Sancho does Asia, cinémas d'Asie et d'ailleurs
Thaïlande

Goodman Town

Thaïlande | 2002 | Un film de Sakchai Seebunnak | Avec Archariya Buasuwan, Supakorn Kitsuwon, Watchara Tangkaprasert, Chartinan Kannasut, Kampanart Yamwimol

Lorsque l’on ne dispose que de peu de moyens, l’exposition est une chose cruciale. Quoi que l’on puisse dire d’autre sur Goodman Town, il est certain que Sakchai Seebunnak l’a bien compris : il suffit d’une phrase - « Depuis que nos dirigeants ont appuyé sur le bouton... » - et d’une histoire de trahison contée en flash back - celle de Mr. Climax, hors-la-loi légendaire devenu amnésique suite à une explosion maladroite - pour que le contexte post-apocalyptique du film ainsi que son héros, soient assis. Quand on vous dit que les effets spéciaux sont surestimés... Ici, il suffit de quelques terrains vagues, d’autant de voitures et surtout de paroles pour créer un univers. Enfin, jusqu’à ce que les explosions entrent en scène...

Cet univers donc, c’est celui de Goodman Town, ancien havre de paix et de croissance post-nucléaire, aujourd’hui aux mains du vil Tiger Yai et de ses hommes. La population chassée de la ville s’est réfugiée dans Dark Town (« Dark commune »), sorte de bidonville dont le chef planifie des attaques terroristes, saugrenues et ratées, pour reprendre le contrôle de Goodman Town. Le dernier plan en date consiste à creuser un tunnel reliant les deux villes, pour faire exploser Goodman Town d’en-dessous... mais pour cela, il faut occuper Tiger pendant quatre jours. Une petite prophétie bidon et le tour est joué : Tiger doit épouser une femme dans ce délai sinon il mourra. Et pas n’importe laquelle, puisqu’il s’agit de la femme de Mr. Climax, qui recherche son homme par monts et par vaux. A moins qu’il ne s’agisse de Ting, la fille ivrogne du chef terroriste, qui lui ressemble trait pour trait... Avec une floppée de tueurs à ses trousses - Earth, Wind, Fire et Water, ceux responsables de l’amnésie de l’homme-Climax - la belle (laquelle ?) n’a qu’à bien se tenir. Car à Dark Town comme à Goodman Town, on est très accrocs aux armes à feu et aux explosifs. Et la situation se complique encore un peu plus lorsque Climax est chargé de retrouver à son tour, sa femme dont il ne se souvient plus, pour la livrer à Tiger Yai...

A la vision de Goodman Town, une question partiellement hors-sujet me vient à l’esprit : pourquoi Baz Luhrmann ne va-t-il donc pas tourner un film en Thaïlande ? Avec leur affection pour la musique, leur indétronable sourire, un troisième sexe au potentiel infini et un kitsch généralisé, les thaïlandais se préteraient merveilleusement à son univers riche en couleurs. D’ailleurs on se demande si le Tybalt de Romeo + Juliet, transcendé par l’interprétation de John Leguizamo, n’est pas un parent proche de l’un des quatre tueurs du « groupe » Earth, Wind, Fire and Water... Parenthèse terminée, mais sur laquelle on peut tout de même rebondir pour aborder l’excentricité de Goodman Town, tant dans son esthétique saturée et old school que dans sa galeries de personnages. Aucun n’est normal il convient de le dire, de l’homosexuel exhibitionniste au castra equipé d’un masque à gaz, en passant par la belle de service ivrogne comme pas deux. Tous par contre, sont exhubérants, grossiers, explosifs.

Explosif est un mot qui résume bien Goodman Town. Mettant au goût du jour l’approche Golan-Globus du film d’action - c’est-à-dire en l’aggrémentant de quelques ralentis-accélérés et en taillant dans le montage à l’épilleptique -, Sakchai Seebunnak s’arme avant toute chose de pas mal de dynamite pour faire avancer son film. Avancer c’est un peu faux, car pendant que ça pète (les trois quarts du temps) Goodman Town fait du surplace ; à un endroit plaisant certes, mais l’ensemble aurait pu être réduit de moitié sans que l’enthousiasme global n’en patisse. Car oui, le film a beau être simplet et faire fi des plus simples conventions cinématographiques - il suffit de préter attention aux évolutions spontanées de la bande-son, significatives, pour s’en convaincre - il est enthousiasmant car nature et décomplexé, cash comme qui dirait. Un peu grossier (trois points pour cette ultime explication du sobriquet « Mr. Climax), un peu concon, mais avant toute chose, franchement généreux.

Goodman Town est l’un des deux premiers titres édités par un petit nouveau, Kubik Vidéo. Le DVD est présenté dans un fourreau collector, accompagné d’un livret sur l’histoire du cinéma thaïlandais. Le film lui-même est présenté dans une copie anamorphique qui manque un peu de définition, avec des pistes VO 5.1 et VF 5.1 et DTS. Au niveau des suppléments, on retrouve un making-of, les affiches françaises et thaï en versions imprimables, les bios-filmos du réalisateur et du producteur, et des bandes-annonces. Un premier jet encourageant ! (Remerciements à Stéphane.)

- Article paru le samedi 8 octobre 2005

signé Akatomy

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