Cruel Gun Story

La scoumoune.

Togawa sort de prison deux ans avant la fin de sa peine car un chef de la mafia veut voler la recette d’un champ de courses hippiques, qui est transportée à bord d’un véhicule blindé. Quatre complices lui sont proposés, dont un de ses amis, mais également un junkie et un ancien boxer, qui a trop pris de coups dans la tête pour avoir les idées claires. Il rassemble cette équipe hétéroclite pour mener à bien l’attaque, mais Togawa n’est pas à bout de ses peines car en qui peut-il avoir confiance ?

Cruel Gun Story et La Saison du soleil sont les deux films les plus célèbres de la filmographie de Takumi Furukawa. Le premier a bénéficié d’une sortie en DVD chez Criterion dans la cadre d’un coffret consacré aux films noirs de la Nikkatsu.

Le hasard a voulu que je regarde Cruel Gun Story après Le Deuxième souffle. Le modus operandi de l’attaque du fourgon blindé, avec l’assassinat des motards protégeant l’avant et l’arrière du véhicule par un tireur d’élite, est le même dans les 2 métrages. Le film japonais est sorti 2 ans avant le chef d’œuvre de Melville, mais cette ressemblance est plus le résultat d’une pratique de convoyage de fonds largement partagée à travers le monde dans les années 60.

Cruel Gun Story : le titre ne ment pas sur la marchandise et le spectateur en a pour son argent. Le film contient son lot de fusillades ; et si elle ne sont pas spectaculaires au sens où l’entend aujourd’hui, du moins le spectacle est assuré. Cruel Gun Story est un faux film de braquage.

Togawa, joué par Joe Shishido, est poursuivi par la malchance et ses proches en subissent les conséquences. L’acteur, dont la reconnaissance à l’international viendra des films de Seijun Suzuki, dont La Marque du tueur, est impeccable dans ce rôle.

Son personnage Togawa est bien conscient que les dés sont pipés dès le départ, mais il n’a pas le choix s’il veut permettre à sa sœur, Rie, de remarcher un jour. Ce film se distingue de la production de son époque par sa noirceur, mais reste mineur.

Il aurait pu prendre une dimension supplémentaire si Keiko, le personnage de l’espionne d’Ito, l’ancien avocat devenu criminel, avait été plus développé. Accessoire de chair et d’os, elle succombe au charme de rongeur de Joe Shishido, dont elle devient la complice. Elle n’intervient malheureusement qu’à la périphérie de l’histoire et apparait une ultime fois pour un énième rebondissement.

Cruel Gun Story fait partie de ces films fabriqués en quelques semaines par la Nikkatsu pour alimenter son réseau de salles. D’où quelques étrangetés : le gangster aperçu en train de dégainer par Joe Shishido dans son rétroviseur, lorsqu’il arrive à l’hôtel après l’attaque, apparait dans la plan suivant devant la voiture pourtant immobile !