Gokudô no Onnatachi - Shindemoraimasu
Vengeance [nom féminin]...
Kyôto. Kuniko Haijima se retrouve propulsée à la tête du Haijima-gumi depuis l’arrestation de son mari. Le clan Haijiama est sous la houlette du Tateyama-gumi, le plus puissant de l’ouest du Japon. "Tout va bien", jusqu’au jour où le Souchou -le chef de tous les clans yakuza issus d’une même lignée- décède... il faut désormais trouver un remplaçant qui occupera la très convoitée place de septième Souchou. Après vote, c’est Hanzawa qui se voit confier ce rôle prédominant, tandis que Haijiama, premier en lisse dans la succession, s’en retrouve exclu. Kuniko, qui sent bien que quelque chose se trame, décide de mener son enquête... En prison, Haijiama est assassiné ; Hanzawa essuie quant à lui une tentative de meurtre et Asuka, sa maîtresse, est tuée sans sommation. Une guerre intestine démarre alors, orchestrée par Karatsu, chef du Karatsu-gumi ; son but, faire naître un différend entre les clans Haijiama et Hanzawa afin de devenir le nouveau Souchou. Malgré ses inimités à son égard, Kuniko décide de s’associer à Shinobu, l’épouse de Hanzawa, afin d’opérer une expédition punitive et fatale pour le clan Karatsu...
Tétralogie Gokudô no Onnatachi de l’ère Takashima - Acte II
...on prend les mêmes et on recommence... différemment ! Deuxième incursion dans la saga des femmes du milieu instaurée treize années auparavant par Hideo Gosha, pour la magnifique Reiko Takashima, actrice très souvent cantonnée à des rôles télévisuels ou à des productions réservées au marché de la vidéo, si l’on excepte quelques perles tel le premier Kuro no Tenshi de Takashi Ishii, ou encore l’envoûtant EM - Embalming de Shinji Aoyama...
Contrairement à Akai Satsui (cf. article), premier volet de la "Tétralogie Takashima" dans lequel elle interprétait Yuki, une jeune femme tombée dans une spirale de violence malgré elle, Shindemoraimasu nous narre le destin de Kuniko, une femme de pouvoir qui a choisi pleinement son sort, et tous les dangers qu’il comporte. Tourné par la même équipe -à la tête de laquelle on retrouve le vétéran Ikuo Sekimoto (Dan Oniroku Nawazeme)- la même année (les deux films sont sortis à huit mois d’intervalle), Shindemoraimasu est à ce jour considéré comme l’un des cent meilleurs films de V-Cinema par la bible en la matière que constitue l’incontournable ouvrage de Masaki Tanioka, King of V-Cinema...
...si la mise en scène on ne peut plus classique de Sekimoto peut en laisser perplexe plus d’un, son approche des personnages et des conflits qui les lient est en revanche d’une grande précision et d’une acuité à toute épreuve. Si la caméra du réalisateur est si habile, c’est qu’elle est servie par des comédien(ne)s sans failles, emmenés par une Reiko Takashima plus belle que jamais dans un rôle à la fois grave et dur. Contrairement à Yuki dans Akai Satsui, Kuniko est une femme de pouvoir qui a l’âme d’un chef de clan, à la fois guerrière et princesse, une femme devant laquelle les hommes les plus courageux tremblent, malgré son apparente fragilité. La violence est son quotidien, et sa confiance en l’être humain est mince. Lorsqu’elle apprend l’assassinat de son mari, cette femme au visage pur devient alors un véritable démon, que rien ni personne ne pourra empêcher de se venger...
Shindemoraimasu, œuvre de V-Cinema assez typique, possède une distribution relativement "symptomatique" de ce type de production, puisque l’on y retrouve entre autres, Daijirou Harada, Chiharu Komatsu, Naomasa Musaka, la très souvent dénudée Kei Mizutani, mais surtout l’un des grands du yakuza V-Cinema, Hakuryû, dont les cent quinze films en vingt ans font la part belle aux rôles de mafieux nippon (il fait parti du quatuor de « choc » du V-Cinema constitué de Riki Takeuchi -206 films-, Shô Aikawa -163 films- et Ozawa -106 films-)...
...indispensable classique du genre, Shindemoraimasu, malgré sa lenteur voulue (et nécessaire), atteint son point culminant lors de sa séquence finale, dix minutes hallucinantes durant lesquelles deux femmes se retrouvent seules face au reste du monde, balayant plus d’une heure et demi de relative sagesse dans un maelström de violence dont elles n’envisagent qu’une seule issue... la vengeance la plus radicale qui soit.
Addendum du 26.03.2005 : un cinquième épisode (Gokudô no Onnatachi - Jôen) vient de voir le jour au Japon, avec la sculpturale Aya Sugimoto aux côtés de la magnifique Reiko Takashima...
Existe en VHS (NTSC) chez Tôei Video au Japon.


