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Japon

Hana to Hebi 3

aka Flower & Snake 3 – 花と蛇 | Japon | 2010 | Un film de Yusuke Narita | Avec Minako Komukai, Yasukaze Motomiya, Shohei Hino, Mari Komatsuzaki, Kei Mizutani, Kotono

Violoncelliste de renom, Shizuko (Minako Komukai) est l’épouse d’un riche homme d’affaires sur ses vieux jours, convoitée par Takayoshi Toyama (Yasukaze Motomiya), patron d’une firme rivale. Lorsque son mari décède, Shizuko est enlevée par Toyama, emprisonnée dans un vaste domaine où, si le businessman est absent, les domestiques eux, sont non seulement présents mais très entreprenants. Entre repas détournés en orgie et tortures diurétiques, la maisonnée toute entière, au premier rang de laquelle un majordome impassible (Shohei Hino), semble bien décidée à ouvrir Shizuko a une sexualité extravertie...

Énième excursion cinématographique dans l’univers sado-masochiste de l’écrivain Dan Oniroku, Hana to Hebi 3 succède au diptyque signé par Takashi Ishii, manifeste ultra-sexué ayant servi à compenser, dans un exhibitionnisme forcené, les frustrations de la sublime Aya Sugimoto. Pour reprendre le rôle de Shizuko, Yusuke Narita porte son attention sur une célébrité japonaise atypique. Actrice et gravure idol, Minako Komukai a été arrêtée et condamnée en 2009 pour consommation de drogues. Sa seconde arrestation aura lieu en 2011, après le tournage de Hana to Hebi 3, sans condamnation cette fois, après quoi Minako Komukai, temporairement stripteaseuse, se tournera vers l’industrie pornographique, déclenchant une vague de recrutement de célébrités plus mainstream par les acteurs de l’AV...

Toujours est-il qu’en 2010, entre deux affaires publiques, Minako Komukai endosse le rôle de Shizuko sans rien laisser transparaître de l’ampleur de son dévergondement à venir. Actrice limitée dont l’atout est assurément poitrinaire, ses seins joliment lourds se prêtant à merveille aux jeux de cordes de Go Arisue, kinbakushi (artiste du bondage japonais) émérite, miss Komukai paraît bien timide comparée à l’exubérante Aya Sugimoto, affront permanent jeté au visage d’une certaine impuissance masculine, dans un onanisme brutal, presque insultant. Il n’y a dans la nudité de Minako Komukai, telle qu’exploitée par Yusuke Narita, aucun défi ou insolence, mais au contraire une timidité qui, en dépit de s’exprimer de façon simpliste dans un regard constamment ébahi, est presque crédible. Toujours plus crédible en tout cas, que les envolées de violoncelle au clair de lune, succession de moues parfaitement risibles...

Puisque Minako Komukai ne saurait éclipser Aya Sugimoto, Narita décide de ne pas non plus s’attaquer à Ishii. Il délaisse le grotesque et les sociétés secrètes, et ses perversions sont nettement plus mesurées - n’en déplaise à la très sobre séquence du diurétique, au cours de laquelle Shizuko, nue dans une cave sous le regard de Shohei Hino, tente de contenir son envie, tandis qu’une jarre amplifie un goutte à goutte obsédant... En dehors de cette humiliation en bonne et due forme, le reste tient de l’abus bon enfant – si vous me pardonnez cette juxtaposition – et flirte même avec un certain humour. Le repas où Shizuko constate que les domestiques, parmi lesquels Kei Mizutani et la craquante Kotono, en maid kawai, ont subitement arrêté de manger pour gouter à d’autres plaisirs, est à la fois hilarant et gentiment érotique.

Hana to Hebi 3 n’est pas à proprement parler remarquable, mais, succédant aux excès du tandem Ishii / Sugimoto, son intelligence est de mettre en scène une progression érotique moins agressive et donc moins exclusive. Yusuke Narita prend habilement son temps pour dévoiler son actrice généreuse, évolue de la débauche light vers de superbes tableaux de kinbaku. Et ce sans jamais munir une personne de petite taille d’un masque orné d’un sexe masculin, son érotisme désuet tout aussi classique - dans le cinéma japonais, du moins - que son fantasme suranné. Quant à ceux qui préfèrent la verve Ishiienne, inimitable, qu’ils cherchent en Dan Mitsu (Be My Slave), et non Minako Komukai, la relève à Aya Sugimoto.

Privé de noms connus sur la scène internationale, Hana to Hebi 3 n’est injustement disponible qu’au Japon, sans sous-titres.

- Article paru le vendredi 11 avril 2014

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