Chaka 2
Etant donné la fin plutôt brutale de Chaka, le premier du nom, on pouvait penser que Chaka 2 reprendrait le personnage du fils de Shima qui naissait juste avant sa mort. Pourtant, il semble en définitive que Chaka 2 se situe antérieurement à Chaka et reprenne exactement le même personnage. Mon interprétation personnelle serait plus de considérer cette séquelle comme une autre aventure d’un héros nommé Shima qui n’aurait finalement guère de liens avec le premier. Shima serait donc un héros représentatif d’un type de personnage et Chaka 2 un film de la série des Chaka mais non une suite.
Evidemment c’est Riki Takeuchi qui rempile dans le rôle de Shima. Cette fois, Shima, blessé lors d’un échange de tirs dans un fast food, est aidé par un jeune homme nommé Takashi, traumatisé par le meurtre de son père lorsqu’il n’était encore qu’un enfant, et amoureux des armes à feu. Takashi aide Shima à se cacher de la police en retournant dans la demeure abandonnée de son père (en fait, une ancienne usine). Là-bas, il retrouve une amie d’enfance qui est vite attirée par le charme brutal qui émane de Shima. Mais une fois encore, Shima doit réaliser un travail pour son clan...
Chaka 2 réussi le pari de faire d’abord mieux que Chaka mais surtout de se hisser à un niveau qui n’a rien à envier à un film tel que Onibi, The Fire Within de Rokuro Mochizuki dont il est finalement très proche. Chaka 2 encore plus que Chaka fait le choix inverse de bien des films de yakusa. Violence présente mais très limitée et cantonnée aux dernières minutes, large place accordée aux dialogues et aux personnages, une réalisation extrêmement soignée et un tournage qui délaisse les lieux urbanisés pour laisser place au vide d’une usine désaffectée en banlieue. Les petits instants qui construisent une vie sont mis en avant, tandis que les moments plus dramatiques et violents ne surviennent que sur la fin du film, lorsque tout ce qui aurait pu constituer une belle histoire d’amitié, et d’amour, implose sous l’impulsion de Takashi dont on apprend qu’il a déjà rencontré indirectement Shima, et n’a oeuvré que dans le but de réaliser sa vengeance.
Comme dans Chaka, la relation entre Shima et la femme est évoquée avec sobriété et sans recours à un quelconque érotisme. Et les thèmes chers à Takeshi Watanabe sont ici exploités de façon encore plus évidente. Ainsi la répétition avec Takashi qui connaît un sort identique à son père. Ou dans les actes de Shima qui une fois encore connaît un amour qu’il sait voué à l’échec, qui fait preuve d’une compassion qu’il paiera chère, et qui connaîtra un destin similaire à celui de Chaka. On retrouve également l’omniprésence du passé par l’intermédiaire de Takashi et de flashbacks utilisés avec parcimonie. Les dernières images font même réapparaître le fantôme de Takashi dans une belle scène sur un quai de la gare de Shinjuku, où le seul sourire de Shima vaut bien plus qu’un long discours.
Chaka 2 peut éventuellement décevoir les fans d’action et de tueries en tous genres, mais ravira ceux plus intéressés par un angle d’approche un peu inhabituel pour un sujet cent fois rebattu. L’intelligence de la réalisation, des scènes autant simples que profondes - un soir autour d’un feu, un matin au levé, s’amuser à tirer à l’arme à feu, une course à vélo... tout cela fait de Chaka 2 un film de yakusa parmi les plus intelligents du genre. Et c’est sans parler de l’interprétation superbe de tous les acteurs. Chaka était une petite perle, Chaka 2 est un bijou.
Comme le premier opus, Chaka 2 est uniquement disponible en VHS au Japon (Toei Video, Ref. VRZF00434).