Chanbara Striptease
Il y a un moment clé dans le bien nommé Chanbara Striptease, où le jeune Hikoichi, villageois puceau qui n’a rien d’un guerrier si ce n’est un courage illusoire, s’enquiert auprès de la rigolote Lili, de la raison qui la pousse à dévoiler sa poitrine à chaque combat au sabre. La miss se fend alors d’un raisonnement improbable : « après l’hiver vient le printemps, après la nuit le matin… tu comprends ? » Pas du tout, ou alors si, justement : il n’y a rien saisir, si ce n’est que Akira Hirose, réalisateur de cette belle entreprise, avait fortement envie de montrer des nichons.
Résumons tout de même, pour ceux qui peinent à prendre mes élucubrations à la volée. Lili (Ryo Akinishi), étudiante de notre époque, vit avec sa grand-mère depuis le décès de sa mère, étudie le sabre et les arts martiaux dans la tradition familiale. Le jour de ses vingt ans, elle se voit léguée le secret du Sayama Hashinryu, art mortel qui se transmet, de femme en femme, à chaque génération de sa lignée. Alors que sa grand-mère lui confie une nuisette ancestrale, à n’utiliser qu’en ultime recours, la cérémonie est scellée par une concoction maison, qui transporte Lili, à poil et donc forcée d’enfiler la nuisette sus-citée, dans une forêt nippone quelques 300 ans auparavant. Lili découvre alors que dévoiler sa poitrine face à ses adversaires – le redoutable clan Yamishika, dirigé par Lady Okinu (Mina Asa) qui possède elle aussi de beaux attributs mammaires luminescents - lui confère une force redoutable. Elle va donc jouer des tétons pour sauver un village de l’oppression de Lady Okinu et de ses sbires grimés en corbeaux, ninjas qui imitent par ailleurs très bien le hululement du hibou.
Pour être parfaitement honnête, on partage longtemps l’interrogation de Hikoichi face à l’effeuillage de Ryo Akinishi - tout autant que l’on célèbre celui de Mina Asa, remarquable - jusqu’au combat final qui voit nos belles parer et manipuler les lames avec leurs seins, prouesses soulignées de bruitages à faire pâlir Lloyd Kaufman. Les effets spéciaux du film ont beau faire briller les poitrines pour retranscrire leur pouvoir, difficile de comprendre l’avantage qu’octroie concrètement ce déballage d’attributs, si ce n’est d’accaparer notre attention en même temps que celle des vilains.
Qu’importe ; argument unique et bon-enfant opposé à l’ensemble des lacunes du film – sa narration syndicale, ses combats risibles, ses effets bas de plafond, son jeu inexistant -, cette récurrence mammaire a au moins le mérite d’incarner, sans ambiguïté, la seule ambition de Chanbara Striptease. Évincée la cohérence – Lili ne s’étonne pas une seconde de se retrouver projetée dans le passé – tout autant que l’émotion – dans la seule scène romantique du film, un joli moment privilégié au coin du feu se transforme en saillie sauvage contre un tronc d’arbre ; le topless est ici raison d’être, nécessaire (il n’y aurait rien à voir sinon) et suffisante (parce que je suis peu de choses). Pas de prouesse martiale, pas de gore, peu de qualités réelles en fait, mais cinq minutes d’innovation et surtout une semi-nudité permanente, pleine de bonne humeur… Objet étonnamment exclusif à réserver aux amateurs de plaisirs simples, forcément, Chanbara Striptease vit ou périt par les nichons, selon l’appétence de chacun.
Chanbara Striptease est disponible en DVD au Japon, évidemment, ainsi qu’aux US et, plus près de chez nous et plus qu’abordable, en Angleterre.





