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Corée du Sud | Festival du film asiatique de Deauville 2011

Conte de Cinéma

aka Keuk Jang Jeon | Corée du Sud | 2005 | Une film écrit et réalisé par Hong Sang-soo | avec Uhm Jiwon, Lee Kiwoo et Kim Sang-kyung

La séparation floue entre cinéma et réalité, et leur inspiration réciproque, au coeur de ce Conte de Cinéma, m’est apparue clairement lors de sa projection en présence du réalisateur. Avant que la salle ne soit plongée dans le noir, Hong Sang-soo est venu brièvement et timidement remercier les spectateurs de leur présence. Dès les premières images, la similitude de comportement entre le grand adolescent dégingandé, engoncé dans sa parka, et le réalisateur m’a frappé. Psychologie de bazar peut-être, mais la place importante accordée aux personnages d’artistes en échec dans ces précédents films, ici un réalisateur, semble révéler une vraie insécurité.

Dans la première partie du film, fuyant son frère, un adolescent rencontre par hasard une amie de lycée. Ils éprouvaient à cette époque des sentiments l’un pour l’autre, mais la demoiselle était déjà engagée avec un de ses amis. Après une soirée de libations, elle acceptera de l’accompagner dans sa tentative de suicide. Dans la seconde, un trentenaire vient de voir le film d’un de ses amis réalisateurs, à l’article de la mort. Peu après la séance, il rencontre l’actrice du film, venue également le voir. Cinéaste raté, il n’aura de cesse de la poursuivre.

Ma plus grande crainte à propos du film concernait le fort tropisme cinéma d’auteur français de ses précédentes réalisations. Heureuse surprise, cette tendance ne m’a pas troublé cette fois-ci, ce qui ne veut pas dire qu’elle n’était pas présente...

Hong San-soo rejoint la longue liste des réalisateurs qui se sont essayés au film dans le film, et son expérience est couronnée de succès. L’actrice principale du film, Uhm Jiwon, joue les deux rôles de femme et constitue le lien le plus évident, organique, entre les deux histoires/les deux homme. Le réalisateur coréen sème des indices, suggère des pistes, mais ne fournit aucune explication prémachée aux spectateurs. Ils devront puiser en eux-mêmes leurs réponses.

Le spectateur habitué des films coréens et de ceux de Hong Sang-soo sera en terrain connu. Le réalisateur a repris son schéma habituel du trio amoureux, même si on a pu le voir, il a compliqué l’exercice. Deux hommes, une femme, mais en définitive, il existe toujours aussi peu de possibilités. Si ce n’est celle d’une brève rencontre charnelle sous le signe de l’alcool. Hong San-soo n’a pas abandonné son pessimisme sur les relations amoureuses. Au bout de chaque histoire, il y a l’amour physique, accompli jusqu’à son terme ou non, mais tout de suite après vient la mort. Réminiscence de Georges Bataille qui comparait l’orgasme à une « petite mort ». L’orgasme provoque une suspension provisoire du désir, donc de la vie. Mais l’adolescent et le jeune homme auront des réactions opposées...

Finalement, on aimerait que Hong Sang-soo prennent plus de risques, qu’il s’éloigne des figures récurrentes de ses films et nous surprenne. Au risque sinon de se woodyalleniser, mais comme sort il en existe de biens pires...

Sortie sur les écrans français le 2 novembre 2005.

- Article paru le mardi 1er novembre 2005

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