Big Tits Zombie
Lo-fi is the new hi-fi.
Lena trouve un job dans un club de striptease au pied du Mont Fuji, dans un village dépeuplé pourtant riche en sources chaudes. Avec ses copines de scène, elle découvre en sous-sol du boui-boui un étrange puits, devant laquelle Maria, gothique damoiselle, psalmodie quelque incantation qui réveille les morts du coin. Lena se trouve une tronçonneuse, sa copine Ginko un sabre, et c’est parti ! Comme quoi, il n’est pas bien compliqué de pitcher un authentique v-cinema à l’ancienne.
Il y a un moment de Big Tits Zombie – outre ceux, fugaces, qui se régalent de la poitrine de Sora Aoi, bien entendu - que je retiens comme particulièrement symbolique. Maria, lolita un tantinet psychopathe, qui finira par se régaler de globes oculaires en guise de sucettes et passe son temps à citer Georges Bataille et autres intellectuels français, analyse la situation dans laquelle elle se retrouve avec ses compagnes de strip provincial, pour y trouver certains points communs avec La Nuit des morts-vivants de Romero. Et la jeune femme de se prendre le poing de Lena (Sora Aoi, hors-champs) dans la gueule ; sous entendu : ce n’est pas le propos du film que de réfléchir ou de chercher un sous-texte à tout ça. Comme le dit Takao Nakano lui-même, mort de rire, au cours du making of : « je ne sais pas trop pourquoi il y a des tronçonneuses dans les films de zombies, mais du coup on en a une aussi ». Big Tits Zombie de toute façon, n’a même pas commencé qu’il a déjà étalé sans vergogne sa désinvolture insultante, échouant à citer Sergio Leone, par écrit, sans faire de faute.
Lorsqu’ensuite il anticipe son invasion de zombies à petite échelle, la salle où Lena et Ginko combattent les morts vivants, bâchée de toute part, donne l’impression que les lieux ont été prêtés à la production, à condition que Nakano et ses sbires ne les salisse pas trop. Big Tits Zombie sera cheap et opportuniste – le réalisateur le fait d’ailleurs avouer par Lena sans honte – mais généreux, à sa fourbe façon. On est bien loin du « tout est dans le titre » façon Noboru Iguchi, puisqu’ici, le titre – dans son acceptation occidentalisée, du moins - n’est que mensonge. Si les seins de Sora Aoi sont délicieux, ils ne sont pas vraiment énormes, et en plus la jeune femme ne devient jamais un zombie, préférant rester grimée en cowgirl à la faveur d’un retour de vacances au Mexique - simple prétexte de fétichisme. Pas de zombies aux gros seins donc, dans ce qui aurait mieux fait de s’appeler, comme en japonais, « les zombies des sources chaudes contre les cinq stripteaseuses », mais des sushis zombies – si si – et surtout un vagin mort vivant (réminiscence du Killer Pussy du même auteur), capable, pour on ne sait quelle raison – d’ailleurs on s’en fout – de cracher du feu comme au jugement dernier. Et puis pour compenser la tromperie, Sora Aoi et sa copine prennent gratuitement la pose devant la caméra, les seins à l’air, le temps d’être « victimes » d’une douche de faux sang. C’est de l’arnaque, c’est un peu nul, et pleinement satisfaisant à la fois.
Le truc de Big Tits zombie, c’est qu’en dépit de ses mensonges et arnaques grossières, de sa vulgarité bas de plafond, de l’étroitesse de sa cinématographie - Nakano filme la pseudo intimité de ses stripteaseuses, confinées dans une pièce riquiqui, comme s’il avait appris à mettre en scène dans le même placard que celui où Justin Timberlake a appris à danser - il parvient à être mignon. On a tant envie d’apprécier ses charmes simplistes qu’on y parvient, dévoués à la cause d’une Sora Aoi fantastique, toute en surjeu, chorégraphies minables et voix de yakuza tubard ; d’autant plus craquante qu’elle affiche une propension amnésique à coucher avec des SDF et des vieillards de très petite taille lorsqu’elle est bourrée... Rajoutez à cela l’insertion de quelques scènes en bonne vieille 3D stéréoscopique - toutes pointées sur les entre-jambes et fesses de nos héroïnes -, inutiles, gratuites, et dont le manque de maîtrise technique file un sacré mal de crâne, et vous comprendrez que je ne suis pas homme à résister.
De plus, pas si con et en dépit de sa volonté affichée de ne rien intellectualiser, Nakano parvient tout de même à se moquer avec affection de ses concitoyens salarymen, trop polis et appliqués, comme le prouve l’Ogre bleu sorti du Puits des âmes, manager de division en enfer, qui tend sa carte de visite aux demoiselles avant de s’excuser pour le dérangement causé par ses zombies en goguette. Le genre de détail qui contribue à un bilan inattendu : nettement moins préoccupé par un exotisme exhaustif qu’un RoboGeisha, syndical dans tous les domaines à l’exception de la bonne humeur et la générosité, Big Tits Zombie donne pourtant l’impression de nous donner beaucoup plus. Même si cette appréciation s’accompagne forcément de la conscience, amusée, d’une satisfaction peut-être trop aisée, masculine et bon public – rien qui étonnera toutefois nos lecteurs !
Le DVD ? Les japonais l’ont sans sous-titres, nous on n’a rien du tout, mais les anglais comme souvent, veillent au grain - lunettes 3D inefficaces incluses !








