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Hors-Asie

Captifs

France | 2009 | Un film de Yann Gozlan | Avec Zoé Félix, Eric Savin, Arié Elmaleh, Ivan Franek, Igor Skreblin, Philippe Krhajac, Marguaux Guenier, Goran Kostic

Carole, Mathias et Samir, médecins en mission humanitaire, quittent les Balkans pour reprendre la route de notre douce France. Déviés, dans une parodie de film d’horreur (« fais-moi confiance, dans cinq minutes on aura récupéré la route principale »), par des soldats qui tentent de déminer la route principale, ils sont arrêtés par des hommes grimés façon Stalkers (accoutrement malheureusement vite délaissé), qui les mettent en cage à l’arrière de leur véhicule et les emmènent, sans explication, dans leur petite prison personnelle. Peut-être cette captivité va-t-elle nous donner l’opportunité de mieux connaître les protagonistes ? Pas vraiment. Carole (Zoé Félix) restera réduite à son traumatisme canin originel, confrontée au cousin de Cujo dans son enfance, après que celui-ci ait dévoré sa frangine ? son amie ?, tandis qu’on ne saura rien du secret Mathias (Eric Savin), si ce n’est qu’il a deux gosses qu’il ne voit jamais, et que Samir (Arié Elmaleh) devra se contenter de désirer, en vain, la belle Zoé Félix. Faut dire aussi que ce dernier a tôt fait de trépasser, moissonné au nom du négoce de ses organes. Voilà donc la finalité de la captivité qui donne son titre au film ; il n’y a plus qu’à attendre le supplice final.

Ben oui, n’est-ce pas dans l’extrême que le cinéma horrifique francophone s’est fait le mieux remarquer ces dernières années ? Le propos de Yann Gozlan, au risque de vous décevoir, n’est toutefois pas de verser dans le torture porn franchouillard, où l’Alsace déguisée en Kosovo serait barbouillée des fluides de victimes gratuites. Si ç’avait été le cas, j’aurais certainement craché sur les errances du genre ; mais je ne suis pas moins désappointé du contraire. Jamais content, je suis.

Le problème de Captifs, justement, est qu’il n’est jamais gratuit, et de fait pas plus méchant qu’effrayant. Le film de Gozlan trouve trop rapidement une justification à son oppression – le trafic d’organes –, transforme trop vite une menace en certitude, pour que la sauce de son suspense prenne. Résumé à quelques opportunités scénaristiques qui se succèdent dans un vrai film de mec (à savoir incapable de faire deux choses à la fois), Captifs regarde Carole paniquer, Mathias tenter de s’enfuir, Carole tenter de s’enfuir, and so on, délaissant l’un dès qu’il s’intéresse à l’autre. Son suspense, ainsi morcelé, étant d’autant plus bancal que l’on sait d’emblée que, au mieux, nos héros mourront, au pire ils s’en sortiront, mais en aucun cas, business oblige, ils ne seront trop abusés. Flûte. Et puis, sur le même thème, ça manque de bikinis façon Turistas.

Gozlan fait ici un peu figure de Renny Harlin à la française, trop naïf dans sa bienveillance grand public, trop désireux de susciter l’attachement et une émotion honnête plutôt que de verser dans le grand guignol obscène. Et comme il ne peut se résoudre à créer la peur dans le regard de Zoé Félix, il abuse d’une bande son dirigiste pour déclencher bien trop d’émotions fictives. A quelques reprises – les auscultations de Mathias, l’explosion d’une mine – la bande son brille par l’exclusion étouffée de toute musicalité, mais c’est malheureusement trop rare.

Captifs souffre, enfin, d’une ultime lacune : celle de ne jamais exister par-delà ses images. Dans l’une de ses dernières séquences, absurde, Carole aperçoit par ses barreaux une pince à même de l’aider à libérer Mathias, ainsi qu’une jeune captive, et se met en tête de la récupérer, coûte que coûte, alors que ses geôliers papotent juste à côté. Pas une seconde Carole se décide-t-elle à repousser les limites du décor, et chercher, profitant de son moment de liberté, un autre moyen de s’enfuir. Le hors-champ, dans Captifs, n’existe pas. What you see is what you get. Et ce que l’on nous offre n’est pas grand chose. Certes, Gozlan n’est pas tombé dans le graphisme facile, alors qu’il avait pourtant réussi à entraîner Zoé Félix jusqu’à une table d’opération ensanglantée. Mais il ne nous a pas fait vibrer non plus, son enjeu se réduisant à évoquer la pseudo-rédemption de Carole, dans sa confrontation, expédiée à l’explosif, avec quelques chiens à ses trousses pour sauver une petite fille. Etait-il vraiment nécessaire de charger l’Europe de l’Est de mauvaises intentions, une fois de plus, pour si peu ?

Sorti sur les écrans français le 6 octobre 2010, Captifs est depuis un bon moment disponible en DVD et Blu-ray.

- Article paru le samedi 17 mars 2012

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