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Charlie et la chocolaterie

aka Charlie and the Chocolate Factory | USA | 2005 | Un film de Tim Burton | Avec Johnny Depp, Freddie Highmore, Annasophia Robb, Julia Winter, David Kelly, Jordan Fry, Helena Bonham Carter, Noah Taylor, Christopher Lee

Le film familial est un domaine dans lequel peu de réalisateurs réussissent à briller. La plupart du temps ils héritent d’un scénario débile, d’un casting affligeant et se font engluer sous des cascades de bons sentiments. Grosso modo, cela arrive à 90% d’entre eux. Mais dans les 10% qui restent se trouvent des réalisateurs qui, eux, ont une sorte de baraka perpétuelle, du genre de celle qui énerve, tant elle est éclatante. Tim Burton fait clairement partie de ces 10%, c’est un petit veinard, un magicien de talent qui, une fois de plus, nous montre que la magie fonctionne à tous les âges.

Au travers de Big Fish, Burton s’attaquait à ce que peut valoir l’amour d’un père dans la vie de son enfant. Il continue ici un peu dans la même lancée, mais élargit le spectre d’action à la famille. Critique parfois légère ou féroce de la famille de nos jours, et de ces trop grandes libertés offertes par des parents laxistes à nos chérubins, ce nouvel opus du sieur Burton sonne juste et féerique à la fois. Cela devient presque une banalité de le dire, mais encore une fois la réunion Burton-Depp fait des étincelles. Johnny Depp atteint ici un niveau de folie que seule sa géniale interprétation de Ed Wood est prête d’égaler. A la fois pathétique, drôle, effrayant et joyeusement timbré, Willy Wonka fait partie des interprétations à marquer d’une pierre blanche dans la filmo de l’acteur. Sorte de croisement entre Ed Wood et Marylin Manson, son interprétation bien qu’en retrait par rapport à l’histoire (il est son moteur mais pourtant pas le rôle le plus important) est tout simplement démoniaque d’intelligence. Mais aussi bonne soit-elle, il faut se rendre à l’évidence, elle se fait faire de l’ombre par le personnage principal de l’histoire : la chocolaterie. Sorte de délire issu de l’âme d’un enfant plein d’argent et d’un génie mégalo, cette usine est une sorte de Disneyland du chocolat.

D’un film à l’autre Burton réussit toujours l’exploit de renouveler la folie furieuse des univers qu’il nous offre en pature. La visite de l’univers de Wonka se déroule tout comme celle d’un parc d’attraction. Entrecoupé d’interludes musicaux par les Oopas loompas rythmant les divers tableaux, ce film se déguste comme une bonne friandise. Certains trouveront que la surabondance de bons sentiments tue l’intérêt du film. Je ne vois pas le problême. Nous sommes face à un film familial, il est donc logique d’y retrouver des valeurs facilement assimilables, aussi bien par les enfants que par les parents. Simple et efficace, tel est le mot d’ordre de Charlie et la chocolaterie.

Alors, ce petit dernier fera-t-il date dans la filmographie de Burton ? Oui et non. Non de par le fait qu’elle est aux antipodes des univers sombres et tortueux dans lesquels l’auteur nous avaient emmenés jusqu’à maintenant. Tout est ici fait pour que la joie et la bonne humeur nous remplissent le crâne à la sortie de la salle. C’est donc là que Burton réussit son plus grand coup : savoir sortir de ses propres influences « noires » pour aller avec succès vers autre chose. Il se défait de ses propres barrières pour mieux se réinventer dans des domaines plus légers. Il est salvateur et vraiment passionnant de voir un réalisateur cherchant en permanence à aller plus loin que ce qu’il faisait dans son film précedent. Le chocolat se révèle donc bon pour la santé, tout comme le dernier film de sieur Burton l’est pour le moral.

Charlie et la chocolaterie est sorti sur les écrans français le 13 juillet 2005.

- Article paru le samedi 13 août 2005

signé Marcus Burnett

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