Fight Girls
Kei (Nozomi Ando) est une jeune boxeuse amatrice. Plus ou moins vagabonde, elle vit seule dans une voiture abandonnée, au milieu d’un terrain vague qu’elle a sobrement aménagé autour des deux axes de sa vie. Le premier - une grande croix de bois - représente ses parents disparus, auxquels elle a été arrachée quand elle n’était encore qu’un bébé. Le second - plus explicite encore puisqu’il s’agit d’un ring fait de cartons et de bouts de ficelles - exprime son goût pour le combat.
Kei fréquente le ring underground de Lulu, où se tiennent régulièrement des combats amateurs masculins. Suite à une intrusion de notre héroïne sur le ring, Lulu décide d’organiser un tournoi de "Girl Fights", avec un prix de 300.000 dollars à la clé. Tandis que Kei essaye de convaincre Jiamu (Teah) - un boxeur déchu en passe de perdre la vue suite aux mauvais coups qui ont marqué la fin de sa carrière - de devenir son coach, les combattantes affluent des quatre coins de Tokyo, des bad girls prétentieuses aux travailleuses excédées, en passant par Jasmine, championne chinoise en quête d’honneur...
Fight Girls est un film de V-cinema qui démontre bien une fois de plus, l’avance qu’ont les japonais en matière de perception et de promotion du cinéma numérique. Déjà réceptifs aux films tournés en vidéo depuis des années, l’avènement de caméras numériques de qualité ne pouvait que renforcer le penchant des spectateurs nippons pour ce mode d’expression forcément libre puisque (presque) exempt de contraintes financières. Ainsi Fight Girls constitue-t-il un croisement réussi (un de plus me direz-vous !) entre un marché motivé par la demande, et une volonté perpétuelle d’élargir l’offre qui y est proposée.
D’un côté, le film d’Ataru Oikawa multiplie les protagonistes féminins afin d’offrir aux spectateurs de délicieux crêpages de chignons aux allures de catfights, dans le plus grand mépris des règles de la boxe. Les supposées "dures" se transforment en poules mouillées qui fuient le ring à quatre pattes, tandis que d’autres demoiselles plus "kawai" s’avèrent devenir des combattantes acharnées, doublées bien sûr de véritables poseuses. De cette façon sans jamais sombrer pour autant dans la vulgarité, le réalisateur satisfait une certaine attente fétichiste de son public cible.
D’un autre côté, Fight Girls met un accent discret - quoique toujours présent - sur l’affrontement inévitable entre Kei et Jasmine, les seules participantes à avoir une véritable volonté de survie et d’affirmation de soi. En rajoutant de plus le personnage de Teah (par ailleurs entraîneur de toutes ces demoiselles hors-champ !), ex-boxeur taciturne qui se prend d’une affection quasi-paternelle pour Kei, Oikawa fait de Fight Girls un film d’idoles "enrichi", voire un vrai film de boxe.
La réalisation et le montage sont de plus de qualité. Les combats sont dynamiques et variés, les effets de ralentis et d’accélérés - visuels et sonores - sont utilisés de façon pertinente et avec parcimonie, tour à tour à but humoristique ou à une fin plus dramatique. Rajoutez à cela bien entendu, le plaisir de retrouver Nozomi Ando (Sakuya : yôkaiden, Tomie : The Final Chapter - Forbidden Fruit), parfait alliage de joli minois, d’agressivité contrôlée et de sobriété dans le jeu, et vous terminez de faire de Fight Girls un petit Girlfight, au contexte social certes moins appuyé, mais pas moins efficace et surtout sympathique si on le ramène à sa niche initiale - et les moyens qui y correspondent !
Fight Girls est disponible en VHS et DVD japonais, sans sous-titres.
En guise de suppléments, le DVD propose un making of d’environ 25 minutes où l’on peut voir Teah dans un vrai rôle de coach, le trailer du film et une galerie de photos.

