Battle of Wits
Battle Royale of Wits.
Pendant le règne de l’Empereur Qi, la ville de Liang tente tant bien que mal de survivre, en pleine guerre civile. Mais voici qu’une partie de l’armée d’envahisseurs compte bien piller la ville fortifiée pour ravitailler le gros des troupes. Le Roi et ses précieux conseillers décident de faire appel à l’ordre des Mozis, des moines pacifistes fins diplomates et surtout stratèges.
L’armée belliqueuse est aux portes de la cité, lorsqu’un homme seul, un mozi se présente au Roi. D’abord raillé de par son nombre unique et dérisoire, Ge Li parvient à imposer ses curieuses demandes de défense. Maintenant investi des pleins pouvoirs sur les soldats et même sur le prore fils du Roi, Ge Li repousse la première vague d’assauts, en grande partie grace à ses stratagèmes surprenants. Mais au lendemain du second assaut, lorsque Ge Li assiste à l’éxécution sommaire et barbare de fantassins ennemis introduits dans la ville, il exprime son mécontentement au Roi et à son conseil. C’est à ce moment que tous se retournent contre lui...
Surprenante fresque pacifiste que ce Battle of Wits. Mettant au grand jour cet ordre monastique des Mozis, qui prône l’amour de chacun, Jacob Cheung réussit un extraordinaire coup d’éclat. Il faut dire que ce bougre de Jacob a mis les petits plats dans les grands pour nous divertir, en invitant messieurs Andy Lau et Ah Sung-Ki à la fête sans oublier Wan Zhiwen et Wu Ma en conseillers sournois à souhait.
Il est clair qu’Andy Lau occupe une très belle place dans le coeur de tous les hongkongais. Parvenant à éclipser le prolifique Chow Yun-Fat, dont on attend avec impatience la prestation dans le troisième volet des aventures de Jack Sparrow, et comblant le vide laissé par son départ en 1995 de la colonnie, Andy Lau s’est forgé une spectaculaire filmographie au fil des ans. Le tonitruand Fulltime Killer (diffusé à Deauville il y a quelques années), l’impressionnant et inclassable Running on Karma, les comiques Cat and Mouse et Love on a Diet, autant de succès commerciaux que critiques. Andy Lau est devenu l’Acteur de premier plan pour longtemps et c’est normal.
Face à lui, on retrouve le comédien coréen Ah Sung-Ki qui endosse, une fois encore, l’habit magnifique d’officier militaire. Gestuelle minimaliste parfaite et timbre de voix majestueux... c’est toujours un régal de le voir jouer, cet homme.
Battle of Wits est une réussite aussi grâce à son propos pacifiste. La secte des Mozis (ou Mo Tsu) et leur credo plane sur le métrage. Ge Li le stratège n’agit que pour limiter la casse et comme il l’affirme lui même, si l’autre camp lui demandait de l’aide, il la lui donnerait. Ainsi va Ge Li l’idéaliste. Il n’est pas contre les guerres. Il conçoit parfaitement le concept de conquête et le besoin des hommes d’aggrandir leur territoire et donc leur pouvoir. Ge Li comprend bien qu’il ne peut réfréner cet état de faits, alors il arbitre aussi bien qu’il peut en défendant les minorités silencieuses : les femmes et les enfants.
En plus de tout cela, Jacob Cheung nous raconte son histoire de belle manière. Il ne perd pas son temps dans une palabre affective, une amourette indigeste, il n’en parle qu’à demi mot ou plutôt en off. Par ailleurs les idées sous-jacentes du film ne sont pas aussi tendancieuses que celles étalées par Zhang Yimou dans Hero, et pourtant il s’agit de la même période tumultueuse.
Battle of Wits est un film définitivement maîtrisé de bout en bout.
Battle of Wits a été diffusé au cours de la 9ème édition du Festival du film asiatique de Deauville. Le film est par ailleurs disponible en DVD HK sous-titré anglais, édité par Deltamac.



