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Japon

Gekka no Ran

aka Orchids Under the Moon - L’Orchidée de Lune | Japon | 1991 | Un film de Takashi Ishii | Avec Jinpachi Nezu, Kimiko Yo, Yoshiyuki Yamaguchi, Misa Fujiwara

Unique direct to video de la carrière de Takashi Ishii, Gekka no Ran, "mélopolar ishiien", n’en demeure pas moins un film profondément ancré dans l’univers de son auteur...

Hashikawa, comptable d’une organisation mafieuse, voit sa femme et sa fille assassinées devant ses yeux... Dix ans se sont écoulés, et il (sur)vit désormais en jouant à un Mah-Jong "illicite". Un soir, en rentrant chez lui, il sauve une jeune fille poursuivie par des voyous. Il s’avère qu’il s’agit d’une idole très connue. Il la prend alors sous sa coupe tout en se disant qu’elle peut lui rapporter de l’argent. "Tout va bien" jusqu’au jour où elle se fait kidnapper ; elle a été vendue à un puissant homme d’affaire lié aux yakuza. Hashikawa part alors seul à sa recherche... battu à mort, il est sauvé in extremis par un fan de la jeune chanteuse ; allié de courte durée puisqu’il succombera à ses blessures quelques temps après. Hashikawa, miné, hanté par son passé se retrouve seul et commence à dépérir, lorsqu’il rencontre une femme dénommée Yoko, étrange sosie de sa défunte épouse...

Pour son deuxième film qui fût donc tourné exclusivement pour le marché de la video, Takashi Ishii continue de sonder les tréfonds de l’âme humaine pour en faire ressurgir tout ce qu’il y a de plus sombre. Thème plus que récurrent dans l’œuvre d’Ishii, la vengeance, est ici la base même du film... pas de repos, pas de rédemption sans vengeance... je reviendrais sur cette idée un peu plus tard.

Une fois n’est pas coutume, le héros de Gekka no Ran est un homme, même si c’est une femme qui va lui redonner la force de vivre alors qu’il est au plus bas. Prémisse d’œuvres à venir tels Nûdo no Yoru (A Night in Nude /1993) et Gonin (1995), ses deux films les plus "masculins", Gekka no Ran empreinte aussi bien au polar qu’au mélodrame passionnel. Le point commun entre tous les héros ishiiens - aussi bien hommes que femmes - est que leur vengeance est motivée par l’amour, ou sa perte (ou même la peur de le perdre)... l’amour étant la seule chose pour laquelle ses héros acceptent la mort, mais c’est également ce même amour qui peut leur redonner l’envie de vivre ; l’amour est bel et bien un sentiment à double tranchant chez Ishii.

Lors d’une magnifique séquence onirique, Ishii parvient dans un plan séquence de plus de sept minutes à nous faire passer du rêve et apparitions fantomatiques à la réalité, et vice versa, comme seuls Victor Sjöström dans son magnifique Körkarlen (La Charrette Fantôme /1921) et Akira Kurosawa dans le terrible Kumonosu-jo (Le Château de l’Araignée /1957) y étaient parvenus. Le direct to video peut donc être synonyme de qualité, en même temps qu’un terrain d’entraînement peu onéreux...

Dans le rôle de Hashikawa, Jinpachi Nezu est brillant, parvenant à insuffler à son personnage à la fois opiniâtreté et désespoir, et c’est la non moins talentueuse Kimiko Yo qui prête ses traits à Nami et Yoko, double rôle difficile et ambigu. Gekka no Ran fût à tous deux leur première incursion dans l’univers tourmenté de Takashi Ishii, et pas la dernière.

Ishii signe donc une fois de plus un film qui porte un regard introspectif sur les côtés obscurs et tourmentés de la vie, terriblement noir et troublant... la vengeance accomplie, que reste-t-il à faire si l’amour a disparu ? Vivre en dépérissant ou mourir... les contes de Takashi Ishii nous renvoient une image bouleversante de l’amour.

PS : Un grand merci à Michiko Iwata-Lenrouilly !

DVD | Pioneer (en association avec Nikkatsu) | NTSC | Zone 2 | Format : 1:1:33 - 4/3 | Images : Une image video qui manque de définition, mais l’ensemble est correct, le pressage ne possédant pas le moindre défaut de compression. | Son : Stereo un peu plate... | Suppléments : Trailer video (5’), un entretien filmé entre Takashi Ishii, Jinpachi Nezu et Kimiko Yo (30’) et un livret de 4 pages.

Ce DVD ne comporte aucun sous-titre.

- Article paru le dimanche 6 janvier 2002

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