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Hong Kong | Category III

Chaos

Hong Kong | 2008 | Un film de Herman Yau Lai-To | Avec Gordon Lam Ka-Tung, Crystal Tin Yue-Lai (Kristal Tin), Andrew Lin Hoi, Charmaine Fong Hiu-Man

Nous sommes en 2046 et plus de la moitié de la population est en prison. Devant l’impossibilité de gérer de véritables villes carcérales, le gouvernement érige des murs autour des établissements pénitentiaires, et offre l’autonomie à ces enclaves criminelles ; ce sont donc des prisonniers qui font la loi dans ces zones incontrôlées. Mickey et Tai-Ho, que des menottes réunissent à l’arrière d’un véhicule, se retrouvent, après un accident, à l’intérieur de l’une de ces cités délaissées où le sang humain est devenu monnaie d’échange. Le chef des lieux, Crow, dresse rapidement un tableau pertinent de la situation : c’est une voiture de police qui a traversé l’enceinte de l’enclave. Le conducteur est décédé, mais cela signifie que l’un des nouveaux arrivants est un flic. Celui-là, bien évidemment, doit mourir... De façon inattendue, une femme du nom de Ling vient en aide à Mickey en faisant croire qu’il s’agit d’un voleur, qui l’a laissée tomber il y a des années, alors qu’elle était enceinte de lui. La réalité bien évidemment, c’est que c’est Tai-Ho qui est non seulement le bad guy mais aussi le père de sa fille Yan, et qu’elle souhaite par cette trahison lui faire payer son abandon. Ce qu’elle attend de Mickey en contrepartie ? Qu’il sorte Yan d’ici, elle qui est née en prison et n’a jamais connu le monde extérieur. Pendant ce temps-là pourtant, de l’autre côté des murs, un virus inconnu s’abat sur la population...

Sur le papier, Chaos a tout du film rêvé : un projet Unrated signé Herman Yau, relancé sur la voie des Category III avec le rigolo et ignoble Gong Tau, qui lorgne du côté de New York 1997... les films de SF HK sont rares, et l’on imagine un Flash Future Kung Fu carcéral à même de donner un coup de pied au derrière du cinéma d’exploitation de l’ex colonie, barbare et jouissif. Autant calmer tout de suite vos ardeurs : ce n’est malheureusement pas le cas. Chaos est un film que l’on aurait aimé apprécier, mais c’en réalité un brouillon sans idées, sans force, sans véritable objectif narratif ni même commentaire social pertinent.

Sur la base d’un pitch simpliste, Herman Yau singe les poncifs de l’anticipation apocalyptique sans apporter la moindre touche personnelle à l’ensemble, enchaîne les scènes sans enjeux, et s’enlise dans un v-cinéma de bas étage. Il y a des séquences amusantes – toutes celles qui impliquent une tête explosée à la Fortress par exemple, les prisonniers étant maintenus sous contrôles par Crow grâce à une boucle d’oreille explosive, ou encore le tableau du droit de cuissage exercé par le leader auto-proclamé sur Ling, à faire pâlir Joe Pesci. Il y a même quelques écarts gore – des tendons sectionnés et autres oreilles arrachées – et d’autres de conduite - un gamin qui flingue, par accident et sans s’émouvoir, un autre ; une petite fille descendue par l’armée au cas où elle serait porteuse du virus - à même de justifier, un peu, la classification adulte obtenue par Chaos. Je crois en réalité, que les autorités locales ont certainement trouvé mieux à faire que de subir le métrage en entier, et l’ont donc rangé dans une catégorie fourre-tout, en oubliant que, d’une certaine façon, cela servirait le marketing du film.

Le gros problème de Chaos est que son titre est usurpé. Jamais la situation ne dégénère-t-elle en une véritable anarchie en dépit du potentiel scénaristique ; au contraire même, tout ce petit monde est bien ordonné, et les traits malsains de l’univers sont à peine suggérés (le trafic de sang notamment, dont on ne comprend même pas l’utilité). Les acteurs tout juste corrects, mais leurs personnages sont de toute façon tellement unidimensionnels qu’on ne peut leur en vouloir. Les actrices elles, sont charmantes et tirent plutôt bien leur épingle du jeu. Mais face à la sublime et généreuse Teng Tzu-Hsuan de Gong Tau, leur pudeur fait bien pâle figure...

Chaos se voudrait un v-cinéma étriqué à la mode japonaise, seulement il ne parvient jamais à installer une ambiance ou à faire jouer ses restrictions en sa faveur. L’écriture simple ne s’embarrasse d’aucun enchaînement logique, et se perd à s’étirer le long de 90 minutes trop conventionnelles, alors que le récit aurait gagné à être restreint en accord avec son potentiel limité. En bref : on s’ennuie ferme, et, même si l’ensemble est bien photographié, Chaos reste une tâche malvenue dans la filmographie éclectique de Herman Yau, qui nous avait rarement autant trompé sur sa marchandise.

Chaos est disponible en VCD et DVD HK chez Joy Sales, sous-titré en anglais. La copie du DVD est nickelle – trop même, et contribue au manque de caractère de l’ensemble.

- Article paru le vendredi 3 octobre 2008

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