Sancho does Asia, cinémas d'Asie et d'ailleurs
Japon

Godzilla Minus One

aka ゴジラ-1.0 | Japon | 2023 | Un film de Takashi Yamazaki | Avec Ryūnosuke Kamiki, Minami Hamabe, Yuki Yamada, Munetaka Aoki, Hidetaka Yoshioka, Sakura Andō, Kuranosuke Sasaki

Dans les derniers jours de la Seconde Guerre Mondiale, le kamikaze Koichi Shikishima pose son avion sur la base de l’île d’Odo, prétextant une avarie. Sa couardise rapidement percée à jour par l’ingénieur en faction, Tachibana, Shikishima se voit offert une occasion de racheter sa faute lorsqu’une créature, que les soldats connaissent sous le nom de Gojira, fait son apparition et s’attaque aux installations comme aux hommes... mais il ne parvient pas plus à faire feu des canons de son avion pour arrêter Gojira, qu’il n’a pu précipiter son appareil contre un navire ennemi. Quand le soleil se lève sur les conséquences de l’attaque, seuls Shikishima et Tachibana sont encore en vie... De retour à Tokyo après la fin de la guerre, Shikishima découvre son quartier ravagé par les bombardements, apprend la mort de ses parents, et subit l’opprobre de sa voisine Sumiko, pour qui il incarne la raison de la défaite japonaise. Profitant enfin d’une opportunité du destin pour redorer son blason, il prend sous son toit Noriko, une jeune femme sans domicile, et l’enfant qu’elle a recueillie, la petite Akiko. C’est alors qu’il saisit une nouvelle occasion d’être utile à son pays en rejoignant une équipe chargée de détruire les mines sous-marines qui parsèment les fonds nippons, que Shikishima croise une deuxième fois le sillon de Gojira, nourri aux radiations des essais nucléaires...

30ème opus japonais de la saga initiée en 1954 par Ishiro Honda, Godzilla Minus One a connu une double sortie exceptionnelle en France de la part du distributeur POM : d’abord pendant deux jours en décembre, puis pendant deux semaines en ce mois de janvier 2024. Une occasion rare – et précieuse ! - de célébrer sur grand écran le 70ème anniversaire du plus célèbre des Kaijû, qui fait écho à l’engouement que suscite le film, non seulement au Japon, mais partout dans le monde, ayant même été nominé aux Oscars pour ses effets spéciaux.

Après le revival opéré avec Shin Godzilla par Hideaki Anno et Shinji Higuchi en 2016, douze ans après le Godzilla Final Wars de Ryuhei Kitamura (nous n’évoquerons pas ici les diverses versions américaines et animées), c’est au tour du réalisateur Takashi Yamazaki (Juvenile, Returner) de se coller à la destruction du Japon. Et si la fustigation de Shikishima par son entourage laisse de prime abord craindre une ode nationaliste, rappelant le Kamikaze, le dernier assaut (The Eternal Zero, 2013) du même Yamazaki, Godzilla Minus One est un film tout autre.

Éminemment japonais dans ses ressorts narratifs, pétris d’honneur et de sacrifice, et sa galerie de personnages, clichés du genre à peine développés, Godzilla Minus One parvient à se détacher du lot par l’intelligence et l’efficacité de son dimensionnement. Le film de Yamazaki inverse le rapport de force entre l’humain et le spectaculaire, laissant le premier dominer pour que le second brille d’une incandescence d’autant plus éblouissante, à l’image du ravageur rayon de Godzilla, les quelques fois où il prend le devant. Et même s’il y a beaucoup d’improbable, un peu de mièvrerie et un soupçon d’écriture soap dans le face à face entre Shikishima, éternel survivant, et son nemesis, Godzilla Minus One gagne un galon supplémentaire à chaque apparition comptée de la magnifique et colossale créature, étalant devant nos yeux ébahis certains des plus beaux plans que le Kaijû Eiga ait pu nous offrir. Godzilla y incarne plus la guerre et ses ravages, son manque de sens et le poids qu’elle fait subir aux civils, que la seule menace atomique, et trouve une nouvelle et émouvante jeunesse, au son du thème créé par Akira Ikufube il y a déjà sept décennies, merveilleusement revu par le compositeur Naoki Sato.

Comme Godzilla lui-même, le succès, y compris critique, de Godzilla Minus One est peut-être quelque peu démesuré ; toutefois le plaisir qu’il suscite lui, ne l’est aucunement, et justifie certainement cet enthousiasme monstre !

Godzilla Minus One a atterri sur les écrans français le temps de deux sorties limitées, en décembre 2023 (deux jours) et janvier 2024 (deux semaines).

- Article paru le vendredi 2 février 2024

signé Akatomy

Japon

XX : Beautiful Weapon + XX : Beautiful Victim

Thaïlande

Goodman Town

Indonésie

Merantau

Thaïlande

The Unborn

Japon

Le couvent de la bête sacrée

Hong Kong

Give Them a Chance

articles récents

Chine

Jeunesse : Les Tourments

Hong Kong

Life Is Cheap... But Toilet Paper Is Expensive

Japon

La Harpe de Birmanie

Japon

La Vengeance de la sirène

Japon

Le Pavillon d’or

Chine

Les Feux sauvages