Equilibrium
21ème siècle, après la Troisième Guerre Mondiale. La population vit à Libria, cité terne mais pacifique sous les ordres de Père, chef incontesté et omniprésent. Pour éviter que la population ne tombe à nouveau dans le chaos, chaque habitant est obligé de prendre une drogue, le Prozium qui annihile tout sentiment, toute émotion chez l’être humain. John Preston (Christian Bale) fait partie des Clercs Grammaton, la police spéciale de Père, chargée d’arrêter tous ceux qui ne prennent plus leur Prozium et de lutter contre les humains qui refusent les règles de Père et vivent à l’extérieur de la cité.
Preston est l’un des meilleurs Clercs Grammaton, jusqu’au jour où il est obligé de tuer son collègue qu’il suspecte de ne plus prendre sa drogue. Intrigué par le comportement de son coéquipier, Preston décide à son tour d’arrêter de prendre sa dose de Prozium. Pour la première fois de sa vie, il se met à ressentir des émotions...
On commence à en avoir l’habitude en période estivale, les écrans de cinéma se partagent entre blockbusters que tout le monde finit par attendre (vive le matraquage publicitaire) et qui se révèlent la plupart du temps de grosses déceptions (qui a dit Hulk), et pleins de petites séries B, qui n’ont souvent pas marché aux States, sacrifiées par les majors hollywoodiennes qui nous les envoient d’en l’espoir de se faire un peu d’argent de poche pour les vacances.
Prenez par exemple Equilibrium, pas ou peu de pub, une bande-annonce composée pour la plupart de plans tirés de scènes d’action qui font furieusement penser que le film tente de voguer sur le succès de Matrix, et il n’en faut pas plus pour éviter que les gens se déplacent (j’avoue d’ailleurs que moi même je n’étais pas très enthousiaste au début, mais j’ai des amis qui ont toujours de bons arguments pour m’emmener dans une salle de cinéma). Et bien croyez moi, c’est un tort car à l’arrivée Equilibrium est une très bonne surprise, certes pas un chef-d’œuvre, mais une vraie bonne série B (dans le sens le plus noble du terme).
La première force d’Equilibrium réside dans son scénario remarquablement bien construit, qui ne sacrifie jamais le parcours de son héros au profit des scènes d’action et inversement. Certes les thème de la société totalitaire et de la recherche d’une certaine humanité ont déjà été traités (on pense évidemment à 1984, Metropolis, ou encore Bienvenue à Gattaca, analogie renforcée par un univers visuel malheureusement trop semblable à ces autres films), mais pourtant Equilibrium arrive à nous surprendre grâce à une idée aussi simple que forte.
En effet, la transformation du personnage de Christian Bale et sa redécouverte des émotions humaines sont vues avant tout comme une seconde naissance (explicitement montrée quand Preston arrache un fin papier opaque qui recouvre la fenêtre de sa chambre), qui passe alors par la découverte de son propre corps et plus particulièrement de ses cinq sens. Ainsi au fur à mesure que le film progresse, Preston (ré)apprend à toucher, sentir, écouter et voir, il acquiert alors la capacité de ressentir, d’être ému, d’aimer et finalement devenir un véritable être humain avec une âme (une très belle séquence montre Preston pleurer devant un couché de soleil qu’il a l’air de voir pour la première fois de sa vie).
A ce titre il faut reconnaître que toutes ces séquences doivent beaucoup à Christian Bale, qui arrive à faire passer avec beaucoup de justesse, toutes les émotions souvent contradictoires que ressent son personnage (voire par exemple la séquence du chenil où Bale éprouve de l’affection pour des animaux alors qu’ils sont exterminés devant ses yeux).
Autre aspect fort réjouissant d’Equilibrium, ses scènes de combat. On pouvait logiquement s’attendre à une surenchère dans les scènes de kung fu ou de gunfights, et bien c’est l’option inverse que le réalisateur a choisi pour un résultat surprenant et totalement original (et ce sans l’aide d’un chorégraphe venu de Hong Kong, incroyable !!).
Dans le film les clercs pratiquent ce qu’ils appellent le Gun Kata, qui est une sorte de chorégraphie avec des armes à feu, où le corps bouge au minimum et où pratiquement seuls les bras sont en mouvement pour diriger l’arme sur la cible (j’avoue c’est assez compliqué à expliquer). Toute la puissance des scènes d’action réside justement dans cette économie de mouvements, dans ce côté figé où chaque mouvement a son importance. L’enjeu se concentre dans une seul attaque rapide mais mortelle, qui n’est pas sans rappeler le principe même des films de chambara (les films de sabres japonais), qui fonctionnent sur le même principe. Impressionnant !!!
Vous l’aurez compris Equilibrium est une bonne série B de Science-Fiction qui mérite que l’on s’y arrête. Alors profitez en vite avant qu’elle ne disparaisse (ce qui ne saurait tarder) des écrans.
Equilibrium est sorti sur les écrans français le 9 juillet 2003, et est par ailleurs déjà disponible en DVD zone 1 NTSC chez Disney / Buena Vista.




