Bodyguard from Beijing
...ou comment rajouter une cuillère de sauce soja et quelques champignons noirs périmés dans son sirop Teisseire.
Préalablement affligé par la découverte tardive de Bodyguard (il m’aura fallu près de dix ans pour le voir...), oeuvre musicalo-romantico-pseudo-cinématographique, c’est avec plaisir que je me suis installé devant son cousin éloigné from HK, j’ai nommé The Bodyguard from Beijing, avec Jet Li. Un vrai bonheur oublié que celui de se taper une chinoiserie en VCD, avec son thème musical synthétique qui revient sans arrêt, ses sous-titres blancs souvent illisibles, et son changement de disque à mi-film...
Dans cette version, ce n’est plus une star de la chanson qui est menacée par un fan aux penchants humides sur la literie de son idole, mais la petite amie d’un riche homme d’affaires, après avoir été témoin d’un meurtre. Du coup, beaucoup moins de chansons, mais tout autant de caprices que doit endurer le garde du corps envoyé par le gouvernement chinois, joué bien évidemment par Jet Li. Et quelle interprétation...
J’avais pourtant le souvenir que Jet Li pouvait sourire, notamment dans Dr. Wai in the Scripture With No Words, mais il semble avoir quelques problèmes de constipation dans celui-ci, et l’on peut penser qu’il a suivi les mêmes cours d’art dramatique que Will Smith, tant son jeu se limite à "je suis sérieux, pas content, et ça se lit sur mon visage".
Fort heureusement pour lui, les autres personnages ne sont pas en reste : la témoin du meurtre ressemble autant à un travesti dans le film que sur l’affiche, et l’on a sans doute oublié de préciser au directeur de casting que le port de la moustache était optionnel. Son neveu, bien que sympathique dans le film, a des faux airs du môme de Menteur, Menteur... Et je vous laisse le plaisir de découvrir les deux sidekicks, "chefs-d’oeuvre" du genre, notamment Fat Po, le garde du corps obèse un peu roublard qui perd son argent aux courses et du coup ne peut pas payer la scolarité de son fils...
Le fil de l’histoire oscille entre polar léger et romance à deux dollars, ce qui donne lieu à une alternance de scènes bien molles, comme seules les comédies HK peuvent nous en offrir, et de séquences plus musclées, présence de Jet Li oblige. La mise est finalement sauvée par un gunfight assez chargé dans un centre commercial, qui nous permet de voir Jet Li tirer allongé sur un skate-board, et surtout par l’assaut final estampillé IKEA : on y voit Jet Li se castagner dans un salon et une cuisine en utilisant le mobilier et les accessoires comme les lampes Maglite, le robinet ou la serpillière, spectacle visuel, jouissif et comique.
Bref, The Bodyguard from Beijing, c’est un film HK de plus, qui ne mérite pas nécessairement le coup d’oeil, sauf dans l’un des cas suivants : 1. Je suis un fan inconsidéré de Jet Li et je veux me taper toute sa filmo - 2. J’ai adoré Bodyguard et j’envisage la vision de cette version comme une séance de thérapie - 3. Je suis curieux de nature, je lis régulièrement les articles de SdA, je trouve que le cinéma asiatique, c’est le bonheur, et je me bidonne comme un taré devant les films d’Anthony Wong.
Disponible en DVD aux USA chez World Video avec des pistes en cantonnais et en mandarin, ou alors chez Dimension, doublé, sous le titre The Defender.
Bodyguard from Beijing est aussi disponible en VCD chez Mei-Ah, je crois.

