Blood
Kosuke Suzuki a réalisé une bonne vingtaine de films allant du film d’horreur (comme le film à sketchs Happy People) au film de yakusa (dont ce Blood), en passant par quelques films aux genres variés (Stop the Bitch Campaign - tout un programme ! - ou le récent Phantom of August). Blood, produit par la Nikkatsu, fait se rencontrer deux stars du V-cinéma et plus particulièrement du genre des films de yakusa, Hakuryu et Riki Takeuchi. Bref, tout cela a de quoi nous mettre l’eau à la bouche !
Takeya (Riki Takeuchi) est un tueur à gages. Mais il est arnaqué par des mafieux liés à la mafia chinoise. Désireux de se venger, il est cependant capturé et laissé pour mort. Il parvient à s’enfuir et est soigné par le médecin Kamiyama, qui se trouve être également le médecin du chef mafieux (Hakuryu) qui a voulu la mort de Takeya. De plus, il découvre que Takeya n’est nul autre que son ami d’enfance, qui lui avait permis d’échapper à la prison en se faisant accuser du meurtre de deux chinpira qui tentaient de violer leur amie commune. Cette dernière est devenue la femme de Kamiyama. Ayant une dette envers Takeya, Kamiyama décide d’aider ce dernier à échapper d’une part aux tueurs à ses trousses et à la police d’autre part.
Passé l’exotisme des premières minutes - principalement dû à la bande son -, Blood se révèle assez classique et sans grandes surprises tout en ne sombrant jamais dans l’ennui. Le film est violent, jusqu’au-boutiste mais donne du poids à l’enquête policière, ce qui évite un film linéaire qui se borne à un affrontement sous forme d’un duel. L’histoire d’amitié est traitée avec subtilité sur une base très similaire à celle qui apparaît dans Tokyo Fist de Shinya Tsukamoto, et dont Suzuki emprunte un peu l’esthétique des flashbacks.
En fait, il m’est avis que le meilleur moyen d’apprécier pleinement le film est de le voir comme un hommage. Hommage qui se veut multiple et international, puisque Suzuki va autant chercher à Hong Kong avec des références plutôt appuyées à Bullet in the Head et The Killer de John Woo, qu’au cinéma de genre japonais (l’héritage est conséquent) et notamment à Miike (qui n’a d’ailleurs pas hésité lui aussi à s’inspirer de ce qui avait été fait auparavant dans ce domaine, en apportant cependant une touche toute personnelle), par une scène très réussie où des sans-abris envahissent en nombre un hôpital ou encore la présence d’un tueur sadique et drogué.
Le film est mené à un rythme soutenu qui ne laisse guère de place aux temps morts. L’ensemble des histoires (l’enquête policière, l’amitié d’enfance, le viol, la vengeance de Takeya) est parfaitement géré, rendant le film très agréable à suivre, d’autant qu’il est très bien interprété et que Toujou Takachi fait merveille dans le rôle du médecin soudain pris au milieu d’une vengeance meurtrière, et de ses propres doutes et interrogations vis à vis de l’attitude à adopter face à Takeya.
Suzuki, qui n’en n’est certes pas à ses débuts, s’en tire magnifiquement et offre un film qui se situe dans le haut du panier du genre. Il s’appuie certes sur les performances des acteurs vétérans Riki Takeuchi et Hakuryu, qui n’ont pas beaucoup à se forcer pour interpréter ce type de rôle dont ils ont tous deux l’habitude. Mais c’est surtout le mariage ingénieux des différentes histoires et l’interaction avec l’extérieur de l’univers strict des yakusa (ou assimilés), qui offrent une bouffée d’air frais fort bienvenue et qui permet à Blood de se démarquer.
Blood est notamment disponible en DVD zone 1 NTSC chez... Media Blasters. Il est par conséquent permis de redouter le pire quand à la qualité de la copie !


