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Corée du Sud

Dream of a Warrior

Corée du Sud | 2001 | Un film de Park Hee-Jun | Avec Leon Lai, Lee Na-Yeong, Park Eun-Hye

Dream of a Warrior s’ouvre sur une course-poursuite musclée, au cours de laquelle des flics se font anéantir au lance-roquette par des criminels en motos. Seule rescapée du massacre, une jeune femme visiblement du mauvais côté de la loi, arborant un tatouage sur le front. Alors que la police se dépêche sur les lieux de l’incident, un hélicoptère repère la criminelle, qui s’occupe de l’appareil avec une petite roquette supplémentaire. Intervient alors Leon Lai (Fallen Angels, Comrades : Almost a Love Story, Skyline Cruisers)...
Leon inteprête Sung-Jin, membre des forces spéciales de la police coréenne. Se retrouvant face à la jeune femme, il est incapable de la tuer, pour on ne sait trop quelle raison. C’est son partenaire qui s’en charge. Fin d’une scène apparamment sans importance ; au bout de sept minutes de film, aucun dialogue n’a encore été prononcé. C’est Sung-Jin qui rompt enfin le silence en relatant ce rêve qu’il ne cesse de faire, nuit après nuit, d’une femme qu’il ne connaît pourtant pas. C’est alors que son supérieur lui ordonne d’aller se porter volontaire pour un test opéré par le Docteur Chang...
Ce dernier est devenu tristement célèbre deux ans auparavant lorsque le leader d’une secte s’est suicidé en live pendant la présentation de sa machine à voyager dans l’espace/temps, le CS23 - non sans avoir détruit le précieux appareil. Sa fille Nam-Hong, qui lui servait de "cobaye" a depuis été piégée dans une vie antérieure, dans un monde parallèle du nom de Dilmoon. Chang a construit un nouveau modèle de machine, le CSM1004, dans le but d’envoyer quelqu’un récupérer Nam-Hong - nulle autre que la femme qui hante les rêves de Sung-Jin, et pour cause : le flic aurait vécu cette vie antérieure à ses côtés. Sung-Jin accepte de se rendre à Dilmoon pour sauver Nam-Hong...

Le point de départ de Dream of a Warrior n’était pourtant pas forcément mauvais, et aurait pu déboucher sur un film de SF / Fantasy très sympathique. Malheureusement, le seul concept de voyage dans l’espace/temps ici retenu est celui offert au spectateur, qui se retrouve projeté de l’univers cinématographique coréen du nouveau millénaire à celui des productions Roger Corman et des films de SF italiens des années 80...
Excessivement cheap, mal écrit, mal monté, mal filmé et mal joué (je crois qu’il ne reste plus rien de bon, du coup), Dream of a Warrior parvient en effet à être plus mauvais qu’un quelconque Deathsport (Les Gladiateurs de l’an 3000 - Allan Arkush & Henry Suso /1978) ou autres I Guerrieri Dell’Anno 2072 (2072 : Les Mercenaires du futur - Lucio Fulci /1983). Sitôt le film déplacé dans l’univers ridicule - en plus d’être parfaitement incompréhensible - de Dilmoon, Park Hee-Jun accumule les mauvais clichés eighties : sports barbares dérivés du football américain, technologie avancée mélée à une ambiance Barbarians - le tout sur fond de romance impossible entre la Princesse Rose (Nam-Hong) et un guerrier de faible rang (Sung-Jin). On retrouve aussi la femme de la scène d’ouverture, cette fois du côté des gentils, et le partenaire de Sung-Jin dans notre univers - les deux personnages étant d’ailleurs amoureux l’un de l’autre. Les combats sans queue ni tête s’enchaînent dans des décors carton-pâte tous plus pâthétiques les uns que les autres (surtout celui du labyrinthe de pierre), et le pire dans tout ça, c’est qu’il faut attendre les cinq dernières minutes du film pour que Leon Lai voyage réellement dans le temps ! Le reste n’est qu’un flash-back de 70 minutes - lui-même orchestré autour de ses propres scènes maintes et maintes fois réutilisées.

Pendant les 80 minutes du film, Park Hee-Jun tente de nous faire le coup de l’amour au-delà de la mort et du temps, sans jamais passer un seul instant à développer des personnages pour le coup paradoxalement uni-dimensionnels. Tous se limitent en effet à quelques dialogues éculés - Leon Lai possédant d’ailleurs autant de lignes que Kurt Russel dans le désormais culte Soldier de Paul Anderson (1998) - et à une répétition de situations d’affrontement qui ne font jamais avancer l’histoire principale du film. On tente bien de sourire devant la foi que le réalisateur semble avoir en ce projet anachronique et ridicule, mais ça devient rapidement difficile tant l’ensemble ferait honte à n’importe quel Charles Band moderne...

Bref, Dream of a Warrior est une série Z avec quelques moyens mal employés, qui se distingue uniquement des anciennes productions Corman par l’utilisation d’images de synthèse qui ne parviennent qu’à réduire un peu plus l’impact des décors "réels" retenus, très limités.
Projeté au Brady au début des années 80, le film aurait sans doute fait un carton - c’est pourquoi il faudrait peut-être construire le CSM1004 dans notre réalité pour rendre au film la place qu’il lui conviendrait d’avoir ! Avoir fait participer Leon Lai à tout ça, en plus... On ne vous félicite pas, Monsieur Park !

Dream of a Warrior est disponible en VCD et DVD HK chez Mei-Ah.

Remarque : les sous-titres anglais brûlés sur l’image du VCD frôlent régulièrement l’incompréhensible.

- Article paru le mardi 3 septembre 2002

signé Akatomy

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