Sancho does Asia, cinémas d'Asie et d'ailleurs
Hong Kong | Category III

Devil Fetus

Hong Kong | 1983 | Un film de Lau Hung-chuen | Avec Shirley Lui, Ngaai Dik, Lo Pooi-pooi, Lau Dan, Ho Pak-kwong, Leung San, Ouyang Shafei

Stop-motion délirium.

Tout commence avec Shu Ching qui, lors d’une vente aux enchères urbaine, craque pour un immonde vase de jade, censé porter chance à son acquéreur. La fièvre monte vite parmi les badauds crédules, mais Shu Ching l’emporte aisément en triplant la mise, suite à un clin d’œil surnaturel de l’objet... Sitôt l’a-t-elle rapporté chez elle qu’elle s’en saisit, alitée seule en l’absence de son mari en voyage longue durée au Japon. Le spectateur découvre alors les propriétés fantastiques de l’objet : lorsque Shu Ching le touche, non seulement le vase déclenche une bande son synthétique à faire pâlir Tangerine Dream, mais il provoque émois et autres velléités d’onanisme chez la jeune femme. Caressant l’objet phallique, elle se retrouve à faire l’amour avec un cadavre visqueux, visiblement fort doué de ses extrémités. L’humeur au quotidien de la possédée baisse alors sérieusement, tandis que ses plaisirs nocturnes augmentent. Lorsque Chi Huan son homme, rentre enfin à la maison - que le couple partage avec leur mère, la sœur et les neveux de monsieur - il surprend Shu Ching en plein accouplement maléfique. Ni une ni deux, il se saisit du vase et le fracasse sur le sol de la chambre. La fumée provoquée par l’explosion domestique lui brûle le visage ; Chi Huan se voit instantanément recouvert de pustules qui, une fois grattées, révèlent d’affreux vers grouillants. N’en pouvant plus, il se jette au travers d’une fenêtre ouverte – pour faire plus brutal, le monteur a tout de même rajouté le bruit d’un bris de glace en post-production. Les jours passent et l’état de Shu Ching ne s’arrange pas. Comment peut-elle être enceinte alors que son mari s’est absenté plus de six mois ? Nous n’aurons pas la réponse, puisque son chat la projette, une nuit obscure, par dessus la rambarde de l’escalier. A l’enterrement de la jeune femme, le prêtre qui supervise la cérémonie a une vision du bébé maléfique qui grandit dans son cadavre, aussi dégaine-t-il ses parchemins magiques, pour éviter que les âmes des amants défunts n’errent en attendant leur réincarnation, prévue 12 ans plus tard.
Un certaine nombre d’années s’écoulent. Les neveux de Shu Ching ont grandi, et s’éprennent d’une nouvelle venue, Juju, la fille d’une amie de leur mère arrivée de Singapour. Par inadvertance, Juju ôte les parchemins protecteurs de la stèle commémorative de Shu Ching...

Inconsistant, débile et timoré ; tout autant qu’expérimental, sublime et généreux. Voilà qui pourrait résumer Devil Fetus qui, ne vous y trompez pas, n’est rien d’autre qu’une sombre bouse eighties. Daté, le film l’est certainement, mais pas assez à son goût puisqu’il tente de se travestir en vestige seventies en s’affublant d’une pelloche mal conservée, d’une bande son mal mixée garnie d’effets de pistolets lasers, tout ça pour faire passer la pilule des effets dessinés à même la pellicule et de son abus hilarant de la stop-motion. Le début laisse croire à un ancêtre de Nekromantik, et c’est vrai que le visiteur nocturne de l’héroïne est bien visqueux. Mais pas un téton en vue, non ; ce Category III là ne joue pas la carte de l’exploit’ à tendance nécrophile. Dommage, mais Devil Fetus se rattrape par ailleurs, dans l’improvisation totale et tremblotante de ses extrémités.

Le résumé qui ouvre cet article, précis vous en conviendrez, ne couvre en effet qu’une quinzaine de minutes du film. Une intro débridée, sans queue ni tête, qui laisse malheureusement place à une léthargie narrative, présentant la possession absurde de l’un des frangins par – on suppose – le bébé potentiellement maléfique de sa tante. Tout au plus apprend-on que le chili enrage les chiens mécaniques (on dirait du K Dick !), puisqu’en effet c’est le chien des hermanos - affublé d’une seule tonalité d’aboiement en post prod - qui transmet le mal qui l’habite, et que les parents mettent son agressivité sur le compte de son alimentation épicée... Grâce au toutou tout de même, on a le droit à un sympathique festin à base d’intestins canins, ce qui n’est pas rien. Sinon, on s’étonne de ce qui ne déstabilise aucun des personnages, à savoir que le possédé soit toléré dans la demeure familiale alors qu’il essaye, sans vergogne, de tuer tout le monde.

La fin heureusement, gagne à être vécue les yeux grand ouverts. Un grand n’importe quoi de déplacements improbables à base de stop-motion, qui se termine sur une fin ouverte et pauvrement animée d’une tête coupée qui se précipite sur la caméra. Lau Hung-chuen ne s’affirme pas pour autant comme un disciple de Tsui Hark, la roue qu’il fait tourner tel un hamster sous acide étant bien trop libre pour être le fruit d’une réflexion post-moderne. Mais on se marre, et au vu du plan-plan rasoir dans lequel s’enferme désormais régulièrement le fantastique HK, c’est déjà pas si mal !

Si l’on met de côté le travail d’entretien que les hongkongais n’effectuent pas sur leur patrimoine cinématographique, le VCD édité par Fortune Star est d’excellente qualité.

- Article paru le vendredi 5 septembre 2008

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