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Hong Kong

Escape From Hong Kong Island

Hong Kong | 2004 | Un film de Simon Lui Yu-Yeung | Avec Jordan Chan Siu-Chun, Chapman To Man-Chat, Paul Wong Koon-Chung, Steve Wong Ka-Keung, Yip Sai-Wing, Law Kar-Ying, Tats Lau Yi-Tat, Lai Yiu-Cheung, Jim Chim Sui-Man, Coco Chiang Yi

J’espère que vous me passerez l’expression ; mais je ne vois pas comment présenter le héros de Escape From Hong Kong Island de meilleure façon que celle-ci : Raymond Mak est un gros con. Trader prétentieux, insolent et irrespectueux, carrieriste et insultant, il passe son temps à rappeler à ses collègues combien tous ne seraient rien sans lui... Jusqu’au jour où son patron, qu’il a pourtant soit-disant sauvé à plusieurs reprises de la débâcle financière, remplit sa coupe de tolérance et le renvoie : marges improbables, coups en douces et autres privilèges que Raymond s’octoie comme s’il était le directeur de la société, voilà qui suffit à Law Kar-Ying. Fier comme pas deux, Raymond appelle immédiatement Bey Logan, d’une entreprise concurrente, qui le « scoutait » depuis un moment déjà. Un travail équivalent l’attend de l’autre côté du harbour, à Kowloon, pour peu qu’il puisse s’y rendre avant 17 heures, soit dans plus de sept heures. Pas de soucis ; Raymond se met en route. Mais aussitôt sorti de son ancien immeuble, il se fait racketter. Privé de carte de crédit et de pièce d’identité, pas moyen de se procurer de l’argent pour se rendre à Kowloon. Il est alors temps pour notre trader d’appeler ses amis au secours... pour se rendre compte bien entendu, qu’un être aussi détestable ne peut en avoir aucun ! C’est une longue journée qui commence pour Raymond Mak...

Escape From Hong Kong Island fait partie de ces comédies, qui navigue entre la modernité et une certaine désuétude, auxquelles Hong Kong s’adonne ces dernières années. La modernité se trouve dans le contexte et la nature du protagoniste, figure emblématique du capitalisme, symbole de la déshumanisation d’une société aussi lucrative que virtuelle. La désuétude quant à elle, se situe dans les ambitions naïves d’un Simon Lui devenu réalisateur, le temps d’une fable façon Groundhog Day ; vous savez, ces contes très Dickens où de vilains personnages se voient offerts une seconde chance, au terme d’un périple initiatique visant à leur démontrer combien ils se sont engagés dans une impasse. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que Raymond Mak s’est fourvoyé, dans les tréfonds de l’humanité. Il crache son chewing gum dans la coupelle d’un mendiant aveugle, ignore les nécessiteux, séduit la première venue (toujours superbe Coco Chiang que nous saluons au passage) pour mieux la tromper dans les WC d’un restaurant avec sa meilleure amie à la première occasion... Mais ce n’est pas tout, car il oublie aussi qu’il a une famille, notamment une sœur dans le besoin et un frère qui l’a renié, ainsi qu’une mère délaissée en maison de retraite, dont il ne sait même pas qu’elle est tombée malade il y a neuf mois de cela, puisqu’il ne vient jamais la voir. Raymond est donc un type vraiment détestable. Mais pas Jordan Chan, son protagoniste.

On peut dire sans hésiter que c’est l’acteur qui sauve le rôle, et par conséquent ce film qui repose intégralement sur les épaules d’une entité avec laquelle il est quasiment impossible de compatir. Car si Raymond est immonde, Jordan est égal à lui-même, mélange déroutant de force effrayante et d’infantilisme aigü. Rappelons que l’homme est capable de faire Hot War aussi bien que The Spy Dad... et cela se ressent ici, la réalisation appuyant encore plus cet équilibre instable qu’incarne l’acteur. Sans cela, et son surjeu qui compte pour autant de second degré, il serait difficile de se lancer dans la vision du périple conté par Escape From Hong Kong Island.

Pour faciliter le travail de Jordan Chan, le film est parsemé de quelques scènes de comédie efficaces, de la poursuite d’une pièce de cinq dollars lâché par un quidam, à la bataille dans les anciens bureaux du « héros », où son ex-boss tente d’empêcher une employée de prêter 20 dollars à Raymond... mais l’ensemble reste mou bien que court, le seul véritable rythme du film étant amené par les apparitions du flic qui traque Raymond tout au long de sa journée, pour au final l’amener à remplir un objectif insoupçonné : se racheter unhe conduite. Bref, tout ça est naïf, mielleux et un peu trop optimiste, mais c’est aussi léger et pas plus prétentieux qu’ambitieux. Ca détend puis ça s’oublie, mais ce n’est pas mauvais pour autant !

Escape From Hong Kong Island est disponible en DVD HK chez Panorama Entertainment, dans une copie assez lamentable. Les sous-titres anglais par contre, sont de qualité correcte.

- Article paru le mercredi 11 janvier 2006

signé Akatomy

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