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Japon

Godzilla X Megaguirus

aka Godzilla Vs. Megaguirus | Japon | 2000 | Un film de Masâki Tezuka | Avec Misato Tanaka, Shosuke Tanihara, Masatô Ibu, Yuriko Hoshi, Toshiyuki Nagashima, Tsutomu Kitagawa, Minoru Watanabe

Après le semi-échec de Godzilla 2000 Millenium, la Toho a décidé de faire prendre une nouvelle direction à la plus célèbre créature des Kaiju Eiga dans Godzilla X Megaguirus (devenu Godzilla Vs. Megaguirus dans le reste du monde, alors que le "X" indiquait justement une coupure avec les épisodes des années 80 et 90, connu sous le nom de "Versus series"), la vingt-quatrième aventure de Big-G, réalisée par Masâki Tezuka - assistant réalisateur sur Godzilla Vs. Mothra et Godzilla Vs. Mechagodzilla...

Le film s’ouvre sur une reconstitution du film original de Inoshiro Honda de 1954, pour s’affranchir par la suite complètement de tous les épisodes tournés jusqu’à aujourd’hui (ce qui est un peu osé, tout de même) : après cette attaque originelle du lézard géant, il y en aurait eu une autre en 1966, visant à détruire les usines d’énergie nucléaire au Japon. Le gouvernement aurait alors travaillé sur une nouvelle forme d’énergie, à base de plasma, supposée être propre, mais celle-là ne plait pas trop à Godzilla non plus, et il revient donc en 1996 à Osaka (devenue la nouvelle capitale du Japon après la destruction de Tôkyô) pour détruire cette étrange énergie - et c’est là que le film commence réellement, en tant que narration indépendante.

Le spectateur fait la connaissance de Kiriko Tsujimori (la belle Misato Tanaka, une jeune actrice de 24 ans), soldat en pleine lutte contre l’envahisseur préhistorique sous les ordres d’un commandant qu’elle admire. Malheureusement, ni elle ni le reste de l’armée ne parvient à enrayer la catastrophe en marche, et son commandant meurt en lui sauvant la vie.

Allez hop, un dernier petit bond en avant de six ans pour arriver en 2001. Tsujimori dirige désormais les G-Graspers, une branche spéciale de l’armée consacrée à la lutte contre Godzilla. Elle vient recruter Hajime Kudo (Shosuke Tanihara), un expert improbable en miniaturisation (il construit des petits robots qui font du riz au curry grain par grain...), pour qu’il aide l’armée à construire l’arme ultime capable de venir à bout de la menace G : un trou noir miniature, censé piéger Godzilla pour l’éternité. Emballé (qui ne le serait pas, hein, c’est pas tous les jours qu’on vous propose un job pareil !), Kudo accepte, et se retrouve donc père du Dimension Tide. Le premier test de l’arme, qui se déroule sur une école isolée dans la forêt, semble bien se passer, jusqu’à ce qu’une espèce de déchirure de l’espace-temps rémanente offre une porte d’entrée sur notre monde à un monstre préhistorique dans une de ses formes primaires, le Meganula (qui n’est autre, à la base, qu’une libellule géante). Les oeufs de la créature ne tardent pas à envahir Tôkyô, et plus particulièrement Shibuya qui, pour une raison ou une autre, se retrouve totalement inondé. Et pour cause : au fond du lac, Megaguirus se prépare à faire son évolution. Pour les G-Graspers, il va donc s’agir d’éliminer deux monstres géants - à moins que G ne s’occupe de la créature volante...

LE BONHEUR ! Tout simplement... Après l’éprouvante parlote millénariste de G-2000, ça fait plaisir de voir que les pontes de la Toho ont fini par réaliser que ce qui avait fait le succès de la trilogie Gamera de Shusuke Kaneko ne se limitait pas à l’utilisation d’effets de synthèse...

La première constatation intéressante, c’est que les USA ne sont plus tenus pour responsables des assauts subis par le Japon : en amenant Godzilla à détruire les formes d’énergie développées sur le territoire nippon, quelque part, les japonais proclament une certaine forme de responsabilité jusqu’ici absente de la série. Ensuite, bien sûr, ce qui saute aux yeux c’est le choix esthétique de ce 24ème épisode, qui baigne dans la lumière du jour, alors que les derniers rampages de la bête se déroulaient principalement dans l’obscurité (plus pratique pour dissimuler les effets spéciaux, n’est ce pas M. Emmerich ?). Pour le reste des évolutions, il faudra attendre la confrontation entre Godzilla et son homologue volant, Megaguirus. Car c’est au cours de cette bagarre dantesque que les leçons tirées de la dernière trilogie Gamera font leur apparition : G a désormais une véritable personnalité, tout comme la tortue géante qui effectuait des dérapages entre les immeubles et effectuait des combats vraiment excellents, quasiment à coups de combos... Ici, Godzilla effectue des prises de catch avec sa queue, bondit dans les airs pour plaquer son adversaire, et j’en passe !

Pour couronner le tout, Godzilla X Megaguirus illustre la maîtrise parfaite des japonais de tous les types d’effets spéciaux imaginables : les hommes en costumes, l’animation image par image, la synthèse, les maquettes toujours aussi impressionnantes, les écrans bleus, le "dry for wet" (technique qui consiste à filmer des environnements sous-marins "à sec"), et j’en passe ! Contrairement aux fiascos répétés du duo Emmerich/Devlin, les japonais savent y faire pour mélanger intelligemment les techniques. Et ceci pour une bonne raison : ils ont toujours cru sincèrement en ces créatures incarnées par des hommes en costumes, bien plus expressives qu’une quelconque bête en synthèse. Le résultat est tout bonnement jouissif, passionnant, aberrant (la science en prend un sacré coup, tout de même), et surtout bigrement spectaculaire... bref, tout ce que l’on a toujours aimé dans les meilleurs Kaiju Eiga des années 60-70 !

Un revival en bonne et due forme, qui laisse présager le meilleur pour le 25ème épisode de la série, bientôt sûr les écrans nippons... vous ne pouvez pas savoir à quel point j’envie les spectateurs japonais !

Godzilla X Megaguirus est disponible en DVD nippon sans sous-titre et très cher, et aussi en DVD HK chez Universe. Pas de suppléments, certes, mais la copie en 2:35 est vraiment magnifique ! Pas une trace de pellicule, compression parfaite... et le 5.1 est très efficace. Le grand luxe, pour seulement $9, en plus !!! Pour une fois, aucune raison d’hésiter...

- Article paru le dimanche 28 octobre 2001

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