Sancho does Asia, cinémas d'Asie et d'ailleurs
Vietnam | Festival du film asiatique de Deauville 2010

Clash

aka Bẫy Rồng | Vietnam | 2009 | Un film de Le Thanh Son | Avec Johnny Tri Nguyen, Ngo Thanh Van, Hien Hieu, Nguyen Hoang Phuc, Thang Lam Minh

Phoenix, belle vietnamienne aux cou et jambes interminables, recrute un trio de bad boys pour l’assister dans le vol musclé d’un ordinateur portable, porte ouverte sur l’unique satellite vietnamien – qui doit se sentir bien seul dans notre déchetterie géostationnaire. Pas qu’elle le fasse de gaieté de cœur, lasse de se soumettre aux ordres de son détestable commanditaire, mais celui-ci monnaye la vie de sa petite fille contre l’attirail informatique ; un détail que les mâles de cette équipe ignorent. Un nabot bodybuildé qui ne peut même pas atteindre les pédales de la fourgonnette qu’il est censé conduire, un orphelin maladroit, une forte tête qui voit d’un mauvais œil l’autorité féminine, et une belle gueule, Quan, qui ne tarde pas à s’éprendre de l’oiseau de feu, sans perdre son sang froid bien taciturne... La brutalité de tout ce petit monde, musclé et nourri à l’Enervon, pilule énergétique qui sponsorise le long métrage (si si), n’empêche pourtant pas Phoenix d’échouer à plusieurs reprises dans sa mission. Et quand enfin ces vrai faux gentils l’emportent, l’un des leurs – Cang, la forte tête – se fait la malle avec le butin. Ça va pas le faire.

Clash, premier film de Le Thanh Son, qui renoue avec le couple star de The Rebel, Johnny Tri Nguyen et Ngo Thanh Van, est un film étonnant, pochette surprise équilibriste qui, naviguant entre deux extrêmes de qualité – le très bon et le très mauvais – parvient à se stabiliser autour de la figure, sublime, de son héroïne féminine, pour un bilan somme toute positif. Opposant l’intelligence, spatiale et technique, de ses combats de rue à l’ahurissante bêtise de ses affrontements armés, cette histoire évolutive, construite à l’aide de tiroirs certes transparents mais tout de même bien imbriqués, porte donc bien son nom, collision visuelle entre des cinématographies digérées de façon très inégale par sieur Le Thanh Son.

Ahurissante bêtise donc, de toutes les scènes où les protagonistes, immobiles, face à face et bien souvent à bout portant, se tirent dessus à tout va sans jamais se toucher. Le Thanh Son ose pourtant le flashback, qui a au moins la dignité d’être fugace, d’un entraînement sur cible de notre héroïne, mais l’évidence est bien là : des poulets sans tête, qui ne savent pas d’où ils viennent et encore moins où ils vont, s’en sortiraient certainement mieux avec un calibre dans les pattes. Heureusement, les chargeurs se vident assez vite et, forcés d’avouer leur inutilité, tout le monde s’en remet à ses poings, pieds, coudes et genoux. Clash passe alors du minable au brillant en un clin d’œil. Le montage syndicaliste s’enrichit d’une caméra alerte, qui regarde les combattants entrer et sortir de l’écran dans une vraie dynamique de groupe, se ruer simultanément sur nos héros – et non pas, comme trop souvent, chacun leur tour -, changer de cible ; tout ça pendant que Phoenix et Quan frappent, parent, esquivent, feintent, et terminent leurs adversaires à l’aide de ciseaux et autres clés très techniques. C’est rapide, vivant, fluide et brutal, et qui plus est sans le goût du ralenti exacerbé qui gâche tous les coups de coude thaï.

Une face négative pour une face positive, voilà qui résume parfaitement Clash. On retrouve d’ailleurs cet écueil dans l’ouverture culturelle du film : s’il est rafraichissant de voir des frenchies – dixit le sous-titrage – tenir le rôle des bad guys, il l’est un peu moins de voir des supposés professionnels du trafic d’armes accueillir avec colère les « condés  » à l’arrivée des forces de l’ordre vietnamiennes. Même si cela témoigne d’une volonté de de taper dans le franco-français authentique, autant que de simplement... euh... taper du français.

Clash aurait pu dès lors, dans cette alternance incessante de ridicule et d’excellence, rester parfaitement neutre... Si les minettes friandes de cinéma musclé trouveront leur bonheur dans la présence efficace de Johnny Nguyen, dans les traits duquel certains reconnaîtront peut-être l’élément perturbateur du très esthétique A la dérive de Chuyen Bui Tac, le bilan thermique de cette collision bascule aisément dans le positif grâce à l’étincelle Ngo Thanh Van. La présence de l’actrice / chanteuse / top model, a tôt fait de conquérir le plus rétif des hommes ; son regard habilement souligné de noir, ses robes et hauts échancrés qui font de peu de relief un gouffre envoûtant... Cette actrice, qui plus est bonne combattante, respire l’érotisme en presque toutes circonstances : dans un tango évocateur comme dans un final rageur, l’écume et le sang à la bouche. Il n’y a finalement que dans la maladroite scène qui l’unit trop pudiquement à son compère Nguyen que le charme n’opère pas, la faute à un cadrage beaucoup trop serré, dénué d’humanité et d’identités. Un comble de plus à l’actif de ce plaisir coupable en dents de scie.

Présenté en compétition dans la sélection Action Asia au cours de la 12ème édition du Festival du film asiatique de Deauville.

- Article paru le dimanche 21 mars 2010

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