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Japon

Gun Crazy Episode 1 : A Woman from Nowhere

aka Gun Crazy Episode 1 : Fukushuu no Kyouya | Japon | 2002 | Un film de Atsushi Moruga | Avec Ryoko Yonekura, Shingo Tsurumi, Takeshi Yamato, Shun Sugata, Tsuyoshi Ukaji, Osamu Ebara

Si je ne vous l’ai pas dit cent fois, je pense que je ne vous l’ai jamais dit.
J’aime le v-cinema japonais.
J’aime les idoles qui s’improvisent actrices - qu’elles soient farouches ou non.
J’aime les gunfights et ces histoires de femmes fatales et de vengeance, qui s’apparentent souvent à des westerns urbains, dans lesquels plusieurs tueurs et/ou tueuses antagonistes s’affrontent violemment, multipliant les pièges, les coups bas, et les morceaux de bravoure (pas forcément sexuels, hein...).
J’aime tellement le v-cinema que j’en suis devenu accroc, je pense - jamais découragé par les innombrables sous-produits devant lesquels je me suis assis.
Sur le papier, la série encore jeune des Gun Crazy - mais qui comptera déjà quatre épisodes avant la mi-2003 - relève donc pour moi de la drogue dure, du fix ultime.

The Fable of a Lady with Guns. C’est la phrase descriptive commune à tous les Gun Crazy : chacun met en scène, en un peu plus d’une heure, les aventures d’une jeune femme qui a saisi les armes pour telle ou telle raison. Avec une petite volonté supplémentaire : celle de retransposer l’univers des westerns spaghettis au milieu de la pègre contemporaine. Quoi de plus normal finalement, puisque tout le monde sait que Pour une poignée de dollars reprenait en son temps le scénario de Kurosawa pour Yojimbo...
Derrière la caméra, c’est Atsushi Muroga qui assure la réalisation des deux premiers épisodes. Muroga, à qui l’on doit entre autres Junk, un film de zombies tout à fait respectable (avec Kaori Shimamura, en plus), mais aussi le polar brutal Score, et qui a donc déjà fait ses preuves dans le cinéma de genre.
A la musique, Goro Yasukawa - compositeur génial de la musique de Gonin, et de bon nombre de films de Takashi Ishii.
Dans le rôle principal, une idole différente pour chaque film.
Avouez que ça met la salive à la bouche, non ?

Le prégénérique de A Woman from Nowhere nous montre un homme se faire écarteler entre deux camions, jusqu’à la "déchirure". Des images violentes qui enchaînent sur le générique de la série - dont les premières images en ombres chinoises rappellent les séries type Les Mystères de l’Ouest. Puis une jeune femme, Saki (Ryoko Yonekura), fait son apparition. Toute de cuir vétue, sur sa Harley-Davidson, elle arrive dans une base militaire américaine apparemment déserte. Pas de vautours dans le ciel, mais des avions de chasse. Pour le reste, nous sommes bien dans un western : baraquements sordides, des habitants qui se cachent derrière leurs rideaux, des chasseurs de primes - deux soldats américains - qui apparaissent pour éliminer un fugitif. Au passage, les soldats percent le réservoir de la moto de Saki, qui se retrouve sans moyen de transport - pas évident pour elle, dont l’une des jambes est en mauvais état si l’on en croit la structure métallique qui l’aide à marcher.
Saki rencontre un mécanicien du nom d’Akira, et se lance à la recherche de Toju, ponte de la mafia locale. Mais pourquoi souhaite-t-elle piéger cet homme, lui dérobant une somme d’argent qu’il a lui-même volé, pour mieux le pousser à la confrontation ?

64 minutes. C’est tout ce qu’il faut à Atsushi Muroga pour livrer un véritable bijou du v-cinema.
Depuis l’apparition de Saki jusqu’à sa confrontation finale, excellente, contre Toju, Muroga rempli haut la main le pari qu’il s’était fixé. La provocation dans le bar, les flash-backs énigmatiques en hommage à Il était une fois dans l’ouest, les personnages caricaturaux, et l’héroïne qui possède littéralement une botte secrète... tout est présent pour faire de A Woman from Nowhere un véritable western moderne, sombre et cruel. La réalisation est superbe, la musique de Yasukawa à la fois parfaitement indentifiable et simplement symbolique, les gunfights spectaculaires.
Si l’originalité n’est pas réellement de mise - sauf dans les dernières minutes du film - il est très appréciable de constater avec quel soin (aussi bien au niveau de l’image que du son, des effets et des acteurs) l’équipe de ce premier Gun Crazy s’est lancée dans la concrétisation de ce projet. Ryoko Yonekura y est parfaite - Shingo Tsurumi aussi, bien sûr -, et même si le final en forme d’hommage est cousu de fil blanc, il n’en est pas moins ultra-satisfaisant, et A Woman from Nowhere est un hommage réussi et courageux au western italien. La durée du film est parfaitement adaptée à l’histoire : plutôt que de faire traîner un scénario sur une durée standard de 90 minutes, les producteurs ont eu la bonne idée de se limiter à un format d’une heure, plus propice à maintenir un véritable rythme sur d’aussi petits budgets. Au bout du compte, on n’a même pas l’impression d’avoir regardé un film plus cours qu’à l’accoutumée, tant la solution retenue est cohérente, dynamique, efficace.

A n’en pas douter, A Woman from Nowhere est un petit chef-d’oeuvre du v-cinema (j’insiste, je sais, mais c’est important !), un classique instantané à placer aux côtés de Zero Woman 3 - pour qui s’intéresse à ce type de films, bien sûr. J’espère que le second épisode, bientôt présenté dans ces pages, sera du même accabit !

A Woman from Nowhere est disponible en DVD zone 2 NTSC au Japon chez Pioneer.
Le transfert du film est superbe, mais le plus surprenant reste la bande-son - 5.1 ou DTS au choix. Le 5.1 est énorme, bourré d’effets de spatialisation pertinents.
Beaucoup de suppléments complètent cette édition de luxe (100 minutes pour une heure de film !) : making-of, interviews, trailers, etc.
Par contre vous vous en doutez : point de sous-titres ici. Mais je précise tout de même qu’une bonne partie des dialogues est en anglais, au cas où vous seriez tentés...

- Article paru le vendredi 3 janvier 2003

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