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Japon

Battlefield Stadium

aka Jigoku Koushien - Battlefield Baseball | Japon | 2003 | Un film de Yudai Yamaguchi | d’après le manga de Man Gatarou | Avec Taku Sakaguchi, Hideo Sasaki, Atsushi Itoh, Kouichi Nagata, Yoshiro Takayama

S’il est bien un pays autre que les USA où le baseball est populaire, il s’agit sans aucun doute du Japon. Véritable sport national, le sujet a déjà bien évidemment été récupéré sous bien des formes : manga, jeux vidéos, films, anime... Mais le manga de Man Gatarou a d’autres atouts en main que la seule originalité. D’abord le style du dessinateur n’a pas grand chose à voir avec ce qu’offrent les manga dans leur grande majorité, et ensuite car Man Gatarou est doté d’un sens de l’humour pour le moins radical, entre absurde, provocation et humour noir.
L’adaptation au cinéma n’était donc pas un pari gagné d’avance. Heureusement, Yamaguchi, dont il s’agit du premier film mais qui a auparavant travaillé pour Ryuhei Kitamura (qui est ici un des producteurs du film) notamment sur son succès Versus, semble avoir tout à fait compris l’esprit du manga et réussi à en transmettre l’atmosphère sur grand écran. Rien que pour cela, on lui pardonnera aisément les quelques petits défauts du film.

L’équipe de Seidou et surtout son manager, désire âprement participer au tournoi de Koushien, le légendaire stade de baseball dans les environs d’Osaka. Mais pour cela, il faut affronter l’équipe Gedou, une féroce équipe de zombies... anciens membres de Seidou candidats au tournoi et qui ont connu un sort malheureux... En fait, la nouvelle équipe de Seidou ne va pas connaître un bien meilleur sort mais grâce à l’embauche de Juubei Yakyuu (Juubei "Baseball", interprété par Tak Sakaguchi de Versus, Alive et Azumi) et de nouveaux membres pour le moins étonnants, l’équipe va de nouveau affronter Gedou, dans un match à mort.

Yamaguchi mise plus sur une recette à base d’humour et d’action que sur le baseball. Ce dernier est en fait le grand absent du film, si l’on oublie le lieu de l’action (un stade) et l’utilisation détournée des battes. Cette comédie, car c’est cela avant tout, n’a cependant pas grand chose à voir avec ce qui pourrait être son équivalent chinois, Shaolin Soccer. Car ici tout se déroule sur le stade, réduit à un simple lieu, et peu d’éléments extérieurs viennent se greffer à l’histoire. De plus, le film ne tient pas vraiment sur des détournements comiques d’un sport mais plus sur de la pure baston, un sens aigu de la dérision et de l’absurde.

Afin de retranscrire au mieux l’ambiance très particulière du manga, Yamaguchi mise avant tout sur la fidélité au matériau originel mais aussi sur l’utilisation de techniques cinématographiques propres à rappeler un manga. Les personnages sont peu mobiles dans le cadre et le recours aux ellipses est très fréquent (sauf justement à des fins comiques) ainsi que celui à des images récurrentes. Les personnages sont très caricaturaux et les effets spéciaux servent plus à retranscrire des effets propres au dessin qu’à donner une impression de réalisme. Le tout est de retranscrire une atmosphère, l’imagination du spectateur faisant le reste. Un soin particulier a cependant été apporté aux affrontements même si l’humour prédomine souvent aux dépens de l’action seule.

L’humour justement, est ce qui est le plus présent dans Battlefield Stadium. Que ce soit sous la forme de gags un peu idiots - et peut-être un peu trop nippo-japonais pour un public étranger (référence aux yankee, apparition d’un mangaka célèbre...) -, de parodies (comédie musicale ou film de kung-fu) ou d’un humour noir parfois radical (Juubei a ainsi tué son père en lançant une balle de baseball un peu trop fort...), il est omniprésent.

Mené à un rythme d’enfer et relativement court, Battlefield Stadium ne laisse guère de répit au spectateur. Humour et action sont utilisés avec justesse pour former un film de divertissement souvent irrésistible qui ne fait cependant pas toujours l’économie de gags un peu moyens. Même le duel final est lui aussi bourré d’humour, au détriment de la seule "technique" et d’une éventuelle virtuosité de la mise en scène - ce qui pour le genre et surtout l’ambiance, n’est pas un mal. Pour un premier film, il faut bien reconnaître que Yamaguchi s’en sort avec les honneurs. De plus, même les plus réfractaires au baseball pourront y trouver leur compte.

Note : le film tel que diffusé au Japon était suivi par un court métrage de Yamaguchi lui aussi fort réussi. Également basé sur un manga de Man Gatarou, c’est un petit bijou d’humour délicieusement absurde et noir. Espérons qu’il ne disparaîtra pas lors de la distribution internationale.

Battlefield Stadium est sorti en salles au Japon le 19 juillet 2003.

Site officiel : http://www.klockworx.com/jigoku/

- Article paru le jeudi 21 août 2003

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