Detective Vs. Sleuths

Detective Vs. Sleuths marque le retour derrière la caméra de Wai Ka-fai, 13 ans après son précédent long métrage en solo, Written. Il retrouve un de ses acolytes de sa période faste de la Milkyway, Lau Ching-wan, qui entre dans la peau d’un nouveau Mad Détective. Detective Vs. Sleuths peut être considéré comme une suite thématique de Mad Détective.

Hong Kong est secouée par une série de meurtres brutaux. Les victimes ont comme point commun d’être d’anciens suspects dans des affaires non élucidées. La police forme une unité spéciale, menée par l’inspecteur en chef, Fong, pour les arrêter. Un ancien détective, Jun Lee, désormais sans domicile fixe en raison de ses problèmes mentaux, se lance parallèlement à la recherche des coupables. Des dons d’extralucide l’aident à résoudre des enquêtes, mais sa folie l’a relégué dans les marges. Il combine ses forces avec celles d’une inspectrice de police enceinte, Yee, pour traduire les assassins en justice.
 
Detective Vs. Sleuths dégage une impressionnante énergie, qui sent bon le flamboyant cinéma de Hong-Kong des années 80 et 90. Les séquences d’actions ou non s’enchaînent sans temps mort et la folie de Jun se traduit par un sentiment d’urgence, qui contamine le film.

Une séquence en particulier hallucinante et mérite à elle seule le visionnage du métrage. Dans un immeuble, Yee et Jun se lancent à la poursuite des vengeurs, qu’ils ont pour la première fois à leur portée. Pensant avoir une arme en main, l’ancien policier fonce bille en tête au combat. La folie de la situation et la mise en scène de l’action avec la furia hongkongaise de la belle époque font de cet épisode un must.

L’énergie véhiculée et la multiplication des scènes d’actions se font malheureusement au détriment du développement des personnages. Les raisons qui ont fait basculé Jun dans la folie nous resteront inconnues. Les nombreux rebondissements renforcent le caractère chaotique du film.

Le cinéaste place son film sous la bannière de Nietzche. Les deux principaux protagonistes, Jun et Fou étant deux policiers ayant basculé dans la folie chacun à leur manière, qui illustre l’une des citations les plus utilisées du philosophe allemand.

Celui qui combat des monstres doit prendre garde à ne pas devenir monstre lui-même. Et si tu regardes longtemps un abîme, l’abîme regarde aussi en toi.

Wai Ka-fai finit son film sur un pied de nez aux censeurs de Pékin, même s’il respecte leurs règles. Le happy end pour notre héros ne peut pas en être vraiment un après le drame personnel qu’il a vécu. Sous la cendre, le jusqu’au-boutisme du cinéma de Hong Kong de la grande époque est toujours vivant.