Black Mama, White Mama
Un an avant The Arena, le duo de choc Grier/Markov s’était déjà illustré dans Black Mama, White Mama, réussite incontestable dans la petite famille cinématographique que l’on affuble du doux nom d’exploitation. Certes, Jonathan Demme figure au générique de ce film puisqu’il a participé à son écriture, mais s’arrêter à ce simple fait people serait passer bien vite sur les figures imposées du sous-genre des "films de prison de femmes" parfaitement reproduites dans Black Mama, White Mama ainsi que sur le crossover réalisé avec celui des "films de nonnes" ; une autre définition du bonheur, n’est ce pas ?
Wanna know the pitch ? En plein cœur des Philippines, Lee (Pam Grier) et Karen (Margaret Markov) sont deux prisonnières en cavale, reliées l’une à l’autre par une chaîne à leur poignet ; en dépit de leur inimitié première, nos deux enchaînées vont devoir s’entraider pour échapper à leurs nombreux poursuivants, aussi divers soient-ils...
En vingt minutes d’introduction, le film mérite déjà le détour puisqu’il nous sert un condensé du W.I.P. : de la scène gratuite dans les douches (précédée d’un "Strip them and get them wet" délicieusement approprié) à la directrice de prison, bien évidemment lesbienne, qui n’hésite pas à reluquer les deux nouvelles détenues, en passant par le catfight alimentaire au réfectoire, tout y passe ; le rappel des codes du genre s’avère presque pédagogique.
Après une telle entrée en matière, vous pouvez imaginer sans difficulté le sourire coupable qui s’imprime sur votre visage quand Lee et Karen, fraîchement évadées, croisent la route de deux nonnes et se jettent un regard complice sans équivoque... Croyez-moi, pendant l’heure qui suit, vous allez rêver de voir apparaître une personne de petite taille (little people, Philippines, don’t you have a feeling of déjà vu ?) en arrière-plan, ne serait-ce que pour la forme.
Il ne s’agit pourtant que d’un aperçu des réjouissances qui vous attendent, car les différents protagonistes rivalisent de chef-d’œuvre, la palme revenant certainement à Sid Haig (admirez la moustache in da unique Sancho style) pour son rôle de malfrat habillé comme un cow-boy et ayant quelque préférence pour jouer au dada avec des jeunes sœurs philippines topless.
Vous en voulez encore ? Alors admirez avec quelle finesse Margaret Markov s’improvise colombophile en glissant sa culotte autour du cou d’un roquet touffu afin de contacter ses amis révolutionnaires...
Inutile de s’évertuer à défendre un caractère purement cinématographique (photographie, musique, jeu des acteurs...) dans Black Mama, White Mama puisque le genre impose de lui-même une production relativement cheap, exception faite pour les récents Showgirls ou Chicago, ces derniers ne jouant pas toutefois de façon aussi explicite la carte du W.I.P. L’intérêt de Black Mama, White Mama provient davantage du plaisir coupable que l’on peut prendre devant un pur produit de grande consommation sur pellicule comme les seventies savaient en fournir pour alimenter les drive in. Aujourd’hui, de tels produits sortent encore, mais ils restent réservés au seul circuit du direct to video et l’on pourrait facilement se perdre en nostalgie pour cette époque révolue ; ce serait toutefois faire fausse route, car il y a fort à parier que dans une vingtaine d’années, les mêmes propos seront tenus au sujet de perles du genre comme le tout récent Bad Boys 2, plaisir inavouable en 2003 mais probablement reconnu de toute l’intelligentsia bis en 2020. Michael Bay rules, for sure !
Black Mama, White Mama est disponible en DVD zone 1 NTSC, et a été diffusé lors de la onzième édition de l’Etrange Festival dans le cadre de la thématique Wonder Women.


