Les Aventures de Jack Burton dans les griffes du Mandarin

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Le héros américain a depuis longtemps troqué son fidèle destrier contre des moyens de locomotion plus modernes. Si John Carpenter, grand admirateur de Howard Hawks, n’a jamais réalisé de western, ses films en sont souvent des transpositions contemporaines.

Jack, notre cow-boy de l’asphalte, a remplacé son cheval par un semi-remorque et ce n’est pas dans une petite ville perdue au milieu du désert qu’il pénètre mais un monde fantastique logé au cœur de Chinatown.

Le Duck du film Le Convoi de Sam Peckinpah se colletait avec le shérif Lyle Wallace aka Dirty Lyle, interprété avec jubilation par Ernest Borgnine, mais roulait en terrain balisé. Jack Burton se trouve projeté dans un monde dont il ne soupçonnait pas l’existence : Chinatown abrite un univers secret où vit un sorcier maléfique, Lo Pan, emprisonné dans un corps de vieillard depuis 2000 ans. Il va se retrouver au cœur d’une bataille surnaturelle pour sauver la fiancée aux yeux verts de son ami Wang Chi. Notre cibiste philosophe se retrouve au cœur d’une lutte surnaturelle entre les puissances du Bien et du Mal orientales.

En 1986, le maître du fantastique nous offre un hommage déjanté aux films de l’âge d’or de la Shaw Brothers et du début de la nouvelle vague hongkongaise. Sa vision de Zu, les guerriers de la montagne magique réalisé par Tsui Hark en 1983 serait à l’origine du projet des Aventures de Jack Burton dans les griffes du Mandarin. Il lui emprunte la scène de combat à l’épée en vol.

Même si vous n’avez jamais vu les originaux – comme moi lors de ma découverte du film - ce cocktail de kitsch et d’actions fait toujours son effet. Hommage aux qualités de cinéaste de John Carpenter, il est possible d’apprécier les deux. Même si une certaine nostalgie m’aide à aimer le film, il tient toujours la route.

Si les combats sont propres et efficaces, ils restent cependant bien sages comparés à la production hongkongaise. Pourtant les techniques de montage des scènes d’actions, auxquelles le cinéma de l’ancienne colonie britannique doit beaucoup de son efficacité, sont présentes dans les films de King Hu depuis les années 70.

Jack Burton apporte un vent de fraicheur et d’humour bienvenu au milieu d’une décennie au cours de laquelle les héros sous stéroïdes sont légion. Si comme eux il porte un débardeur, il est complétement dépassé dans un univers lui étant totalement étranger. Il tombe dans tous les pièges et ses saillies sont devenues des phrases cultes. Il contribue fortement au charme du film.

Il est également accompagné de son alter-ego féminin : Gracia Law. Femme qui n’a pas froid aux yeux interprétée par Kim Cattrall, elle s’inscrit dans la lignée des actrices des comédies américaines des années 40, comme Katharine Hepburn dans L’Impossible Monsieur Bébé. Howard Hawks encore et toujours.

Si vous avez envie de passer un bon moment, enfilez votre veste en cuir, montez dans votre camion imaginaire et partez à l’aventure avec Jack Burton. Vous ne serez pas déçus, mais attention à qui se cache dans la remorque.