Cold War
On peut dire que Simon "Je suis le DeNiro HK" Yam sait bien s’entourer : après plusieurs films aux cotés de Chingmy Yau (Legendary Couple, Naked Killer,...), voilà que l’homme qui pose sur des éléphants (cf. article Legendary couple justement) se retrouve aux côtés de la charmante Christy Chung (Samsara, Jan Dara) pour une histoire de tueur dans la grande tradition HK...
Cold War commence en 1992, en Birmanie. Un groupe de soldats subit de lourdes pertes, attaqués par un ennemi non identifié. Simon Yam tente bien de défendre ses camarades à lui tout seul mais ne parvient même pas à sauver l’un de ses amis, et se voit contraint de s’enfuir sous les bombes...
Après ce prégénérique dont le seul intérêt immédiatement décelable, est de nous montrer Simon sautant du haut d’une cascade respectable, nous voici à Hong Kong en l’an de grâce 2000. Le soldat, répondant au nom de Ka Chue, est devenu tueur à gages à la solde d’un patron invisible. Le seul lien de Ka Chue avec son commanditaire est une jeune femme du nom de Maria (Christy Chung), qui lui transmet ses ordres de mission et l’assiste dans ses exécutions. Trois ans déjà que Maria tente de se rapprocher de ce tueur très cool (c’est elle-même qui ne cesse de lui faire remarquer), mais Ka Chue la rejette, et pour cause... On apprend au fur et à mesure de l’histoire de Ka Chue travaille avec Maria car, quand leur collaboration sera terminée, l’intermédiaire lui dira qui a tué sa femme. Une collaboration qui touchera à sa fin de façon imprévue après une mission à Seoul, quand le patron de Maria lui ordonnera d’éliminer le tueur dont elle est tombée amoureuse, manipulé pour permettre à un gang de prendre le contrôle des deals d’armes en Asie...
Si le générique "guerrier" de Cold War déroute quelque peu quant aux intentions véritables du film, sa première moitié remet rapidement les pendules à l’heure avec une mise en place traditionnelle, mais particulièrement réussie. Ainsi, pendant que Simon Yam est très occupé à avoir l’air cool, jouant de son imperméable et d’une absence totale de sourire, le réalisateur distille les informations concernant ses protagonistes, construisant habilement un jeu de relations croisées (mélant tueur, femmes plus ou moins fatales, policiers et criminels), dont la collision apparaît progressivement inévitable. Cette structure morcellée pallie suffisament au manque d’originalité de l’ensemble pour que la première partie de Cold War soit véritablement intéressante ; le casting, et particulièrement la présence de Christy Chung, en rend le visionnage encore plus agréable.
Puis Cold War arrive à un moment charnière de sa narration, placé tellement tôt dans l’histoire que la rupture a le mérite de surprendre le spectateur. La disparition de Maria (je ne vous en dis pas plus), très brusque, laisse la place à la seconde partie du film. Après une phase de récupération, là encore commune à de nombreux films de tueurs HK, c’est donc l’heure des collisions à proprement parler. Et c’est malheureusement là que le bât blesse : une fois tous les rapports de force mis en évidence, l’attente du spectateur se réduit à espérer quelques morceaux de bravoure pour parvenir jusqu’à la confrontation finale. Mais Leung Kar-Yan ne peut plus jouer avec les morceaux de son puzzle, paradoxalement réunis trop tôt pour un unique moment de surprise authentique, et Cold War s’essoufle quelque peu en rentrant dans le lieu commun du polar désenchanté HK des nineties. Les scènes d’action sont peu spectaculaires (mais bien filmées), et les ralentis de Simon Yam glissant sur la glace pour éliminer ses adversaires, ou courant au milieu d’explosions inopportunes peuvent prêter à sourire. Le découpage du gunfight enneigé qui clôt Cold War est toutefois assez dynamique et réussi, et la conclusion du film compense une platitude regrettable par quelques actes de vilainie dont l’esprit ne dépareillerait pas avec un bon Cat III des familles...
Mais ce dernier effort ne suffit pas pour transcender les espérances construites pendant l’exposition des personnages : bien que très regardable, Cold War n’est au final qu’un petit film HK tout ce qu’il y a de plus classique, malheureusement mal équilibré. Au-delà du couple protagoniste principal, parfait dans son emploi traditionnel pseudo-glamour, restent tout de même quelques plans surprenants livrés par Leung Kar-Yan. Je retiendrais en particulier cette image de pose suprème offerte à l’un des acteurs HK les plus prétentieux de tous les temps : Simon Yam immobile sur l’Olympic Bridge de Seoul, pendant que le trafic défile en accéléré à côté de lui. En dehors de ça, Cold War est un divertissement aussi agréable que vite oublié.
Disponible en VCD et DVD HK chez Winson Entertainement.



