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Japon

Ekoeko Azarak

Japon | 2001 | Un film de Kousuke Suzuki | Avec Natsuki Katou, Ken Mitsuishi, Kenichi Endo, Hassei Takano, Mitsuho Ôtani

Ekoeko Azarak, comme son nom ne l’indique absolument pas, est en réalité Eko Eko Azaraku IV. Comme je vois que ça ne vous aide pas vraiment à vous situer, un petit rappel s’impose...
Le premier Eko Eko Azarak : Wizard of Darkness - date de 1995. Adaptation d’un manga de Shinichi Koga, ce premier épisode place la belle idole Kimika Yoshino dans le rôle de Misa Kuroi, une "gentille" sorcière écolière qui enquête sur une série de meurtres sataniques ; le tout dans une ambiance mélant gore et sexe lesbien qui lui garantit à l’époque un succès certain. D’où une seconde adaptation en 1996 - toujours avec Kimika Yoshino : Eko Eko Azarak 2 : Birth of the Wizard. On remarquera au casting la présence trop rare de Chieko Shiratori... Vient ensuite une série télé (1997) comptant 26 épisodes de 25 minutes chacun, avec Hinako Saeki dans le rôle de la jeune sorcière. Parmi les réalisateurs qui se partagent la mise en scène de la série, on retiendra surtout Higuchinsky (episode 22), qui retrouvera Hinano trois ans plus tard pour les besoins de Uzumaki (2000). Entre temps, l’idole aura participé à Eko Eko Azarak 3 : Misa the Dark Angel (1998) sous la direction de Katsuhito Ueno - rencontre abordée dans ces pages il y a maintenant plus d’un an et demi...

Maintenant que les présentations sont faites, et que vous avez pu cerner l’aura non négligeable du personnage de Misa Kuroi, revenons à ce quatrième opus. Tourné directement pour le marché de la vidéo, Ekoeko Azarak est un projet en numérique partagé par la Toei et la non moins célèbre compagnie Gaga, sous la dénomination Digital Cinema Project. Après Hinano Saeki, c’est au tour d’une autre idole, âgée d’à peine dix-huit ans, de reprendre le flambeau de la sorcellerie blanche : Natsuki Katou, héroïne du mythique Stacy de Naoyuki Tomomatsu qui comptait aussi Hinano dans ses rangs... mais j’arrête là pour les filiations diverses, vous en savez suffisamment !

Au début de Ekoeko Azarak, on retrouve Natsuki Katou, seule au milieu d’une forêt. Toute de blanc vétue, la jeune femme lève ses mains vers son visage pour se rendre compte que celles-ci sont recouvertes de sang. Autour d’elle, cinq adolescents gisent sur le sol, morts. Que s’est-il passé exactement ? Impossible pour la jeune Misa, en état de choc, de se remémorer les évènements qui l’ont mené jusqu’à la chambre d’hôpital où elle se trouve présentement, interrogée par la police. Le mystère ne s’arrête bien sûr pas là : le médecin légiste qui pratique l’autopsie sur l’un des cadavres découvre que les entrailles des victimes ont été gelées. Maeda (Kenichi Endo), réalisateur pour une émission de télévision à sensation, s’empare de l’affaire. Lorsque Misa tue plus ou moins consciemment une infirmière - elle aussi gelée - et prend la fuite de l’hôpital, Maeda décide de se lancer à la poursuite de la jeune fille, persuadé que celle-ci est une authentique sorcière et qu’il tient le scoop de sa carrière. La trainée de poudre se répand, comme au temps des buchets du Moyen-Age...

Ce quatrième épisode des aventures de Misa Kuroi diffère très largement de ses prédecesseurs, pour la bonne raison que la sorcière incarnée par Natsuki Katou semble ici ignorer complètement sa véritable nature. Projet hautement conceptuel, ce Ekoeko Azarak est une sorte de Carrie discret et apocalyptique, jouant sur une critique du pouvoir de l’image. C’est en effet la chasse aux sorcières télévisuelle lancée par Kenichi Endo (qui reprend plus ou moins son personnage hystérico-sensationnel de Visitor Q) qui va réveiller la volonté de destruction enfermée dans l’esprit de Misa, sous la forme de l’incantation "Eko Eko Azaraku...". Carrie rencontre Focus, en quelque sorte...

Ekoeko Azarak est donc moins explicitement fantastique que les autres films de la série. Il y a bien ici quelques évènements purement surnaturels - dont la plupart sont d’ailleurs étrangement laissés pour compte dans la narration, comme la mort soudaine du médecin légiste ou la disparition des parents de Misa. Cependant Kousuke Suzuki axe son film sur le développement d’une ambiance, qui vise à plonger le personnage de Misa dans le négativisime le plus complet, rejeté par ses proches et des camarades d’écoles terrorisés par les informations télévisuelles qui circulent à son sujet. Il faut donc attendre les vingt dernières minutes de l’histoire pour que le film s’assombrisse totalement, et franchisse la barrière du doute avec les souvenirs retrouvés de l’héroine. Sans pour autant vous livrer le fin mot de l’histoire, sachez que la fin de ce Ekoeko Azarak numérique est vraiment hallucinante pour un simple projet vidéo, et permet à l’ensemble d’atteindre des ambitions très respectables au vu de son budget restreint.

La force de Ekoeko Azarak tient au soin apporté à la réalisation du projet, aussi bien au niveau visuel que sonore, mais aussi à la présence de deux protagonistes excellents. Il y a Kenichi Endo, bien sûr, hystérique comme toujours et proprement traumatisant sur le final, alors que sa tentative de falsification de preuves (il déguise une jeune femme en Misa pour parvenir à ses fins) se retourne contre lui. Mais c’est bien Natsuki Katou (que l’on peut retrouver dans le dernier Higuchinsky, Tokyo 10+01, et bientôt dans le quatrième opus de Gun Crazy) qui transcende l’ensemble. Tout d’abord discrète, craintive, elle s’affirme dans la dernière demi-heure du film grâce à une force de conviction surprenante dans son économie et sa résignation.
L’économie efficace est d’ailleurs le mot-clé de cette réussite ambitieuse du v-cinema, qui dépareille quelque peu dans une série souvent explicite, mais s’affirme tout de même comme une excellente approche de l’univers glauque de Misa, l’ange noir.

DVD disponible en zone 2 NTSC (Japon) chez Toei Video.
Le tranfert du film, numérique oblige, est vraiment superbe.
L’édition présente de nombreux suppléments (interviews, making-of, enregistrement de la bande-son...), mais ne dispose malheureusement d’aucuns sous-titres.

Site officiel du film :
http://www.toei-video.co.jp/data/ekoeko/index.html

Site officiel de Natsuki Katou :
http://www.kat-natsuki.com/

- Article paru le mardi 4 février 2003

signé Akatomy

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