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Japon | Etrange Festival 2001

Gonin 2

Japon | 1996 | Un film de Takashi Ishii | Avec Ken Ogata, Kimiko Yo, Yui Natsukawa, Mai Kitajima, Yumi Nishiyama, Shinobu Otake, Yumi Takigawa, Shingo Tsurumi, Reiko Takaoka, Toshiyuki Nagashima, Naoto Takenaka, Susumu Terajima

Gonin 2, pur produit de commande des studios Shochiku, n’en demeure pas moins un film "Ishiien" à bien des égards...

Masamichi Toyama (Ken Ogata), propriétaire d’une petite fabrique, offre à son épouse pour son anniversaire une paire de boucles d’oreilles, la bague qu’il rêvait de lui acheter étant trop chère pour ses maigres économies... Il doit une grosse somme d’argent à un clan de yakuza. Leur chef décide d’envoyer ses hommes afin de violer sa femme. Traumatisée, cette dernière se suicide. Complètement ravagé et miné par la vengeance, Toyama va tout faire pour retrouver le commanditaire de l’acte barbare dont son épouse fut la triste victime... En "chemin", il va croiser la route de cinq femmes qui viennent de braquer une bijouterie aux nez et à la barbe de ces mêmes yakuza...

Réalisé un an après Gonin premier du nom, Gonin 2 (qui n’est pas une suite) est le premier film de Takashi Ishii à avoir été produit sous l’égide de la Shochiku par le biais de la Team Okuyama. Aux vues des intentions de la production, Gonin 2 avait donc toutes les chances de devenir un produit purement commercial, pour ne pas dire alimentaire, à mille lieues de la filmographie d’Ishii ; un casting d’actrices de renom pouvant attirer un large public, la présence du grand Ken Ogata, une distribution assurée dans l’énorme circuit de salles de la Shochiku, et le fait même d’être la suite d’un film culte dont on a beaucoup parlé à travers le monde. Oui, mais Ishii restera toujours Ishii, et même s’il a "perdu" le combat de la forme, il a su remporté celui du fond...

Au niveau du casting justement, Ishii parvient à le rendre Ishiien ; hormis donc, le talentueux Ken Ogata que l’on a vu notamment en écrivain tourmenté (Mishima de Paul Schrader /1985), en fils devant aider sa mère dans la mort (Narayama Bushi Ko - La Ballade de Narayama de Shohei Imamura /1983), ou encore en criminel monstrueux (Fukusha Surawa Ware Ni Ari - Vengeance is Mine de Shohei Imamura /1979), Takashi Ishii fait appel à des actrices connues certes, mais dont la plupart lui doivent leurs plus beaux rôles : de Shinobu Ôtake (Poppoya Tetsudo en, Shinde mo ii) qui interprète ici Sayuri, une prostituée sur le déclin qui se fait passer pour une adolescente, à Yui Natsukawa (Yoru ga Mata Kuru - Seule dans la Nuit) qui joue Saki, jeune femme traumatisée par un viol qu’elle subit durant son enfance, en passant par Kimiko Yo (Nûdo no Yoru - A Night in Nude) et autre Reiko Kataoka que l’on a pu voir dans Onibi (Onibi le démon de Rokuro Mochizuki /1996), Kamikaze Taxi (Masato Harada /1994) et les deux volumes de Kuro no Tenshi... Pour en finir avec la distribution du film, je souhaite juste rendre un hommage à l’un de ces acteurs - excellent - que personne ne connaît, j’ai nommé Shingo Tsurumi, dans le rôle d’un tueur dégénéré, que l’on a vu en yakuza dans Gonin et Kuro no Tenshi vol.1, en violeur-collant dans Freeze Me, en travelo dans Kuro no Tenshi vol.2, ou en ouf décoloré dans Samehada Otoko to Momojiri Onna ; bref, cet aparté est limite hors-sujet mais que voulez-vous, la vérité devait être rétablie : Shingo Tsurumi est un très grand acteur (et puis ça fait bien de sortir des noms que personne ne connaît en société !).

Donc, pour en revenir à Gonin 2, Ishii parvient malgré les contraintes auxquelles il dût faire face, à en faire une oeuvre dont il n’a pas à rougir et qui trouve sa place dans sa filmographie, que cela soit au niveau des thèmes développés (la vengeance suite à la perte d’un être cher, des personnages féminins forts, la femme déconsidérée et/ou violée par l’ "Homme",...), que de l’ambiance générale, moite et tendue... Au delà du film de commande, Gonin 2 est un polar désespéré et noirissime, dans lequel Ishii n’offre quasiment aucune concession, et même si la fin laisse augurer un choix de la production, son ensemble aura en tous cas réussi à rester dans la thématique de son auteur... et transformer une commande en une oeuvre personnelle est l’acabit des plus grands.

DVD | Pioneer | NTSC | Zone 2 | Format : 1:1:85 - 16/9 | Images : Plutôt belles, même s’il arrive que les arrières plans soient sujets aux fourmillements. Un rendu très "pelloche". | Son : Très bonne stéréo. | Suppléments : Trailer, 2 interviews de Takashi Ishii avec Kimiko Yo (22’) et Mai Kitajima (33’), comparaison de séquences storyboardées/séquences filmées (20 séquences), commentaire audio de Takashi Ishii et Shingo Tsurumi, un livret (4 pages).

- Article paru le mardi 9 octobre 2001

signé Kuro

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