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Corée du Sud

Beat

Corée du Sud - 1997 | Un film de Kim Seong-Su | Avec Jeong Wu-Seong, Go So-Yeong, Yu Oh-Seong

Min est un marginal avec des prédispositions particulières pour le combat de rue. Il a dix-neuf ans et, avec son ami Tae-Su, il passe ses soirées à se battre contre les gangs de sa ville. Sa mère, qui passe son temps à boire depuis la mort de son mari et qui se sent déshonorée par le comportement de son fils, décide de changer Min d’école. Mais ce dernier sait que cela ne changera rien. Dans sa nouvelle école, il rencontre Hwan Kyu, jeune caïd "wannabe". Celui-ci l’emmène un soir dans une boîte de nuit où il fait la connaissance de Ro-Mi, dont il accepte, au cours d’un jeu, de devenir l’ "esclave". Mais le destin semble s’acharner sur l’entourage de Min : une amie de Ro-Mi se suicide sous ses yeux, et elle disparaît complètement de la circulation. Tae-Su, ayant quitté l’école pour se consacrer à ce qu’il sait faire de mieux, tue un homme devant Min et se retrouve en prison. Le petit restaurant que Min construit avec Hwan pour tenter de reprendre le droit chemin était en fait condamné, mais le propriétaire les a arnaqués : au bout de quelques semaines, leur rêve est détruit. Hwan devient hystérique et poignarde un employé de la société de démolition - et se retrouve lui aussi derrière les barreaux. Pour couronner le tout, Tae-Su finit par sortir de prison, plus déterminé que jamais, et se met à travailler pour Scorpio, un mafieux local, sous les ordres duquel il grimpe très vite les échelons, tentant d’amener son meilleur ami à travailler avec lui...

"Je n’avais pas de rêve". Telle est la première phrase de Beat, qui reviendra souligner les dernières images du film. A elle seule, cette phrase désespérée symbolise l’appartenance du film de Kim Seong-Su (dont on attend le Musa avec Zhang Ziyi avec impatience) aux films abordant la "génération X" d’un point de vue désabusé et pessimiste. A l’opposé de Attack on the Gas Station (AOTGS), qui partage pourtant une des ses têtes d’affiche (l’impressionnant Yu Oh-Seong), on sait dés le début du film que Beat ne proposera pas de solution à ses protagonistes. Quelque part, d’ailleurs, on retrouve ce goût de l’inéxorable qui ternit les tableaux de Nowhere to Hide et Joint Security Area - un thème très fort dans le cinéma coréen actuel, conscient du caractère "quatre rues, quatre sens interdits" de la situation de son pays.
Cependant, même si le traitement est beaucoup moins pertinent et original que dans AOTGS, le film possède une touche particulière qui le distingue de films comme La Haine ou Menace to Society. La première chose, bien sûr, c’est la palette de personnages présentée, qui permet d’aborder le problème d’une jeunesse sans identité aussi bien du point de vue du loser que de l’étudiante modèle - une objectivité suffisamment rare pour être signalée et appréciée. La seconde, directement liée à la première, c’est la similitude des parcours imposés à tous ces protagonistes que tout semble, au départ, opposer, et la noirceur sans appel de l’ensemble du tableau. Enfin, la dernière chose, c’est le message du film sur les risques inévitables liés à certaines amitiés trop fortes : où que celles-ci puissent nous mener, il ressort tout de même que c’est la seule chose qui compte vraiment, et que ce sont finalement les relations que nous entretenons avec notre entourage proche qui nous définissent vraiment.
La réalisation oscille entre le subtil et le tape-à-l’œil (la séquence d’introduction a sans doute servi d’inspiration à celle de Nowhere to Hide deux ans après), et bon nombre de plans font penser à Wong Kar-Wai (il y a notamment une séquence qui renvoie directement à l’une des trames de Fallen Angels). Mais, avec un équilibre de clichés sortis du contexte habituel (Min sur sa moto, les yeux fermés et "sans les mains") et de scènes de ruptures, le film trouve un rythme très confortable jusqu’à sa belle conclusion. Et, du coup, Beat est une réussite de plus dans le cinéma coréen.

L’éditeur coréen Bitwin (à qui nous devons le double DVD de Shiri) offre le film au format respecté dans une copie approximative (parfois superbe, parois dégueu, ça dépend !). Son 4.0, quelques suppléments, bref pas de quoi s’extasier, mais pas de quoi se plaindre non plus !

- Article paru le lundi 25 juin 2001

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