Destination finale 2
Les fans de slashers s’en souviennent certainement très bien : arrivé sur nos écrans au terme d’une résurrection du genre en forme d’épitaphe, le Destination Finale de James Wong en est certainement l’un des fleurons modernes. Foncièrement original dans son choix de la Mort elle-même comme psycho-killer de service, le film porté par Devon La Main qui tue Sawa et Ali Larter bénéficiait certes de la réalisation très efficace de James Wong (le sympathique The One), mais avant tout du scénario très carré que ce dernier a pondu avec son compère télévisuel de toujours, Glen Morgan. Ensemble, les deux hommes ont notamment offert aussi bien aux X-Files qu’à Millenium certains de leurs plus beaux épisodes. En rapport avec les affaires de Mulder et Scully, James Wong a par ailleurs mis en scène le mythique Musings of a Cigarette Smoking Man (Saison 4, épisode 7). Pour revenir dans le domaine de l’horreur, l’année 2003 verra la sortie d’un remake de Willard courtesy of Glen Morgan...
Mais je m’écarte, puisque les deux hommes n’ont plus grand-chose à voir avec l’inévitable suite résultant du carton raisonnable du premier opus, sortie il y a peu sur nos écrans ; la réalisation en revient effectivement à David R. Ellis, réalisateur peu connu mais assistant-réalisateur de renom (Harry Potter and the Sorcerer’s Stone, The Perfect Storm, Deep Blue Sea...) ainsi que cascadeur émérite (Days of Thunder, Patriot Games, Body of Evidence...).
Kimberly (A.J. Cook) et trois de ses amis, prennent la route pour s’offrir quelques jours de vacances post-puberté ; au programme : drogues douces, certainement un peu d’alcool et autant de sexe... Tandis que les mauvais signes se multiplient (problèmes mécaniques, Highway to Hell à la radio, les écoliers qui scandent "carambolage, carambolage !", les conducteurs des voitures qui passent qui sniffent, fument, boivent ou ne tiennent pas leur volant), l’inévitable se produit : un accident dantesque se déroule devant les yeux de la jeune femme, les morts s’accumulant violemment jusqu’à ce qu’elle et ses passagers soient à leur tour victimes d’un choc fatal. "Heureusement", ceci n’était qu’une vision, semblable à celle vécue par Alex Browning dans le premier opus. Terrorisée, Kimberly bloque la bretelle d’autoroute sur laquelle elle se trouve, pour éviter que les gens derrière elle n’aillent décéder dans l’accident en devenir. Un flic s’approche de la demoiselle pour tenter de débloquer la situation, mais Kimberly est hystérique. C’est alors que le camion théoriquement responsable de la catastrophe s’approche... et que la prémonition devient réalité. En dépit de la panique immédiate, notre gentil flic parvient à sauver Kimberly avant qu’un poids-lourd ne vienne faucher violemment sa voiture, tuant les amis de notre héroïne sur le coup. La situation débouche alors sur une réalité plus effrayante encore : aujourd’hui est le jour de l’anniversaire du crash du Vol 180, dans lequel Alex et ses amis auraient du périr... et le carambolage s’est produit au kilomètre 180. Si l’on applique le schéma qui a fini par décimer tous les survivants du précédent accident, la Mort va rattraper les fuyards un par un. Kimberly se tourne alors vers Clear Rivers (Ali Larter), seule survivante du Vol 180, enfermée de sa propre volonté dans une chambre capitonnée après le décès "accidentel" d’Alex, pour tenter de déjouer les plans de la Grande Faucheuse...
L’excellence du premier Destination Finale tenait avant tout au machiavélisme des meurtres qu’il mettait en scène ; on n’était ainsi pas loin de certains giallo dans le détail forcené des étapes menant aux divers accidents - domestiques ou non - qui venaient à bout des différents protagonistes du film. L’accident prémonitoire du Vol 180 par ailleurs, constituait un morceau de bravoure extrêmement réaliste et cauchemardesque... Autant vous le dire tout de suite, Destination Finale 2 fait partie de ces quelques cas d’école où la suite parvient à surpasser un original déjà remarquable.
En matière de "morceau de bravoure" justement, le carambolage qui ouvre le film est interminable, violent, gore, assourdissant... bref, tellement effrayant dans sa "sécheresse" qu’il en devient éprouvant (la Sécurité Routière aura du mal à faire plus efficace comme message de prudence, c’est vous dire). Le spectateur a l’impression que le carnage est interminable, et se rend compte parvenu à la fin, qu’il a quasiment cessé de respirer depuis le début. Du coup, on se retrouve dans le même état de panique que Kimberly !
Les "accidents" qui vont intelligemment décimer un groupe non seulement plus large mais aussi moins "lié" que dans le premier film sont du même acabit : tour à tour très longs à mettre en place (comme le décès de la prof dans le premier) ou très soudains (on se souvient d’un certain choc d’autobus...), ils tirent toujours leur force du fait que, au bout du compte, l’instant du trépas est toujours très brutal, à la limite du factuel. Je ne vous cache pas que l’humour excessivement noir que cette attitude confère au film, exige cependant un estomac aussi solide que tolérant de la part de ses spectateurs - l’ultime "gag" du film en est une redoutable illustration...
En dehors de l’aspect purement jouissif des mises en scènes meurtrières, il est à souligner que le scénario de Destination Finale 2 parvient à tisser des liens malins avec son prédécesseur. Ainsi les astuces et références, quoique dispensables, sont-elles suffisamment réussies pour servir de récompense au spectateur fidèle ; à tel point qu’on pardonnera aisément la disparition simpliste d’Alex, certainement due à la volonté de Devon Sawa de ne pas figurer au générique de ce second épisode...
Le casting est lui aussi de premier choix ; on retrouve avec plaisir non seulement la plus que charmante Ali Larter (cf. photo - The House on Haunted Hill, Jay and Silent Bob Strike Back), mais aussi A.J. Cook que l’on a précédemment pu apprécier dans le film parfait de Sofia Coppola, The Virgin Suicides (un jour peut-être dans ces pages...). Le reste des protagonistes est composé de visages plus ou moins connus du panorama télévisuel américain - du loser drogué au fils caché de George Clooney (Michael Landes, l’interprête du flic) -, et enrichi d’un cameo attendu et appréciable de Tony Candyman Todd.
Vous l’aurez compris : Destination Finale 2, s’il est très (mais alors très) violent, est un film fantastique remarquable. Bien réalisé, bien écrit, bien joué, haletant et graphiquement impressionnant... Même si l’on se réjouit grandement de la ressortie en salles d’Evil Dead, il est rassurant de constater qu’une nouvelle génération possède "The Right Stuff" pour satisfaire nos attentes en matières de cinéma de genre - surtout en matière de gore nostalgique ! Il ne reste plus maintenant qu’aux spectateurs à leur faire honneur ; visiblement ce n’est pas gagné...
Destination Finale 2 est sorti sur les écrans français le 9 avril 2003.



