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Corée du Sud

Dernier train pour Busan

aka Train to Busan – 부산행 | Corée du Sud | 2016 | Un film de Yeon Sang-ho | Avec Gong Yoo, Kim Soo-an, Jeong Yu-mi, Ma Dong-seok, Choi Woo-sik, Ahn So-hee, Kim Ee-seong 

Seok-wu, trader workaholic, n’incarne pas le père idéal aux yeux de sa fille Soo-ahn, à qui il est capable d’offrir deux fois le même cadeau d’affilée... Rien d’étonnant du coup, à ce que la petite souhaite rejoindre sa mère à Busan, dut-elle prendre le train toute seule en gare de Séoul. Seok-wu l’accompagne toutefois pour ce trajet, qui tourne rapidement au cauchemar, une épidémie d’agressions cannibales se propageant le long des voitures, ainsi que dans tout le pays. Ceux qui atteindront vivants le terminus seront-ils seulement en sécurité ?

C’est par le biais de deux films d’animation que le réalisateur Yeon Sang-ho s’est fait remarquer sur la scène internationale, King of Pigs et The Fake. Premier film live donc, mais aussi premier de ses films à bénéficier d’une sortie salles en France, Dernier train pour Busan incarne, pour ceux qui ont encore un peu de place dans leur cœur pour quelques zombies de plus en cette époque d’overdose prolongée, un blockbuster estival comme il ne s’en fait presque plus, loin des gerbes abrutissantes de pixels gonflés en 3D de ces dernières années. Mesuré, concentré plus que restreint, maîtrisé dans son attention et ses intentions, il évoque à mes yeux l’enthousiasme que je pouvais ressentir devant le premier long-métrage d’un certain Jan de Bont il y a plus de vingt ans.

Les zombies ont beaucoup changé depuis que Romero les a popularisés il y a près d’un demi-siècle ; ils ont notamment gagné en vitesse de déplacement et férocité avec l’intervention de Danny Boyle en 2002. Mes enfants se demandent d’ailleurs s’il est encore légitime de les nommer zombies s’ils courent aussi vite ? Il convient dés lors de préciser que ce n’est pas tant l’inertie lambinante de leur menace qui les caractérise, que leur nature de substrat social, plus petit dénominateur commun de l’humanité à un instant t. Le consumérisme raillé par Romero dans Zombie est toujours de mise, certes, mais nous nous définissons plus aujourd’hui – ou omettons de le faire, justement – comme partie d’une masse autophage qui assimile et anonymise, par pression et/ou par poids. Dans Dernier train pour Busan, il n’y a plus d’intelligence de groupe chez les non-morts – pas plus que chez la plupart des vivants, d’ailleurs – mais une force aveugle appliquée sur toute membrane résistante, un lest attaché à toute volonté d’échappée. Premier mal du film, l’individualisme, pratiqué seul ou en groupe, humainement ou par spéculation financière, détruit tout sur son passage, lancé à la vitesse d’un train sur une très probable impasse.

Ces énergies négatives sont très bien restituées par Yeon Sang-ho et ses protagonistes tout juste caractérisés, au premier rang desquelles la pression, souvent appliquée à des parois vitrées – portes d’une gare, fenêtres d’une voiture - qui offre au film ses plus belles séquences de « déversement » des flots de zombies. Peu de gore ou de panique véritable, mais un authentique suspense, humain, quant à savoir si les bonnes décisions seront prises, si l’humanité s’affirmera, si la générosité l’emportera sur l’égoïsme - et si celle-ci offrira in fine de meilleurs chances de survie. Une structure héritée du film catastrophe plus que du film d’horreur, mais qui se prête forcément bien au tableau d’une apocalypse en mouvement.

Dernier train pour Busan est une œuvre simple, enlevée, placée sur des rails certes – et pour cause – mais efficace. Elle n’oublie de plus jamais d’où elle vient ; que ce soit au travers de la critique de la communication de masse et du discours politique, notamment, mais aussi dans ses premières images, lorsque la figure emblématique de notre condamnation en marche qu’est le « roadkill » (ici une biche heurtée par un camionneur râleur) est promue premier mort-vivant de la narration.

Dernier train pour Busan est sorti sur les écrans français le mercredi 17 août 2016.

- Article paru le lundi 29 août 2016

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