Heat After Dark
Il faut bien que je l’avoue, je n’ai toujours pas été convaincu par Ryuhei Kitamura. Ni par son Versus ni par le récent Azumi. Pourtant, il y a dans ce Heat After Dark, quelque chose qui m’a séduit. Un charme surprenant puisque a priori, Kitamura n’a pas franchement changé son style, ni de recette. Un scénario réduit à l’essentiel, voir assez secondaire, et de l’action.
Heat After Dark est un court film (moins d’une heure) qui met en scène un couple d’amis qui cherchent à se débarrasser d’un corps. Mais presque arrivés sur le lieu, une maison abandonnée où ils désirent cacher le corps, ils sont arrêtés par un policier. L’assommant alors que ce dernier se montre un peu trop curieux, ils découvrent avec stupeur que le corps a disparu du coffre. Ils décident cependant de se rendre dans la maison abandonnée pour tenter de retrouver le corps. Ils sont alors pris pour cible par plusieurs yakusa.
Heat After Dark se résume donc à cela : un gunfight. Pendant la durée du film, les deux groupes vont se tirer l’un sur l’autre, les motifs restants toujours obscurs. Et c’est certainement là le pari réussi du film : savoir tenir le spectateur en haleine avec rien d’autre que des échanges de tirs, des dialogues minimalistes et quelques tronches très typiques des films de yakusa modernes.
En dépit de cette simplicité, ou plutôt grâce à elle, Kitamura peut se concentrer sur l’atmosphère. On est quelque part entre du Tarantino et du Miike. On pense également à Shark Skin Man and Peach Heap Girl, même si Kitamura a le bon goût d’éviter les effets mode bien qu’il n’échappe pas à une esthétique très "cool", souvent plus qu’agaçante. Mais grâce à une bande-son parfaite, l’ambiance est rendue oppressante et l’impact visuel et sonore, est largement favorisé sur les dialogues. Ce qui nous évitent les longs dialogues mi-humoristiques mi-cyniques de certains films, américains ou japonais, où l’on a plus l’impression de subir un concours de bons mots ou de répliques qui tuent qu’un film. Tout cela au profit de gunfights bien gérés et maîtrisés, un très joli travail esthétique et des personnages dont la seule vue nous dévoile qu’il y a quelque chose qui ne tourne pas tout à fait rond là-haut.
Bien que le budget semble avoir été très limité, Kitamura s’en tire merveilleusement bien, tout comme, il faut bien le reconnaître, il avait su le faire sur Versus. Trouvant le bon rythme, plus à mon sens justement que sur Versus qui avait tendance à tirer en longueur, et surtout la bonne durée, il offre un film efficace, bien ficelé et prenant. On notera que l’un des acteurs n’est autre que le producteur du film, Atsuro Watabe, et que le tueur à la migraine, l’une des "gueules" du film, n’est nul autre que Shigeru Izuma, réalisateur notamment connu pour son film devenu culte, Death Powder.
Heat After Dark est disponible en DVD japonais, édité par la Nikkatsu.

