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Hong Kong

Future X-Cops

aka 未來警察 | Hong Kong | 2010 | Un film de Wong Jing | Avec Andy Lau Tak-Wah, Barbie Hsu, Fan Bing-Bing, Xu Jiao, Louis Fan Siu-Wong, Mike He, Tang Yi-Fei, Shi Yun-Peng, Liu Yang, Ma Jing-Wu, Blackie Chen Chien-Chou, Law Kar-Ying, Lee Kin-Yan, Natalie Meng Yao

« Derrick, soit vous êtes un rhétoricien redoutable, soit vous êtes un parfait crétin, mais vous avez réussi à me perdre, là. »

Quelque part dans le monde, en 2080. Tout est pour le mieux sous la coupole solaire inventée par le Docteur Masterson, à même de palier aux besoins énergétiques de 70% de la population. Ce qu’il advient des 30% restant, nous ne le savons pas plus que nous ne connaissons la science derrière cette coupole providentielle, mains qu’importe : l’heure est grave. Kidd Zhao, flic de ce futur synthétique, réunit son équipe - dans laquelle sa femme, incarnée par Fan Bing-Bing, trimballe l’air de rien son immense beauté - pour la prévenir de la volonté de quelques méchants, cyborgs à propension animale, d’assassiner Masterson. Le tuyau, injustifié, n’en est pas moins vrai, et, lors de l’inauguration d’une expo archéologique par le bon Docteur, l’ennemi, à la solde d’une industrie pétrolière obsolète, attaque. Brandissant leurs tentacules serpents et autres bras de crustacés métalliques, le dénommé Kalon et ses sbires échouent à éliminer Masterson. Mais Fan Bing-Bing, elle, y passe... Les supérieurs de Kidd, apprenant que les « travaux sur le voyage dans le temps rédigés par plusieurs pays » (le flou est d’origine) ont été dérobés par les vilains, en déduisent frisou que Kalon tente de voyager quelques décennies dans le passé, pour éliminer Masterson alors qu’il n’est qu’un enfant. Kidd Zhao est donc transformé en robot multi-fonctions, et envoyé en 2020 pour régler ses comptes ; avec pour directive ne pas tomber amoureux, pas même de la belle fliquette Miss Holly, au risque de détruire le cours des choses et l’intégrité du monde. Celle du film par contre, rien à foutre.

Je mentionnais il y a peu, au détour de Womb Ghosts, l’ignorance volontaire de Dennis Law en matière de cohérence cinématographique. Si je ne remets pas en question cette constatation, la vision de Future X-Cops me force tout de même à la remettre en perspective, tant l’indolence dont y fait preuve Wong Jing est surréaliste. Variante inopportune sur son propre Future Cops, célèbre pour son abus illicite de la licence Street Fighter, Future X-Cops n’hésite pas à mettre en place, dès sa séquence d’ouverture, un cinéma approximatif, fait de lieux anonymes, de rebondissements injustifiés, de trous béants et autres contradictions narratives. Dire, comme je l’ai fait de Womb Ghosts, qu’il s’agit d’un édifice sans queue ni tête serait évoquer la possibilité d’un appendice intelligent ; hors, dans son délire tentaculaire, Future X-Cops n’en possède pas un seul. Ironiquement, la première phrase de Kidd Zhao ou presque, à propos des renseignements qui le conduisent à rencontrer Kalon et sa bande, est pourtant : « notre intelligence est confirmée »... dans son absence, peut-être ?

L’impression générale est que, autour des effets spéciaux pathétiques qui emballent le film, Wong Jing, tout de même capable de mieux, n’a jamais daigné passer du synopsis au scénario développé, se contentant de tracer quelques grandes lignes sans jamais rentrer dans le détail, et encore moins se relire. Franchement, comment Kidd Zhao peut-il, en fin de parcours, avouer à sa fille, choquée de découvrir qu’elle est un robot, qu’elle est en réalité décédée de la même maladie que sa mère... alors que cette même mère est morte sous nos yeux, au début du film, d’une balle dans la poitrine ? A moins que Fan Bing-Bing ait été, elle aussi, un robot dans le prologue de cette histoire ? Pas moyen de le savoir, puisque Future X-Cops paraît constitué uniquement de chutes de montage, ses omissions détenant, si tant est qu’elles existent, les réponses à des interrogations si nombreuses qu’on en aurait presque mal au crâne.

Et l’emballage visuel de cette aspérité cinématographique n’arrange en rien notre condition. La photo est hideuse, les effets si grossiers qu’on dirait que Kidd, une fois revêtu de son armure, est une marionnette en stop motion, un photomaton d’Andy Lau sur la tête en lieu d’humanité. Pour faire écho à l’écriture sporadique qui nous entraîne d’idée inutile en idée stupide, c’est comme s’il manquait au film un photogramme sur trois dans toutes les scènes en synthèse... Si seulement tout cela avait été fait au second degré, mais non ! Andy Lau, ici cousin troublant de Show Aikawa dans Zebraman dès qu’il enfile ses lunettes, est le vecteur premier d’un sérieux complètement déplacé, qui empêche Future X-Cops de rejoindre son prédécesseur dans un quelconque culte dégénéré. Il y a bien quelques esquisses auto-parodiques - Andy Lau en Clark Kent neuneu, un ricanement diabolique en guise de mot de passe, les bad guys transformés en robots ménagers - mais c’est peu... Son intelligence définitivement infirmée, c’est finalement l’un des autres concepts balancés par le film qui le caractérise le mieux, les protagonistes voyageant dans le temps à la faveur de la « crevasse de l’univers ». Un orifice que l’on imagine bien sale tout de même, d’où cette concrétion inachevée de mots et de pixels aurait mieux fait de ne jamais sortir !

Évidemment, vous pouvez constater par vous-même les dégâts commis par ces "futurs ex-flics" - vivement qu’ils soient tous virés, en effet ! - en DVD, Blu-ray et VCD HK, sous-titré anglais, chez Vicol Entertainment Ltd.

- Article paru le vendredi 24 septembre 2010

signé Akatomy

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