur (j’ai d’ailleurs mis deux bonnes minutes avant de comprendre comment ils avaient réussi ce tour de force technique...) au beau milieu de son spationef dont l’intérieur, entièrement revêtu de fourrure, n’est pas sans rappeler le chat-bus de Tonari No Totoro. Elle est donc totalement nue lorsqu’elle s’entretient en visioconférence avec le Président de la République Terrienne - n’oublions pas que Barbarella est l’une des meilleures astropilotes de la galaxie... - et que celui-ci lui ordonne de retrouver le terrible Duran Duran. Ce dernier s’est en effet échappé de la Terre en possession du tout aussi terrible Polyrayon IV, or toutes les armes ayant été éradiquées, son utilisation pourrait mettre un terme à l’amour universel qui régit la galaxie. Vous l’avez compris, Barbarella n’est autre qu’un transfuge futuriste et féminin de James Bond : elle doit sauver l’univers tout en ne perdant pas une seule occasion de se déshabiller.

En écho à mon article mémorable sur Muthu rédigé l’année passée et parce qu’il y a tellement à dire sur Barbarella, je vous propose une sélection non exhaustive des éléments qui composent au final le culte de ce film :

La vision du torse poilu d’Ugo Tognazzi sous sa combinaison de fourrure alors qu’il s’apprête à faire l’amour avec Jane Fonda. Les pilules qui permettent des relations sexuelles optimales sur le plan émotionnel d’un simple contact de la main. La voix flippante du mime Marceau. Le piano orgasmique de Duran Duran, censé tuer ses victimes de plaisir mais que Barbarella parvient à détruire avec son impudeur de chagasse. Les sourcils fournis de Duran Duran. L’hommage anticipé à la série des Puppet Master par l’intermédiaire de poupées aux dents d’acier qui tentent de dévorer Barbarella. Celui tout aussi anticipé au personnage d’Elektra de Daredevil lorsque la putain borgne joue des couteaux. John Phillip Law dans le rôle de Pygar, dernier des anges qui a malheureusement perdu la vue et le pouvoir de voler mais que Barbarella va refaire décoller grâce à sa libido. La même Barbarella, avec sa coiffure de lionne, lascive dans le nid de Pygar. Toujours la même Barbarella, donnée en sacrifice à des perruches. Le pistolet glissé discrètement dans le slip de Pygar par Barbarella. Le repaire secret des révolutionnaires. Le tableau SNCF d’arrivée des trains comme ordinateur de bord du spationef. L’intérieur d’une lava lamp pour incarner le Matmos, entité du mal absolu. Les stormtroopers en cuir qui explosent comme des statues. Des décors et des éclairages dignes des plateaux télévisés des émissions de Maritie et Gilbert Carpentier. Les femmes qui se droguent à l’essence de mâle. La clé invisible qui ouvre la porte de la chambre secrète aux fantasmes où sommeille la Reine Noire...

Bref, Barbarella, c’est du bonheur au second degré tant le film supporte mal ses trente-cinq printemps. Véritable ode à la libération sexuelle, truffée de métaphores suggestives, vous ne pourrez qu’apprécier ce film d’un autre âge ; passé ou futur, la question reste entière, mais le verdict est sans appel : cédlaballe !

Barbarella, en plus d’être disponible un peu partout en DVD, a été diffusé au Forum des Images (Paris) au cours de la onzième édition de l’Etrange Festival.

- Article paru le lundi 1er septembre 2003

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