Cello
Mi-Joo, mère de deux enfants dont une est quelque peu anormale, taciturne et enfermée dans un mutisme certain, vit avec son mari et sa belle sœur. Professeur remplacante de violoncelle dans une école de musique, Mi-Joo a arrêté de jouer elle-même de l’instrument éponyme du film suite à une tragédie dont elle porte les marques - trois étranges cicatrices - à l’un de ses poignets. Persécutée par une élève à qui elle a donné une note éliminatoire lors d’une absence de son professeur titulaire, la jeune femme commence à vivre un drame étrange, avec l’arrivée dans son casier d’un enregistrement d’une sombre harmonie au violoncelle. En l’écoutant dans sa voiture, Mi-Joo perd le contrôle du véhicule et réchappe d’un accident qui aurait pu être fatal. Mais les évènements funestes se succèdent, avec notamment le suicide de sa belle sœur, larguée par son fiancée en études aux USA. Les cauchemars de Mi-Joo sont de plus en plus forts, et se renforcent encore avec l’arrivée d’une gouvernante, muette après une ingestion d’acide en guise de tentative de suicide. Que signifie donc cette mélodie funeste, qui commence à marquer son emprise sur la fille « différente » de l’héroïne ? Quel est donc ce drame qui a éloigné Mi-Joo de la pratique de la musique, qui semble ici refaire surface et l’entraîner peu à peu dans la folie ?
Troisème oeuvre du trio de films d’horreur sortis pendant la période estivale en 2005 en Corée - aux côtés de The Wig et de l’étrangement fascinant The Red Shoes -, Cello est film d’horreur bizarre, plus pertinent que la plupart de ses compatriotes même si, pour parvenir à ses fins horrifiques, il n’hésite pas à sacrifier une certaine cohérence narrative. Porté par une arythmie qui pourrait être celle de la volontairement dérangeante musique qui l’accompagne (l’enregistrement dissonnant de violoncelle), Cello évolue du drame psychologique vers l’horreur pure, violente et terriblement malsaine. En cours de route, il offre un twist et un semblant d’explication à l’action, mais ce n’est pas là que réside l’intérêt du film. Le twist en effet, est prévisible car explicité pour les spectateurs attentifs dès la scène de l’accident de Mi-Joo ; il est cependant inhabituel en ce que le film, momentanément désavoué, y puise une surenchère de méchanceté, bienvenue ou non selon votre tolérance aux violences envers les enfants...
Cello donc, est un film abstrait, qui se pare (à juste titre) d’allures de cauchemar. Et le drame vécu par Mi-Joo, incarné par la belle Sung Hyun-ah (The Scarlett Letter) est pour le moins cauchemardesque, que ce soit dans ses hallucinations - le coup très simple de l’entité qui tire ses couvertures alors qu’elle essaye de dormir, mais aussi le visage horrifique furtivement superposé sur celui de sa fille, terrifiant - ou les accidents qui frappent sa famille, et plus particulièrement ses enfants. D’autant que son implication involontaire, ou celle de sa fille inquiétante, sont à chaque fois susurrées par la mise en scène... La structure du film dès lors, forcément lache puisque dictée par une envie de faire peur, mais surtout de faire mal, a de quoi surprende, et court le risque de provoquer le désintéressement du spectateur, qui ne trouvera aucune motivation réellement satisfaisante aux agissements de ce spectre aux lourds griefs, lié à un violoncelle.
Mais la force de Cello en dépit de mieux, réside dans son incroyable méchanceté. On pourrait d’ailleurs remarquer que les films d’horreurs coréens ne fonctionnent que quand ils marchent dans ce terrain miné, de l’horreur familial ; ainsi A Tale of Two Sisters mais aussi The Red Shoes, n’hésitaient-ils pas à confronter enfants et parents ou beaux-parents, au cours d’actes d’une rare violence, pour mieux marquer leurs spectateurs. Il en va de même pour Cello, qui n’hésite pas à faire battre à mort une fille... par sa propre mère... gloups.
S’il n’est pas une véritable réussite, Cello porte donc les traces d’un réalisateur un tantinet malade, capable de verser dans l’abject le plus redoutable pour compenser certaines lacunes d’écriture et de mise en scène. La démarche n’est peut-être pas des plus honnêtes, mais elle a le mérite d’aider Cello à remplir son objectif premier : celui de vous glacer le sang et de vous donner des sueurs froides, à plusieurs reprises. Quant à savoir si Lee Woo-yeol l’emportera au paradis...
Cello est disponible en DVD coréen sous-titré anglais chez Tube Entertainment / Enter One, avec en bonus le CD de la bande originale du film.




