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Hors-Asie

Hancock

USA | 2008 | Un film de Peter Berg | Avec Will Smith, Charlize Theron, Jason Bateman, Daeg Faerch, Kate Clarke, Valerie Azlynn, Hayley Marie Norman, Lily Mariye, Darrell Foster, David Mattey, Eddie Marsan

Welcome to your everyday Los Angeles... la cité des anges telle que vous l’avez toujours connue, ravagée par les exploits misanthropes d’un super-héros tendance clochard et poivrot, Hancock. Méprisé des malfrats dont il contrecarre violemment les plans une bouteille de whisky à la main, Hancock l’est tout autant de la population et des forces de l’ordre, excédées par les dommages collatéraux de ses interventions intempestives. Enter Ray Embrey, communiquant improbable tentant de vendre de l’humanitaire à perte aux plus grands groupes californiens. Piégé par la circulation sur une voie ferrée, l’idéaliste est sauvé in extremis d’une collision mortelle avec un train par le soiffard surhumain, sous un déluge de wagons et autres tôles froissés. Alors que les passants tombent à bras raccourcis sur le sauveur/démolisseur, Ray intervient en sa faveur. Et comprend où se situe le problème de celui que tous qualifient de sale con ; aussi lui propose-t-il de l’aider à se reconstruire une image à la hauteur de son potentiel. Le plan est inhabituel, puisque Ray incite Hancock à se livrer aux autorités et à purger une peine de prison, en attendant que Los Angeles se rende compte d’elle-même à quel point elle a besoin de son super-héroïsme, relooké à grand renfort de considérations humaines et matérielles. Un partenariat iconoclaste que Mary, la femme de Ray, ne voit pas forcément d’un bon œil...

Alors que les adaptations de comics ne cessent de se succéder sur grand écran, inévitablement accompagnées de leurs lots de déceptions – la notion de fidélité dans l’incarnation empêchant souvent l’appréciation distanciée -, les scénaristes Vincent Ngo et Vince Gilligan déjouent le principal piège inhérent au genre en créant de toutes pièces une mythologie nouvelle. Si le premier – Ngo - est peu connu, le second – Gilligan - l’est nettement plus pour sa contribution colossale à l’édifice X-Files. Un habitué des classiques revisités, qui a certainement beaucoup contribué à la cohérence iconoclaste de l’univers de ce personnage tragi-comique, fabuleusement incarné par Will Smith.

Exit la genèse du super-héros ; Hancock n’est pas, comme bon nombre de ses homologues encrés, une nouveauté anonyme que l’on voit naître en secret, mais un meuble gênant. Une figure publique connue de tous qui ne possède pas, initialement, d’identité secrète, qui n’a pour costume que ses fripes, ses bouteilles et son haleine alcoolisée. La narration en forme d’évolution propre au film de super-héros – qui découvre généralement ses responsabilités en même temps que ses pouvoirs – est ici inversée, rétro-active. Les scénaristes partent d’une situation connue de tous pour l’enrichir d’une historicité, livrant des réponses et révélations alors que le spectateur n’a pas émis de question. Un contrepied intelligent au twist qui a tant terni le cinéma fantastique de ces dernières années, et qui permet à chacun de se faire surprendre au sens premier du terme. Une sensation que l’on croirait presque nouvelle à la vision du film, tant elle devenue rare en salles.

Hancock est en effet un blockbuster rare, en ce qu’il donne plus qu’il ne reçoit. Généreux, le film de Peter Berg – que l’on n’attendait pas sur ce registre après Very Bad Things ou Friday Night Lights – se paye le luxe de constamment devancer sa narration, sans jamais laisser le temps à l’expectative de se construire ; ou alors en la détournant sans cesse. Le trouble jeté par l’apparition de Mary – un trouble à la fois fictif et réel, puisque le personnage est incarné par la magnifique Charlize Theron – est au cœur de cette mécanique intelligente, accaparant notre esprit pour mieux construire en toile de fond la merveilleuse mythologie au cœur du film, d’une richesse à faire pâlir beaucoup de figures mythiques du lycra tape à l’œil. Le trio de protagonistes qui porte l’édifice est en réalité une grande leçon d’écriture populaire : suffisamment consistant pour donner du plaisir, tout en étant suffisamment riche pour laisser de l’espace à une narration induite. Berg et ses plumes se payent de plus le luxe d’égratigner l’Amérique des planches imprimées avec subtilité – le système carcéral comme outil de création de marque -, Will Smith (qui ressemble de plus en plus à Lawrence Fishburne) est excellent, Charlize à tomber, Jason Bateman désarmant... et le fantastique naît aussi bien de considérations off-screen, économico-spectaculaires, que d’attentions - discrètes et en scope - aux aptitudes du super-héros appliquées aux gestes du quotidien. On appelle ça, tout simplement, du divertissement de qualité.

Hancock est sorti sur les écrans français le mercredi 9 juillet 2008.

- Article paru le mardi 12 août 2008

signé Akatomy

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