Sancho does Asia, cinémas d'Asie et d'ailleurs
Corée du Sud

A Bittersweet Life

aka Dalkomhan insaeng - 달콤한 인생 | Corée du Sud | 2005 | Un film de Kim Jee-Woon | Avec Lee Byung-Hun, Kim Young-Cheol, Shin Min-Ah, Hwang Jun-Min

Homme de confiance de Kang, chef d’une famille criminelle, Kim Sun-woo veille à la tranquillité d’un hôtel restaurant haut de gamme, où officient des entraineuses russes. Les hommes du fils d’un autre caïd viennent faire du grabuge et Kim Sun-woo les remet rapidement, proprement et violemment à leur place. Il s’en fait ainsi un ennemi acharné. Un peu plus tard, à la veille d’un voyage à Shanghai, Kang lui confie la surveillance de sa jeune maîtresse Hee-soo, qu’il soupçonne de lui être infidèle. Le patron lui a laissé des instructions bien claires. A son retour, le boss apprend que Kim Sun-woo a désobéi et le punit sauvagement. 

A Bittersweet Life semble être de prime abord un énième film de vengeance, genre dans lequel le cinéma sud-coréen s’est taillé une belle réputation. Que nenni. Il évite de même le piège du romantisme, gangstérien ou classique.

La première séquence dresse le portrait de Kim Sun-woo : homme de main tiré à quatre épingles, craint et faisant preuve d’une grande efficacité dans ses fonctions. Quelques coups de tatane bien placés ont raison des sous-fifres du fils du boss du gang adverse - petite gouape vulgaire et bavarde - qui représente son antithèse. Kim Sun-woo s’intègre parfaitement dans le décor du restaurant moderne, chic et aux lumières tamisées, La Dolce Vita. Cette dernière sera bientôt pour lui un souvenir.

De film en film, Kim Jee-woon passe avec bonheur d’un genre à l’autre. Après l’horreur dans le très flippant Deux sœurs, il s’attaque ici avec succès aux films de gangster, sillon labouré par de très nombreux cinéastes. A Bittersweet Life résonne du reste de nombreuses influences.

Belle gueule impassible et élégamment habillé, le Delon des années 60 apparaît en filigrane du personnage de Kim Sun-woo interprété par Lee Byung-hun. Homme carré et intransigeant, la détermination sans faille dont il fait preuve le rapproche d’une autre figure du polar de cette décennie : Walker, héros du Point de non-retour de John Boorman. Si le gangster joué par Lee Marvin attaque bille en tête l’Organisation pour récupérer sa part de butin, son homologue coréen affronte son ancien gang pour demander des explications à son patron sur son radical changement d’attitude à son égard. Lui qui l’a toujours servi docilement et efficacement. La vengeance est seulement la conséquence de cette quête et non son motif principal.

L’intelligence de Kim Jee-woon en tant que scénariste – son métier d’origine au cinéma - est de motiver la défaillance de Kim Sun-woo par une raison que son chef serait incapable d’accepter, même s’il l’avouait. Il crée une tension entre les deux hommes impossible à résoudre sans confrontation. Le cinéaste détourne à sa façon le dicton populaire, la musique adoucit les mœurs. L’environnement musical du film, qui fait appel à des mélodies d’origine sud-américaine, contribue à son élégance au même titre que l’habileté du cinéaste et de son directeur de la photo, Kim Ji-yong, à manier sa caméra.

A Bittersweet Life contient une dimension biblique, et plus particulièrement christique. Le beau gosse Kim Sun-woo est expulsé du paradis, ayant commis la même erreur que Lucifer de se rebeller contre son seigneur. Le gangster connait ensuite un chemin de croix avant de mourir et de renaître. Cette renaissance par la terre et par le feu est le clou du film.

Les autres scènes d’actions et de gunfights parsemant le film raviront les amateurs. Les influences sont ici à chercher du côté des polars chorégraphiques et élégants du cinéma de Hong-Kong.

Si Kim Sunwoo est le sérieux incarné, il ne se heurte pas seulement à la violence du monde de la pègre, mais aussi à son absurdité. A commencer bien sûr par celle de son patron quinquagénaire amouraché d’une jeune violoncelliste et celle plus bas du front des demi-sels du gang opposé.

Kim Sun-woo n’est pas épargné par cette démythification du gangstérisme. Son remplaçant raconte la manière atroce dont il a tué un des leurs sans aucun remord, ni regret.

- Article paru le mardi 22 novembre 2022

signé Kizushii

Hong Kong

Life Is Cheap... But Toilet Paper Is Expensive

Corée du Sud

Pieta

Hong Kong

As Tears Go By

Singapour

Eric Khoo

Japon

L’Intendant Sansho

Japon

Le Château de l’araignée

articles récents

Chine

Jeunesse : Les Tourments

Hong Kong

Life Is Cheap... But Toilet Paper Is Expensive

Japon

La Harpe de Birmanie

Japon

La Vengeance de la sirène

Japon

Le Pavillon d’or

Chine

Les Feux sauvages