Déjà vu
Déjà vu. Terme propice à tout et n’importe quoi, mais dans le cas présent surtout à un film loin d’être aussi mauvais qu’il y paraît. Certes, la logique y est sévèrement malmenée, que dis-je ! elle est bafouée et subit les derniers outrages. Certes, le méchant n’est pas utilisé à fond et avait une autoroute devant lui pour devenir dantesque... mais malgré tout il se passe quelque chose. Nous ne sommes pas devant un grand film, mais heureusement nous ne sommes pas non plus devant une ignoble daube sans nom. Uwe Boll n’a pas frappé une nouvelle fois...
Donc Déjà vu, ca parle de quoi ? Ça pourrait parler de terrorisme, d’un méchant patriote complètement cinglé qui, dans les 5 premières minutes du film, carbonise 547 personnes dans l’explosion d’un Ferry. Ça pourrait parler de l’enquête policière qui va suivre. Ça pourrait aborder la poursuite de ce grand méchant terroriste. Ça pourrait faire plein de choses en effet, mais ça va principalement nous amener à contre-courant, et nous conter l’histoire d’amour la plus tordue de l’année. Denzel Washington, toujours impérial, tombe amoureux d’une femme repêchée parmis les victimes de l’attentat. Première rencontre, premier regard, et paf ! coup de foudre avec un cadavre. Le côté "j’aime un cadavre" nous est évité de justesse, mais l’on sent bien dans le regard du personnage de Denzel que cet amour va justement bien au-delà de la mort. Et c’est ici que l’histoire s’emballe, en gros que l’on accrochera, ou décrochera en courant de ce thriller romantique. Car c’est bel et bien l’histoire d’amour qui reste le nerf principal de l’intrigue. Cela change du lot quotidien de scénarios preformatés, mais en même temps nuit un peu à l’ensemble de l’histoire. Pourquoi ? Car tout simplement le grand méchant de l’histoire, Jim Caviezel, assez flippant pour le peu qu’on lui donne à faire, se retrouve avec un rôle assez maigrichon en fait. J’entends par là que le potentiel de son personnage n’est pas utilisé à fond. Plus l’enquête avance et plus on comprend les fondements de sa folie : il sait déjà ce qui s’est passé. Cela aurait pu donner un affrontement dantesque entre le personnage de Denzel Washington et lui... et au final sur cet axe là, nous dirons que le film accouche d’une souris là où aurait du se dresser une montagne.
Heureusement plusieurs autres choses sauvent le film. La réalisation de Tony Scott notamment : après Domino, il a enfin compris que l’on pouvait faire des films sans abuser de la drogue. Alleluiah, le spectateur lui dit merci. Ensuite viens le duo entre Washington et l’actrice incarnant la femme dont il tombe amoureux, Paula Patton. Belle et n’en faisant pas trop, elle illumine chacune de ses séquences, leur conférant une intensité qu’on ne pensait pas vraiment trouver avec une quasi débutante. Elle s’en tire avec les honneurs... une bonne chose car elle est tout de même le moteur du film, celle sur qui l’histoire repose, mine de rien. Et, last but not least, cette histoire d’amour improbable entre une morte et un flic prêt à défier le temps et les lois de la logique scénaristique pour la sauver fonctionne malgré tout. C’est rafraîchissant et suffisamment différent de ce que Hollywwood nous balance à longueur de journée pour provoquer un grand sourire en travers du visage à la sortie de la salle.
Le film se pare de plus de quelques trouvailles assez géniales, dont une poursuite entre le passé et le présent assez courte mais complètement barrée et jouissive. On regrette juste qu’elle ne soit pas plus spectaculaire. Au final, Déjà Vu est à prendre pour ce qu’il est : une comédie romantique légèrement rehaussée d’action et méticuleusement noyée dans un délire scénaristique intertemporel. Le tout mitonné sous l’oeil amoureux du Don Jerry Bruckheimer.
Pas de doutes nos neurones sont entre de bonnes mains. L’indigestion ne vous frôlera pas à la sortie de la salle. Vous aurez aussi un sentiment de Déjà Vu... En effet, après Pirates des Caraïbes, le secret du coffre maudit Mr Bruckheimer produit encore un bon film. Décidément le déjà vu c’est sa came... Ok le calembourg sur le déjà vu c’est fait... je sors et me roule dans les orties... ou alors je remate Pearl Harbor... non ok les orties...
Déjà Vu est sorti dans les salles françaises le 13 décembre 2006.



