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Japon

Erotibot

aka Erotibot / Karei Naru Erogami-ke No Ichizoku : Shinsô Reijo Wa Denki Shitsuji No Yume O Miru Ka / 華麗なるエロ神家の一族-深窓令嬢は電気執事の夢をみるか | Japon | 2011 | Un film de Naoyuki Tomomatsu | Avec Mahiro Aine, Maria Ozawa, Asami, Yûya Tokumoto, Yasunori Tanaka

Philip K. Dick serait fier.

Dans le dernier tiers d’Erotibot, alors que Numéro 1, serviteur androïde haut de gamme, inflige une correction à Numéro 3 aka Sukekiyo, androïde simplet et rêveur, en se moquant de son assemblage approximatif, Naoyuki Tomomatsu (Stacy, Zombie Jieitai, Vampire Girl Vs. Frankenstein Girl) ne se donne même pas la peine de positionner sa caméra de façon à donner l’illusion de coups portés. Une attitude volontairement laxiste, en phase avec ces robots bricolés, qui symbolise bien le peu de prétention du film. Une autre illustration est à trouver dans les cadrages en contre-plongée utilisés dans la salle à manger de la prétendue villa de luxe qui sert de carcan à la virginale Tamayo : Tomomatsu y expose sans vergogne les limites de son plateau, simple hangar dont le plafond reste un insolent béton garni de conduits métalliques. D’aucuns y verront du foutage de gueule, incarnation d’un cinéma nippon qu’il vaut mieux ignorer ; pour ma part, j’y retrouve l’une des bases même de l’affection sanchesque, pour un cinéma parfaitement décomplexé.

Naoyuki Tomomatsu, avec Erotibot comme avec tant d’autres de ses films, n’a d’autre objectif que de satisfaire un public qu’il connaît bien, sans se préoccuper de l’héritage d’Orson Welles. Il narre l’histoire improbable de Tamayo, seule héritière d’un riche empire nippon, qui n’est jamais sortie de sa tour d’argent et s’éveille, innocente, à la sexualité grâce aux programmes d’érotisme téléchargés par quelque androïde prétentieux, alors que son amour se porte sur Sukekiyo, robot maladroit et peu performant qui est pourtant le seul de son espèce à pouvoir rêver. Les tourtereaux niais devront affronter la jalousie de la nièce de Tamayo, Tsukiyo (Maria Ozawa), nymphomane bien décidée, avec l’aide de sa comparse ninja Asami, à récupérer sa part de l’héritage familial, histoire de pouvoir continuer à dilapider son patrimoine auprès de gigolos. Les androïdes (conçus dans l’histoire par un certain Philip K. Dick, of course) ont une apparence ridicule, coiffés de leurs antennes wifi et dotés de prises de courant qu’ils extirpent de leurs nombrils, la narration est sans envergure, le jeu limité et la sexualité plutôt timide. Pourtant, c’est dans son manque d’ambition qu’Erotibot trouve l’absolution, son enthousiasme cheap faisant fi de toute critique évidemment justifiée.

J’en entends par exemple qui se plaindront de ne voir Asami que vêtue, ou de profiter si peu de la plastique de Maria Ozawa. Nous savons néanmoins qu’Internet peut aussi, exceptionnellement, se prêter à des recherches moins académiques que de la pseudo-littérature cinéphile, et que ces lacunes se comblent aisément dans un cinéma plus propice aux intimités exposées. Moi, plus encore que les attributs de Maria, ce que j’aime dans Erotibot c’est cette façon qu’a Tomomatsu de simuler la chute interminable de Sukekiyo, alors qu’il court pendant des plombes sur une batterie presque vide pour satisfaire la curiosité de sa belle en matière de nouilles (sans se douter qu’elle est en train de goûter, certes sans émotion amoureuse, celle de Numéro 1, mais c’est une autre histoire). La caméra retournée vers le ciel, il observe simplement cette version Mime Marceau d’Astro Boy remuer à vide, se faisant fouetter par des branches d’arbres sans doute brandies par une équipe hors cadre. Une astuce qui renvoie à la leçon de Lloyd Kaufman dans Terror Firmer, lorsqu’il évoque une voiture en mouvement en faisant courir ses équipes avec des branches autour du véhicule immobilisé. Que l’on ne peut apprécier, peut-être, qu’avec l’amour du vrai cinéma underground, celui-là même qui permet de se réjouir de voir Maria Ozawa, remuant poitrine et croupion, se dissoudre littéralement en chairs et fluides au cours d’une électrocution aux arcs dessinés sous MS Paint.

Alors soit, j’admets, on est bien loin de Stacy et Tomomatsu est tout de même capable de beaucoup mieux. Mais Erotibot - qui n’omet pas de rappeler que l’humanité, même en rut, ne se réfute pas dans de simples circuits, faisant de son réalisateur un disciple zizi-nichons de K. Dick et Oshii - évoque gentiment mes premiers amours bisseux, et m’engage à attendre avec impatience de poser mes mirettes peu exigeantes sur Rape Zombie : Lust of the Dead.

Erotibot est disponible en DVD zone 2 UK, sous-titré anglais et bien moins cher que son homologue nippon.

- Article paru le vendredi 2 mars 2012

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