Happy Family
Pas besoin de remonter plus loin que le début de cette semaine, pour que je vous fasse les louanges des aptitudes protéiformes de sieur Herman Yau (cf. article Killing End). Et bien nous y revoici, avec encore un peu d’eau à ajouter à son moulin ! Et cette fois ci ni "human BBQ buns", ni virus Ebola, ni même de violence dégénérée ou de plaidoyer politique : à l’instar de Master Q 2001 un an auparavant, Herman s’essaye de nouveau à la comédie - romantique qui plus est ! Occupant une nouvelle fois le double poste de scénariste-réalisateur, Herman s’entoure de plus de talents de choix...
Little Han (Nick Cheung) a hérité de la plus grosse société de biens immobiliers de Hong Kong, fondée par son père Big Han (Kenny Bee). Ce dernier, retiré de la profession, passe son temps à trouver avec sa femme (Cecilia Yip) des moyens de faire parler d’eux ; c’est ainsi que le couple pour le moins excentrique crée notamment l’évènement à chaque apparition publique, en confectionnant eux-mêmes leurs parures grandiloquentes. Leur dernière idée en date ? Embaucher l’écrivain HK le plus populaire du moment, Pig Yik (Almen Wong), afin qu’elle écrive un livre sur l’histoire de leur famille. Mais les parents de Han ont aussi une autre préoccupation : si seulement leur "petit" Han pouvait trouver chaussure à son pied. L’un des 10 "Tycoon" de Hong Kong, Little Han est pourtant très convoité...
Kaka (Candy Lo) vit seule avec sa mère et n’a visiblement jamais connu son père, un marin. Sans emploi depuis un bon moment, elle s’apprête à passer un entretien chez les Han quand sa mère lui apporte d’on ne sait où, une lettre de recommandation providentielle.
Dans l’ascenseur qui la mène au bureau de recrutement, Kaka discute avec Han sans savoir que celui-ci risque de devenir son patron... Si la raison demeure mystérieuse, il s’avère que la lettre de Kaka vient... de Big Han lui-même ! Little Han refuse du coup d’embaucher la jeune femme, mais celle-ci obtient tout de même le poste à la seule force de ses compétences. Travailleuse, charmante et pleine de vie, Kaka trouve vite grâce aux yeux de Han... et même un peu plus. En fait ça se passe tellement bien entre les deux célibataires, que le Tycoon propose à Kaka de l’épouser. Kaka accepte, bien entendu ! C’est alors que Big Han annonce à son fils que Kaka est en réalité sa fille illégitime, et par conséquent la soeur de Han...
Tragédies cornéliennes, bien le bonjour ! Sorti en plein boom de la comédie romantique à Hong Kong, on ne peut pas dire que le "pitch" de ce Happy Family soit foncièrement original... ce n’est cependant pas non plus le cas de la plupart des films avec Miriam Yeung - cela les empêche-t-il pour autant d’être parfaitement jouissifs ? Vous vous doutez bien qu’avec un tel casting sous les ordres de Herman Yau, l’ensemble tourne rapidement au festival, certes prévisible, mais hautement satisfaisant...
Avant d’aller plus loin cependant, profitons de l’occasion pour rendre hommage à Candy Lo. Comédienne discrète (Time and Tide, The Eye, Tiramisu...), cette femme est tout simplement exceptionnelle - en plus d’être superbe ! Plus vraiment femme-enfant mais toujours espiègle, elle est à la fois charmante et dure, deux traits que l’on retrouve dans sa musique. Car dans le paysage de la "cantopop" il faut bien l’avouer, Candy est une artiste à part, authentique musicienne à la voix magnifique, dont chaque album est un véritable petit bijou ! Je pense notamment au fabuleux Shang Wei Ren Jian sorti l’an dernier, contenant l’incroyable titre Better to be apart... j’en frissonne à chaque écoute ! Mais trêve de mièvreries, revenons au film... Dans Happy Family, Candy incarne la charmante Kaka, qui de douce compagne potentielle se transforme en harpie aux cheveux mouillés après que Little Han la plaque, apparemment sans raisons... Car pour un bon tiers du film à compter de l’affreuse révélation de Big Han, Herman Yau traite chaque apparition de Kaka comme si Happy Family appartenait à la vague récente des films de fantômes ! Kaka en effet, est obligée de sa passer régulièrement la tête sous l’eau pour ne pas devenir folle ; l’apparence qui en résulte, couplée à un regard très noir, fait de Candy Lo une Sadako version HK aux cheveux courts, ni plus ni moins...
Mais vous allez croire que je suis obnubilé par Candy alors que ce n’est pas (complètement) le cas ; le couple Kenny Bee / Cecilia Yip - qui, si l’on en croit HKMDB, ne cesse de faire référence à leur succès Let’s Make Laugh sous le titre Seven Nightmares - est tout simplement merveilleux, dans le ridicule tout d’abord, puis dans le tragique, voire le pathétique au fur et mesure que l’intrigue se dénoue ! Le plus fade dans l’histoire reste Nick Cheung... heureusement que Herman Yau se charge régulièrement de le foudroyer - littéralement ! - pour lui redonner un peu de vie, et qu’il lui impose une séquence de karaoke d’anthologie ! On notera au passage que le réalisateur ne peut s’empêcher quelques petits délires gores... penchant dont il se moque lui-même dans une courte apparition à l’écran. Pour ceux qui auraient encore douté des troubles mentaux du réalisateur par ailleurs, jetez-vous sur la scène de l’agression dans les WC des bureaux de Han, au cours de laquelle Kaka se déguise en Batman cheap, une culotte rose au dessus d’une tenue ridicule en latex noir, armée de deux saucisses géantes pour infliger une correction à Sabrina, prétendante intéressée de Nick Cheung... il faut le voir pour le croire, je vous assure !!!
Happy Family est donc une comédie très sympathique, qui vous extirpera très certainement de nombreux éclats de rire. Si la trame cousue de fil blanc empêche néanmoins le film d’être inoubliable, l’ensemble des performances devant et derrière la caméra garantit au spectateur un moment de détente rafraîchissant, bienvenu en ces périodes de grande chaleur.
Happy Family est disponible en DVD HK chez Widesight. La copie au format est honnête sans plus ; malheureusement les sous-titres sont brûlés sur la pellicule, et régulièrement parfaitement illisibles.
Ce DVD est par ailleurs totalement dénué de suppléments !



