Headshot
Recueilli inconscient sur une plage par un pêcheur, Ishmael se réveille à l’hôpital. Une blessure à la tête l’a rendu amnésique et Ailine, l’étudiante en médecine qui l’a soigné, éprouve plus que de la sympathie pour lui. Son stage étant terminé, cette dernière reprend le chemin de la capitale mais est enlevée en chemin par des hommes à la recherche d’Ishmael. Celui-ci part à sa recherche, une quête qui devient celle de son passé, de l’homme qu’il était avant.
Dans un film où les scènes d’action à mains nues se veulent réalistes, celles faisant appel à des armes pêchent sur ce point, sans pour autant tomber aussi bas que The - 22 v’la les cognes – Rebel (pour lequel j’ai de la sympathie). Je doute que des rafales de Kalashnikov ou l’explosion d’une grenade dans des bureaux en bois ne soient pas plus mortelles.
Ni dans ce film, ni dans les autres où Iko Uwais occupe la tête d’affiche, les réalisateurs ne mégotent sur la violence et le spectateur sait, normalement, où il met les pieds. Une scène de violence gratuite m’a pourtant ici gêné : celle de l’enlèvement de Ailine dans le bus. Le caractère sadique des méchants étant déjà mis en avant au tout début de Headshot, en rajouter une couche n’était pas nécessaire.
Ces remarques mineures étant faites, le cœur du film, ce pourquoi vous venez le voir, les combats, démontre une nouvelle fois qu’Iwo Kwais et son équipe restent des maîtres, dont peu de concurrents peuvent contester la supériorité. La principale nouveauté dans Headshot est le caractère particulièrement immersif des combats. Ici pas de montage agressif, les altercations sont principalement filmées dans la durée et la caméra reste au plus près des combattants qu’elle accompagne dans leurs déplacements. Cette méthode m’a rappelé celle utilisée par Michael Mann pour filmer les affrontements à mains nues dans Hacker.
Une caméra flottante qui n’est pas un hommage à Moby Dick d’Herman Melville - à qui Ailine, lectrice de l’œuvre, a emprunté le prénom Ishmael, celui du narrateur seul survivant du navire du capitaine Achab - mais qui m’a un peu barbouillé l’estomac comme pendant un séjour sur un vrai navire.
Les autres qualités qui contribuaient à la réussite martiale de The Raid et The Raid 2 sont de nouveau présentes. Toujours d’un pont de vue technique et cinématographique, le placement de la caméra pour mettre en valeur les impacts reste de premier ordre. Et l’essentiel, sans lequel des combats de cette qualité ne sont pas possibles, la valeur martiale des combattants et le cœur qu’ils donnent pour les exécuter impressionnent.
Si le scénario est des plus légers, les deux réalisateurs parviennent à maintenir l’attention des spectateurs tout au long des deux heures de la durée du film. Les détails de l’histoire personnelle Ishmael se dévoilent aux spectateurs en même temps qu’elle devient de moins en moins floue pour lui. A mesure que le film se prolonge, l’enjeu devient pour lui de plus en plus personnel, donnant ainsi un soutien bienvenu à une intrigue dont les grandes lignes sont rapidement connues.
Headshot a été présenté dans le cadre de la 22e édition de L’Etrange Festival (2016), qui rendait hommage à Shōhei Imamura.
Remerciements à Xavier Fayet et à l’équipe du festival.
Les droits mondiaux ont été achetés par un géant américain du streaming.





