Blissfully Yours
Le film débute par un long plan fixe, les trois principaux protagonistes sont chez le médecin. L’homme Min a des problèmes dermatologiques, et, du moins le croit-on, des problèmes de gorge. La plus âgée des femmes, Orn, a quant à elle envie d’un enfant pour remplacer celui qu’elle a perdu - souhait que son mari semble incapable de pouvoir réaliser du reste. Enfin la plus jeune, Roong, joue le rôle de leur accompagnatrice. Après diverses prosaïques péripéties, ils vont se retrouver dans la jungle. D’abord séparés - Orn s’accouplant avec un des employés de son mari, pendant que les deux plus jeunes s’adonnent aux jeux de l’amour - avant d’être à nouveau finalement réunis.
Le film ne "commence" vraiment qu’au bout de 45 minutes, avec l’arrivée du générique. Et c’est bien le principal reproche que l’on peut faire à ce film. D’aucuns argueront, qu’il s’agit de la volonté du réalisateur de bien ressentir la durée du quotidien ; mais ce faisant celui-ci plonge le spectateur dans la torpeur. Mon voisin de salle a lui préféré prendre la poudre d’escampette... C’est également la partie du film, où la civilisation est présentée comme la source de tous les maux. On "visite" le mari dont le stress l’empêcherait de procréer..., Roong peint des couleurs sur des personnages qui vont rejoindre les étagères d’un quelconque Disney Store.
Malgré mon avis plutôt négatif sur le film, tout n’est pas à jeter cependant. Si le regard du réalisateur est centré sur les trois personnages, il ne leur regarde pas seulement le nombril : le contexte économique, comme on l’a déjà évoqué ci-dessus, ainsi que la géopolitique de la Thaïlande actuelle, sont évoqués par touches. Cet ancrage dans le réel est un des points forts du film. Orn, du fait des difficultés économiques, a des problèmes pour remplir sa pension, et on comprend rapidement que Nim est un réfugié birman. Le sort de la minorité chrétienne karen est évoqué par un vol de moto, un des moments les plus drôles du film.
Parmi les autres points positifs, on peut relever deux belles séquences. La première est celle de leur départ en voiture vers la jungle, avec une caméra montée dans le sens inverse de la marche. La seconde montre les deux femmes soutenant le corps de Nim flottant dans une rivière, et le débarrassant de ses peaux mortes. La nature présentée dans la deuxième partie du film est clairement le lieu de l’épanouissement de la sensualité, avec le soleil omniprésent, la rivière... pas besoin de vous faire un commentaire de texte...
Une approche réaliste, l’utilisation de longs plans en caméra fixes (les caméras qui s’agitent frénétiquement pour faire "vrai" sont encore plus agaçantes)..., tout concourrait à ce que ce film plaise à une certaine critique, d’où la pluie d’articles dithyrambiques qui a accompagné sa sortie et qui m’a poussé à aller le voir...
Dans très peu de salles françaises...

